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BAALGAD — BAALHASOR


xiii, 5. Mais que faut-il entendre par cette « plaine du Liban », et sous quelle partie de l’Hermon était Baalgad ? Les avis sont très partagés.

1° Les uns entendent par la plaine du Liban la vallée qui s’étend entre le Liban et l’Antiliban, connue sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse,-xoiX-J) Eupii, et appelée encore aujourd’hui par les indigènes clxJt ijbjl,

ard el-Beqa’a ; ils supposent, en conséquence, que Baalgad est la fameuse ville de Baalbek. Iken, Dissert, de Baal-Hermon et Baalgad, dans ses Dissertationes philol. theoX., n » 15, la Haye, 1749, p. 237 ; J. D. Michælis, Suppl. adLex. hebr., p. 196 ; Rnsenmûller, Biblische Alterthumskunde, t. ii, p. 280 ; J. Kitto, Cyclopœdki of Biblical Literature, 1862, t. i, p. 272 ; Thornson, The Land and the Book, 1890, p. 233. Cette opinion est inadmissible, parce que Baalbek n’est pas « sous le mont Hermon », comme le dit expressément le texte sacré, Jos., xi, 17 ; xiii, 5 ; de plus, c’ette ville est à une trop grande distance de la Palestine, et rien n’autorise à penser que Josué ait poussé si loin sa conquête, puisque pour arriver jusqu’à Baalbek il aurait dû s’emparer d’une grande partie du Liban. Voir Baalbek, col. 1326.

2° Certains exégètes, tels que Kneucker ( Schenkel’s Bibel-Lexicon, t. i, 1869, p. 331), pensent qu’il faut chercher Baalgad à Hasbéyia, sur le flanc occidental de l’Hermon, dans Pouadi et-Teim, où se trouve la source la plus septentrionale du Jourdain. Voir Hasbéyia. Mais on ne s’explique, guère pourquoi Josué aurait porté si loin ses armes et, d’après Josué, xiii, 5, Baalgad semble avoir été situé au sud de l’Hermon et non à l’ouest.

3° L’opinion la plus vraisemblable place Baalgad à l’endroit qui porte aujourd’hui le nom de Banias, et qui est connu dans le Nouveau Testament sous le nom de Césarée de Philippe. C’est le site qui paraît le mieux répondre aux données du texte sacré. Josué devait poursuivre ses ennemis jusqu’en ce lieu, au pied de l’Hermon, qui se dresse immédiatement au-dessus de la ville et forme la limite naturelle de la Palestine au nord. Il y a là, au-dessus d’une des trois principales sources du Jourdain, une grotte qui, au commencement de notre ère, était dédiée au dieu Pan, et s’appelait Panium. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 3 ; Bell.jud., i, .xxi, 3. Le culte de Pan avait pu remplacer en ce iieu celui de Baal-Gad. La plaine qui s’étend au sud et au sud-ouest de Banias, « sous l’Hermon, » peut être appelée « la plaine du Liban ». Jos., XI, 17 ; XII, 7. Cf. E. Bobinson, Biblical Researches in Palestine, nouv. édit., t. iii, p. 519. Voir Césarée de Philippe.

4° Plusieurs géographes croient que Baalgad s’appelait aussi Baal Hermon. I Par., v, 23. Voir Baal Hermon.

F. Vigouroux.

    1. BAAL HAMON##

BAAL HAMON (hébreu : Ba’al Hâmôn ; Septante : BesXajjuôv ; Vulgate : ea quse habet populos), endroit où Salomon possédait une vigne. Cant., - viii, 11. Ce nom, qui veut dire « heu de la multitude » (Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 225), ou « Baal de la multitude », ne se trouve qu’en ce seul passage de l’Écriture, d’après le texte hébreu. Les versions ont presque toutes pris ses deux éléments pour des noms communs ; Aquila traduit be-Ba’al Hâmôn par èv’éxomti n’kffioc, « dans celui qui a une multitude ; » la Peschito : « et ses fruits sont abondants ; » la Vulgate : « dans celle qui renferme un peuple nombreux. » Certaines éditions grecques portent : è-u xù> 8e<tj « Stï| toO ô’xXou, « dans le maître de la foule ; » le Codex Alexandrinus donne un nom propre, èv BeeXafjuiv, et est suivi par la version arabe : Ba’al -’Amoûn. Il ne s’agit pas ici, comme l’ont cru quelques auteurs, . du dieu égyptien Ammort, dont le nom hébreu est Pdn, ’Amon. Nah., ni, 8.’D est tout naturel, d’après le contexte, de voir dans Baal Hamon un endroit de la Palestine ; mais la difficulté est de savoir où le placer. Tirin, Commentarius in

S. Scripturam, 1 in-fol., Lyon, 1723, t. i, p. 319, l’assimile sans raison à Engaddi, ville située près de la mer Morte et célèbre par ses vignes. Cant., i, 13. « On pourrait peut-être dire aussi, ajoute Calmet, que c’était Baal-Méon, au delà du Jourdain, dans un pays de vignobles, entre Jazer et Abel et autres lieux célèbres dans les Prophètes par leurs bons vins. » Commentaire littéral sur le Cantique des cantiques, Paris, 1713, p. 275. Me’on, I’itd, ’Num., xxxii, 38, est un mot tout différent de Hâmôn,

rion. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3e édit.,

Gœttingue, 1866, t. iii, note 4, p. 351, regarde comme vraisemblable l’identification de Baal Hamon avec Hamon de la tribu d’Aser, Jos., xix, 28 ; il y aurait dans Josué une abréviation pareille à celle de Baalsalisa, IV Reg., iv, 42, en Salisa, I Beg., IX, 4. Il y a cependant une légère différence entre Hâmôn, par un hé, et H amm ôn, fian,

par un heth. D’autres ont vu dans Baal Hamon la ville de Baalbek ou Héliopolis, dans la plaine de Cœlésyrie. J. Wilson, The Lands of the Bible, 2 in-8°, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Rosenmûller, après avoir, dans sa Biblische Géographie, partagé cet avis, avec Iken et Michælis, se range à l’opinion suivante, la plus commune et la plus simple, dans ses Scholia, Leipzig, 1830, p. rx, t. ii, p. 425. On ne comprend guère, en effet, selon la remarque de Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 519, comment Salomon aurait choisi Baalbek comme endroit favorable pour ses vignes, surtout pour des vignes dune telle étendue et d’une telle valeur (chacun des gardiens qui les louait devant lui payer mille pièces d’argent. Cant., viii, 11).

On rapproche généralement Baal-Hamon du lieu mentionné dans le texte grec de Judith, viii, 3, BaXan<iv, qui semble bien une contraction de Ba’al Hâmôn. Il est dit dans ce passage du livre sacré que le mari de Judith fut enseveli avec ses pères èv tùàfplb ta àva[A£<rov Aa>6ai’[i xat BaXafioJv, « dans le champ qui se trouve entre Dothaïm et Balamon. » Or Dothaïm ou Dothan ( hébreu : Dôfân ou Dôfain, Gen., xxxvii, 17) se retrouve aujourd’hui avec le même nom à Tell Doutân, au sud et non loin de la plaine d’Esdrelon. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 219-222. On pourrait donc reconnaître Balamon dans Khirbet Bel’améh, ruines couvrant un petit plateau au nord-est de Tell Doutân, au sud de Djénin, et où plusieurs auteurs placent aussi Belma, Judith, vii, 3, et Jéblaam, Jos., xvii, 11. Voir Belma,

JÉBLAAM. A. LEGENDRE.

    1. BAALHASOR##

BAALHASOR (hébreu : Ba’al Hâsôr, « maître » ou « lieu du douar » ; « village de Baal, » suivant plusieurs auteurs ; Septante : BeXamJp), localité de la Palestine, où Absalom possédait un domaine avec de nombreux troupeaux, et où, dans un grand festin donné à l’occasion de la tonte de ses moutons, il fit tuer son frère Amnon, pour venger l’outrage fait à sa sœur Thamar. II Reg., xiii, 23. Cet endroit, d’après le texte sacré, se trouvait « près d’Éphraïm ». L’expression hébraïque Hm-’Éfrâim correspond bien à celle qu’on lit Gen., xxxv, 4, ’im Sekém, « près de Sichem ; » Vulgate : post urbem Sichem, et indique la proximité d’Éphraïm. Mais ce nom ne désigne pas l’une des douze tribus d’Israël ; on y reconnaît plutôt généralement une ville nommée Éphron (hébreu : i"nsy, ’Éfrôn, au kefib ; T>n3y, ’Éfraîn, au qeri), dans II Par.,

xiii, 19 ; Ephrem, dans l’Évangile de saint Jean, xi, 54 ; ’Eçpatfi, dans VOnomasticon, Gœttingue, 1870, p. 257, et identifiée avec Tayyebéh, au nord-est de Béthel, par Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 447, et V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 47. Or, au nord-nord-ouest de Tayyebéh se trouve Tell Asour, en arabe jja2* Jj, Tell’Asour f avec aïn et sâd, suivant Robinson, édit. de