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BAALMÉON — BAALTHAMAR

Velde, Map of the Holy Land, 1865, etc. Le dernier cependant place Ma’in beaucoup trop près de Hesbân.

Ma‘in est évidemment le nom biblique de Ma‘on, partie essentielle de Baal-Ma’on. Ma‘in est à trois lieues sud-sud-ouest de Hesbân, l’antique Hésébon, à deux lieues sud du Djébel-Néba, sur une large colline, vers l’extrémité sud-ouest de la plaine de Madaba, et domine la profonde vallée appelée de son nom Zerka Ma’in, que l’on voit s’enfoncer à quelque distance. C’est près des bords du Zerka, à quatre heures de Ma’in, que sortent les sources chaudes nommées aujourd’hui Hammâm-ez-Zerka, « les bains du Zerka, » connues jadis des Grecs sous le nom de Callirhoë, et chez les Juifs, selon Josèphe, Bell. jud., VII, vi, 3, sous celui de Baaras, le Baaru de saint Jérôme. Ma’in n’est aujourd’hui qu’un vaste champ de ruines d’environ deux kilomètres de pourtour. Le sol est perforé de nombreuses et grandes citernes, la plupart taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens. On remarque au sud une vaste piscine à l’apparence également antique. Au milieu des habitations ruinées, cinq ou six chambres à voûtes demeurent debout. Deux ou trois ont le linteau de pierre de leur porte orné d’une rosace dont l’étoile se rapproche de la figure d’une croix. Autour d’une grande construction située au nord-est, dont il reste quelques chambres, et dont les pierres des angles sont taillées en bossage, gisent, au milieu des autres débris, quelques tronçons de colonnes et des chapiteaux. Ma’in sert quelquefois, pendant la nuit et aux jours de pluie, de refuge aux troupeaux des tribus errantes de la contrée et à leurs bergers. Ce sont ses seuls habitants.

L. Heidet.

BAAL PHARASIM, BAALPHARASIM (hébreu : Ba’al-Perâṣîm ; Septante :Ἐπάνω διακοπῶν, II Reg., v, 20 ; Βαὰλ Φαρασίν, Διακοπὴ Φαρασίν, I Par., xiv, 11), localité où David, peu de temps après son sacre comme roi d’Israël, remporta une victoire sur les Philistins, II Reg., v, 20 ; I Par., xiv, 11. Le nom lui-même, qui doit son origine à ce fait historique, a son explication dans ces paroles du saint roi, après son triomphe : « Jéhovah a brisé (pâraṣ) mes ennemis devant moi, comme un torrent (péréṣ) d’eaux [qui brise tous les obstacles sur son passage]. C’est pourquoi ce lieu fut appelé Baal Pharasim. » Les Septante, en traduisant Ἐπάνω διακοπῶν, « au-dessus des coupures, » ont dû lire ma‘al, מַעַל, au lieu de ba‘al, בַּעַל. C’est probablement cette même localité que mentionne et à cette même victoire que fait allusion lsaïe, xxviii, 21, quand il montre Dieu se tenant debout sur le mont Perâṣim, « mont des divisions. » Cet endroit, qui jusqu’ici est resté inconnu, devait se trouver non loin de la vallée de Raphaïm, puisque c’est là que les Philistins étaient venus déployer leurs troupes, II Reg., v, 18 ; I Par., xiv, 9. Or la vallée de Raphaïm est aujourd’hui la plaine qui s’étend au sud de Jérusalem, sur la route de Bethléhem.

A. Legendre.


BAALSALISA (hébreu : Ba‘al Šâlišâh ; Septante : Βαιθαρισά), localité mentionnée dans le IVe livre des Rois, iv, 42, où nous lisons que, pendant que le prophète Élisée se trouvait à Galgala, un homme de Baalsalisa vint le trouver et lui apporta « des pains des prémices, vingt pains d’orge et du froment nouveau, dans sa besace ». Ces pains furent multipliés miraculeusement par la bénédiction de l’homme de Dieu, de sorte que cent personnes en mangèrent, et il y en eut de reste. IV Reg., iv, 43-44.

La permutation des mots Baal et Beth, dans les noms composés des localités, est très facile (voir Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p. 611) ; c’est pour cela que nous lisons dans les Septante, ainsi que dans l’Onomasticon, Bethsarisa au lieu de Baalsalisa. Le Targum de Jonathan traduit les mots hébreux ’éréṣ šâlišâh, I Sam. (I Reg.), ix, 4, et Ba‘al šâlišâh, II (IV) Reg. iv, 42, par éra Dėrôma, c’est-à-dire « terre du midi » ou « de Déroma ». La Peschito, IV Reg., iv, 42, porte la leçon de ܓܢܒܪܐ Ganibôro, « ville des géants. » L’arabe de la Polyglotte de Walton s’éloigne ici de la Peschito, pour suivre le Targum de Jonathan ; car elle traduit ارضر الداروم, « terre de Daroûm ». Les Talmuds, sans se préoccuper du site précis de Baalsalisa, « rapportent que les fruits y mûrissent plus tôt que dans les autres parties de la Palestine. Dans un second passage, les Talmuds accordent la même précocité au territoire de Jéricho, ce qui fait supposer à tort à M. Schwarz, Das heilige Land, p. 122, que Baal Schalischa doit se trouver dans le Ghor (Jéricho). » A. Neubauer, La Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 97. Quelques-uns ont confondu Baalsalisa avec Ségor ; car Salisa, disent-ils, d’après les traditions des Juifs rapportées par saint Jérôme, Heb. Quæst. in Gen., xiv, 3, 30, t. xxiii, col. 959 et 966, est identique avec Ségor, laquelle, étant située dans une vallée, Gen., xix, 22, 30, prit la dénomination de Baalsalisa, qui signifie « vallée de Salisa ». En outre Ségor portait auparavant le nom de Bala, Gen., xiv, 2 et 8, en hébreu Bêla‘, parce qu’elle avait été secouée trois fois par un tremblement de terre et engloutie, d’après les traditions rabbiniques confirmées par saint Jérôme, loc. cit., et In Isa., xv, 5, t. xxiv, col. 169. Or Bêla‘, par métathèse, peut très facilement se changer en Ba‘al, lequel, ajouté au mot de Salisa, forme le nom composé de Baalsalisa. Cf. Calmet, In I Reg., ix, 4.

Plusieurs croient, au contraire, que Baalsalisa tire son nom de la région de Salisa, I Reg., ix, 4, dans laquelle elle était située. Voir Salisa. Cf. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatæ latinæ, t. ii, p. 8 ; Neubauer, La géographie du Talmud, p. 98 ; L. C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, trad. franc., Paris, 1870, t. ii, p. 8. — Calmet, In I Reg., ix, 4, et IV Reg., iv, 42, pense que Baalsalisa, qui pour lui est une même localité avec Salisa, devait se trouver dans la tribu de Dan, au sud-est de Diospolis et au nord de Jérusalem. Quelques auteurs modernes la confondent avec Khirbet Kefr Thilth, à vingt milles environ au nord-est de Lydda. Conder, Bible Handbook, p. 404 ; G. Armstrong, C. W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p. 22.

Mais il est plus probable qu’il faut identifier Baalsalisa avec l’actuelle Khirbet Sirisia, سريسيا ou Asrisia, اسريسيا, dans le territoire d’Éphraïm. à quinze milles environ au nord-est de Lydda ; on est ainsi d’accord avec Eusèbe et saint Jérôme, Lib. de situ et nom., t. xxiii, col. 884, qui nous attestent que cette localité était appelée de leur temps Bethsarisa, et se trouvait à environ quinze milles romains au nord de Diospolis, dans la région thamnitique, dont le chef-lieu était la ville de Thamna (Khirbet Tibnéh). Cette opinion, loin d’être contredite par le Targum de Jonathan et la version arabe de la Polyglotte de Walton, en reçoit une nouvelle confirmation ; car Khirbet Sirisia se trouve réellement au midi de la Samarie et dans le territoire de Lydda, par conséquent dans la Daroma supérieure. Il est vrai que l’Onomasticon indique toujours la région de Daroma vers le midi d’Éleuthéropolis (Beit-Gibrin) ; mais il est vrai aussi que « les Talmuds distinguent deux provinces de Daroma : Daroma supérieure et inférieure, et confondent le mot Darom (ou Daroma) avec Lod ». Neubauer, La géographie du Talmud, p. 62 et 63.

« Kharbet Asrisia [est] situé sur une colline qu’environne une vallée ; il consiste seulement en une trentaine de petites enceintes en gros blocs, les uns assez bien taillés, d’autres presque bruts, qui sont les restes d’habitations renversées. Quelques citernes creusées dans le roc sont à moitié cachées par les broussailles, qui ont envahi l’emplacement de cet ancien village. » V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 144.

J. Marta.


BAALTHAMAR (hébreu : Ba‘al Tâmâr ; Septante :