couleur différente, suivant la planète à laquelle il était consacré. Généralement les angles de l’édifice, et non point, comme pour les pyramides d’Égypte, les faces, étaient exactement orientés aux quatre points cardinaux. Ces pyramides étagées, au haut desquelles il y avait un sanctuaire, servaient à la fois de temple et d’observatoire ; des gradins ou une sorte de rampe faisaient communiquer extérieurement un étage avec l’autre, peut-être y avait-il aussi un escalier intérieur.
Ces pyramides étaient bien, comme le dit la Bible,
construites en briques ; l’intérieur était formé de briques
séchées au soleil, mais il était protégé par un revêtement
de briques cuites, où le bitume, fort abondant en Babylonie,
servait de ciment. La remarque qu’en fait la Genèse
403. — Tour à étages de Khorsabad. La partie la plus noire est
encore subsistante ; la partie supérieure plus claire est un essai de restauration. D’après V. Place.
est d’autant plus digne d’attention, que l’auteur hébreu
n’avait pu, ni en Égypte ni en Palestine, être familiarisé
avec cet usage du bitume. — Les tours à étages se
nommaient en Assyrie zikurat ou zigurat, soit de la
racine dekro, en syriaque « être pointu », comme veut
Schrader ; soit d’une racine zakaru, « être élevé, » d’après
Haupt ; soit, suivant une étymologie très intéressante,
proposée par M. Vigouroux, de la racine zakaru, « se
souvenir, » par allusion à la parole que la Bible met dans
la bouche des constructeurs : « Allons, bâtissons une ville
et une tour et faisons-nous un nom. » Quant au nom
particulier de la tour des Langues, voir, à l’article Babylone,
l’étymologie de Babilu. Voir aussi, à l’article spécial,
la Confusion des langues. — Aucune de ces tours
étagées n’a été conservée d’une manière complète ; mais
les bas-reliefs assyriens où l’on en voit la représentation,
ainsi que les restes relativement bien conservés de la tour
de Khorsabad, au nord de Ninive, ont permis les restaurations
qu’on voit dans Place, Ninive et l’Assyrie,
t. i, p. 137-148 et pl. 30 et 33 (fig. 403). Des tours de
Babylone et de Borsippa, le Babil n’offre plus qu’une sorte
de quadrilatère irrégulier et raviné par endroits, de cent
quatre-vingts à deux cents mètres de côté, d’environ quarante
mètres de hauteur ; au nord et à l’est se découvrent
les traces d’une vaste enceinte. Le Birs-Nimroud a encore
quarante-six mètres de hauteur, bâti sur un plan rectangulaire
et surmonté d’un énorme pan de mur dont la hauteur
est de onze mètres et demi et qui provient de Nabuchodonosor,
comme l’indiquent les inscriptions des briques :
tous ces débris portent les traces d’un violent incendie
qui les a vitrifiés. Suivant Hormuzd Rassam, une éruption
volcanique aurait même fendu l’édifice, vitrifiant ainsi les
briques au contact des flammes et de la lave. On comprend
aisément que les Juifs de l’époque talmudique aient vu
dans ces ruines à la fois si anciennes, si imposantes, et
portant des marques si étonnantes de la colère céleste,
les restes de la Tour de Babel. — Voir, outre les auteurs
cités, Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes,
5e édit., t. i, p. 333-368 ; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 106-114 ; Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient,
9e édit., t. i, p. 115-118.
BABER Henry Hervey, philologue anglais, né en 1775,
et mort le 28 mars 1869. En 1812, il fut nommé conservateur
des livres imprimés au British Museum. Cette
année même, il publia Psalterium græcum e Codice ms. Alexandrino, in-fo, Londres. Son principal ouvrage
est une édition du Vetus Testamentum græcum e Codice ms. Alexandrino, typis ad similitudinem ipsius codicis scripturæ fideliter descriptum, 4 in-fo, Londres,
1816-1828. Les trois premiers volumes contiennent le
texte ; le quatrième, les prolégomènes et les notes. —
Voir Cowtan’s Memories of the British Museum, Londres,
1872 ; L. Stephen, Dictionary of national Biography,
in-8o, Londres, t. ii, p. 307.
BABINGTON Gervase, évêque anglican, né à Nottingham
en 1551, mort le 17 mai 1610. Il étudia à Cambridge,
entra dans les ordres et devint chapelain du
comte de Pembroke. Il fut nommé évêque de Landaff
en 1591, d’Exeter en 1594, et de Worcester en 1597.
Dans la collection de ses œuvres publiées après sa mort,
Works of G. Babington, in-fo, Londres, 1622, on remarque :
Certaine, plaine, briefe and comfortable notes upon everie chapter of Genesis ; — Comfortable notes upon everie chapter of Exodus ; … of Leviticus ; … upon Numbers ; … upon Deuteronomy. — Voir Jones, Christian Biography, p. 16.
BABION Pierre, théologien anglais, qui florissait vers
1317, selon J. Pits (ou vers 1366, d’après le témoignage
de J. Boston, moine augustin de Bury-Saint-Edmonds,
en 1410, consigné dans le catalogue de J. Bale). Poète,
orateur et écrivain distingué, ses compositions furent très
estimées de ses contemporains. Ses qualités sont résumées
dans ces deux vers de Pits :
Ingenium felix, inventio, lucidus ordo,
Gratia, majestas, ad rem bene congrua verba.
Il s’adonna aux sciences sacrées, où il se fit également un nom. Son principal ouvrage en ce genre est un commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu, selon le sens historique, moral et allégorique. Ce commentaire avait été imprimé dans les anciennes éditions des œuvres de saint Anselme de Cantorbéry jusqu’à l’édition de Lyon, en 1630, où Théophile Raynaud prouva qu’il n’appartenait pas à ce saint docteur. On le trouve aussi dans les œuvres d’Anselme de Laon (col. 657), Patr. lat., t. clxii, col. 1227-1499, mais tronqué de plusieurs pages en tête, et d’une page au moins à la fin. Le commentaire complet se trouve dans un manuscrit très ancien, conservé à la Bibliothèque nationale, fonds latin, in-fo, n° 624. Il est sur parchemin, en belle écriture, et compte 165 feuilles ; chaque page est partagée en deux colonnes. En tête de l’ouvrage se lit le nom de l’auteur : Expositio Babionis super Matthæum ; et le commentaire débute par ces mots : Dominus ac redemptor noster… — Voir J. Bale, Scriptorum illustrium Majoris Britanniæ catalogus, 2 t. en 1 vol. in-fo, Bâle, 1557-1559, p. 467 ; John Pits, De illustribus Angliæ scriptoribus, in-4o, Paris, 1619, p. 406 ; Th. Tanner, Bibliotheca britannico-hibernica, in-fo, Londres, 1748, p. 59 ; C. Oudin, Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ antiquis, 3 in-fo, Leipzig, 1722, t. iii, p. 799 ; P. Michel de Saint-Joseph, Bibliographia