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BAALBEK - BAALGAD


pures adorations sous le titre de’HSovrj, « la volupté. » Constantin y mit un terme en introduisant le christianisme dans la cité du Soleil et du plaisir, et en y construisant une grande basilique. Cf. Eusèbe, De vita Conslantini, m, 58, t. xx, col. 1124. Enfin, dans la première partie du vn= siècle, Héliopolis, avec toute la Syrie, tomba au pouvoir des Arabes, et c’est alors qu’elle perdit son nom grec pour reprendre celui de Baalbèk.

Si les monuments littéraires gardent un tel silence sur l’origine de Baalbek, ses magnifiques monuments de pierre ne nous ré vêlent-ils donc rien sur son existence dès la

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400. — Monnaie de Baalbek.

DrVO SEVERO. Buste de Septime Sévère. — fy COL. HEL. Temple vu d’en haut. I. 0. M. H.

plus haute antiquité ? Voici la réponse de quelques savants. « L’espérance de trouver à Baalbek dès monuments syriens antérieurs à l’époque romaine est assez faible, dit M. Renan. Baalbek eut un temple antérieur à l’époque romaine, nul n’en peut douter, puisque l’auteur du traité De dea Syria donne à l’Septiv égyptien qu’on révérait l’épithète âpxaïov. Or, quand ce traité fut écrit, les temples actuels étaient à peine bâtis. Néanmoins Baalbek n’eut une importance du premier ordre que depuis qu’elle fut devenue colonie romaine. » Mission de Phénicie, p. 319-320. Après lui, M. Perrot regarde comme très douteuse la conjecture d’après laquelle les substructions énormes qualifiées de murailles cyclopéennes dateraient d’une époque bien plus ancienne que les temples qu’elles supportent. Et la raison qu’il donne, « c’est le fait que ces blocs prodigieux sont établis sur des assises d’un appareil beaucoup plus petit et très régulier, appareil que l’on hésiterait fort à faire remonter au delà de l’époque des Séleucides, s’il se présentait seul. C’est ainsi que, dans la partie incontestablement romaine des constructions, il y a des matériaux de très grande dimension, comme, par exemple, les jambages monolithes de la porte du temple rond, qui est un édifice de décadence s’il en fut. » Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, 1885, t. iii, Phénicie, p. 105-106, note 2.

D’autres regardent certaines parties de l’acropole comme très anciennes. « Les substructions en gros blocs de la muraille cyclopéenne, dit M. E. G. Rey, ont évidemment appartenu à une enceinte sacrée ou t ! |a£voc, remontant à une haute antiquité. L’enceinte sacrée de Jupiter Baétocétien à Hosn Souléiman nous offre le plus beau spécimen d’édifice de ce genre conservé en Syrie, et nous permet de restituer par la pensée les parties disparues de l’édifice primitif de Ba’albek. La coutume d’entourer de la sorte les lieux de dévotion ou de pèlerinage paraît originaire de l’Asie, d’où elle fut importée en Grèce ; car Pausanias mentionne fréquemment sous ce nom les enceintes sacrées. Dion Cassius, parlant de la prise de Jérusalem par Caïus Sbssius, désigne le Haram et le temple par le mot de Téjievo ; . Même observation pour le Haram d’Hébron. » Rapport sur une mission scientifique accomplie en 1864-1868, dans le nord de la Syrie, in-8°, Paris (1867), p. 8. « Les pierres elles-mêmes, ajoute M. Guérin, sont là qui attestent l’existence de monuments ayant précédé par de longs siècles l’âge des Antonins. La vaste plateforme, par exemple, destinée à soutenir le grand temple..,

semble proclamer, par les dimensions colossales des matériaux employés pour la construire, surtout à la face ouest et à la face nord, que c’est là un travail remontant à la plus haute antiquité. » La Terre Sainte, t. i, p. 458. Quoi qu’il en soit, nous conclurons en disant avec M. Lortet que « son importance commerciale a dû toujours être très grande. Ainsi que Palmyre, bâtie en plein désert, c’était une ville d’entrepôts, un vaste caravansérail pour les commerçants, un lieu de transit pour les marchandises de l’Asie orientale et de la Syrie ». La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 387. Outre les ouvrages cités dans cet article, voir Wood et Dawkins, Ruins of Baalbek, in-f>, Londres, 1757 ; J. L. Burçkhardt, Travels in Syria and the Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 10-16 ; Volney, Voyage en Egypte et en Syrie, 2 in-8°, Paris, 1825, t. ii, p. 111-123 ; A. Chauvet et E. lsambert, Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 610-621 ; Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1882,

p. 518-526.

A. Legendre.
    1. BAALBÉRIT##

BAALBÉRIT (hébreu : Ba’al Berît ; Septante : BocaX6epiG), nom d’un Baal particulier, adoré par les Israélites et spécialement par les habitants de Sichem du temps d’Abimélech, fils de Gédéon. Jud., viii, 33 ; IX, 4. II est appelé, Jud., ix, 46 : ’El Berît, « le dieu de l’alliance » (Vulgate : Dei sui Berith). Ba’al Berît signifie « le seigneur de l’alliance ». On l’a comparé avec le Zsù ; Spxioç des Grecs et le Deus fidius des Latins, honorés l’un et l’autre comme le dieu protecteur des serments, présidant aux traités et aux alliances ; mais le Baalbérit sichémite semble être plutôt le Baal qui avait fait lui-même alliance avec ses adorateurs. Cf. Jud., ix, 46 (Vulgate). — Bochart, Canaan, xvil, p. 859, suivi par Creuzer, Symbolik, ii, 87 (cf. Etienne de Byzance, au mot BépuTo ; ), suppose que Ba’al Berît désigne le Baal adoré à Béryte (aujourd’hui Beyrouth), comme Ba’al sôr, Ba’al Tars, désignent le Baal adoré à Tyr et à Tarse ; mais on ne voit pas pourquoi on aurait adoré Baal à Sichem sous le nom de Baal de Béryte. — On ne peut reconnaître non plus dans Berît la déesse Bérouth (BripoùO) dont parle Philon de Byblos, Historié. Grœc. Fragm, ii, 12, édit. Dïdot, t. iii, p. 136, car son association avec Baal serait inexplicable dans le texte des .Juges.

Nous ignorons quel caractère spécial distinguait Baalbérit du dieu Baal, dans la manière dont on les représentait l’un et l’autre ; nous ne savons pas davantage quelle était la forme propre du culte qui lui était rendu. L’Écriture raconte seulement qu’après la mort de Gédéon les Israélites adorèrent les Baalim et « se firent pour dieu Ba’al Berît », ce que la Vulgate traduit, en paraphrasant : « Ils firent alliance (fœdus, traduction de berîi) avec Baal, afin qu’il fût leur dieu. » Jud., viii, 33. Au chap. ix, 4, l’auteur sacré nous apprend que Baalbérit avait un temple (bêt ; Vulgate : fanum) à Sichem, Les Sichémites, après s’être révoltés contre la tyrannie d’Abimélech, y cherchèrent un refuge. Jud., îx, 46. La Vulgate, au texte original, qui porte simplement : <s Ils entrèrent dans le temple du dieu Bérith, » ajoute ici l’explication suivante : « où ils avaient fait alliance avec mi, et c’est de cette alliance qu’il avait reçu son nom. »

F. Vigouroux.

    1. BAALGAD##

BAALGAD (hébreu : Ba’al Gâd, c’est-à-dire lieu où : Baal est adoré comme Gâd ou dieu de la fortune, cf. Is., lxv, 11 ; Septante : Ba51ayâ8, et, Jos., xiii, 5, Va-(iX), ville chananéenne. Ce nom ne se lit que trois fois dan » l’Écriture, dans le livre de Josué, xi, 17 ; xii, 7 ; xiii, 5. C’est le point le plus septentrional qu’atteignirent les Israélites à l’époque de la conquête. Le fruit de la victoire remportée près des eaux de Mérom contre les rois chananéens du nord fut la soumission de tout le pays jusqu’à Baalgad. Le livre de Josué, xi, 17, décrit la position de cette ville en disant qu’elle est située « dans la plaine (biq’âh) du Liban, sous le mont Hermon ». Cf. Jos., xii, 7, et