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BAAL

seulement au pluriel : ḥammânim), Lev., xxvi, 30 ; II Par., xiv, 4 ; xxxiv, 4, 7 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9 ; Ezech., vi, 4, 6 ; le dieu lui-même est appelé souvent dans les inscriptions (Gesenius, Monumenta Phœniciæ, p. 171-172, 349 ; P. Schröder, Die phönizische Sprache, in-8°, Halle, 1869, p. 125 ; Corpus inscript. sentit., t. i, part. i, p. 154, 79 ; cf. M. A. Levy, Phönizisches Wörterbuch, in-8°, Breslau, 1864, p. 19) Ba’al hammân, « le Seigneur du soleil, » de ḥammâh, nom poétique du soleil dans Job, xxx, 28 ; Isaïe, xxiv, 23 ; xxx, 26 ; Cant., vi, 10 ; cf. Ps. xix (hébreu), 7. Les ḥammânim étaient des cippes ou colonnes de forme conique ou bien pyramidale, destinées à représenter le soleil sous la forme d’une flamme. Hérodote, n°44, raconte qu’il y en avait deux dans le temple d’Héraclès, c’est-à-dire de Baal, à Tyr. Une inscription de Palmyre, la plus ancienne de toutes les inscriptions religieuses (M. de Vogüé, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, 1868, 123 a, p. 73), mentionne l’érection d’un חטנא, hammana’, au dieu Soleil, [א]שטש. Des monnaies romaines de l’époque impériale nous ont conservé l’image du cippe de Baal (fig. 390).


389. — Le dieu Baal.
Stèle phénicienne. Musée du Louvre.

D’après les renseignements fournis par l’Écriture, ce cippe était en pierre ou en bois, IV Reg., x, 26, ou même en or. Ose., ii, 10. Cf. J. B. Pocari, Dissert. de simulacris solaribus Isrælitarum, dans Ugolini, Thesaurus antiquitatum sacrarum, t. xxiii, 1760, p. dccxxvii-dccl ; J. Spencer, Exercitatio de Tyriorum Gammadin et Hammanin, ibid., p. DCCXLIX-DCCXCII.

Certains commentateurs tirent une preuve du caractère solaire de Baal du texte IV Reg., xxiii, 4 (cf. v. 11), qu’ils traduisent : « Josias fit périr les prêtres qui brûlaient de l’encens à Baʿal-Šéméš, » c’est-à-dire à Baal-Soleil. Les auteurs classiques identifient aussi Baal avec le soleil : « Dieu s’appelle Bal en langue punique, dit Servais, et Bel chez les Assyriens ; il est tout à la fois Saturne et le Soleil ». Commentar. in Virgilium, In Æneid. , i, 729 ; 2 in-8°, Gœttingue, 1826, 1. 1, p. 109. Cf. S. Isidore de Séville, Etymol., viii, 11, t. lxxxii, col. 316. Voir W. Baudissin, Baal und Bel, dans Herzog, Real-Encyklopädie, 2e édit, t. ii, p. 30. Comme dieu solaire, Baal est « le maître des deux », Baal-samin, titre qu’il porte dans l’inscription d’Omm el-Aouamid (M. de Vogüé, Inscriptions phéniciennes de Cypre, dans ses Mélanges d’archéologie orientale, 1868, p. 53), et qui se lit aussi dans les vers puniques du Pœnulus de Plaute, Balsamen, v, 2, 67, édit. Lemaire, t. iii, . p. 79, comme dans saint Augustin, Baalsamen Quæst. in Jud., xvi, t. xxxiv, col. 797), ainsi que dans Philon de Byblos, qui dit expressément : « ils considéraient le soleil… comme le dieu qui était le seul maître du ciel (μόνον οὐρανοῦ κύριον), l’appelant Béelsamen (Bεελσάμην). » Histor. græc. Fragm., édit. Didot, t. iii, fragm. 2, n° 5, p. 565-566. Cf. P. Martin, Discours de Jacques de Saroug sur la chute des idoles, dans la Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, t. xxrx, 1875, p. 131 ; D. Chwolson, Die Ssabier und der Ssabismus, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. i, p. 373 ; t. ii, p. 158-159.

Baal-soleil est bienfaisant comme l’astre du jour qu’il personnifie, mais il est aussi malfaisant, parce qu’il brûle et tue. Il est d’abord la source de la fécondité et Je la vie ; ses tièdes rayons réchauffent la terre et lui font porter ses fruits.

« Je suivrai ceux qui m’aiment, » c’est-à-dire Baal, dit la fille d’Israël infidèle, dans Osée, ii, 5 (hébreu, 7), « parce qu’ils me donnent le pain, l’eau, la laine, le liii, l’huile, la boisson. »


390. — Cippe de Baal.
AΥT KAI MAKPINOΣ ΣEB. Tête diadémée de l’empereur Macrin. — ɧ IEPAS BYBΛOY. Temple. Cippe de Baal, au milieu d’une cour, derrière le temple.

Les adorateurs du dieu lui attribuent la fertilité de la vigne et du figuier ; cf. Ose., il, 12 (hébreu, 14) ; c’est pourquoi les monuments votifs de Carthage représentent ce dieu entouré de fleurs, de grappes et de fruits, symboles de sa force fécondante (fig. 391). Cf. Gesenius, Monumenta Phœniciæ, Numid., pl. 21, 22, 23.


391. — Stèle punique consacrée à Baal.
D’après Gesenius, Monumenta, pl. xxiii, n°60.
Elle porte l’inscription suivante :

  1. Image de Šeotbal, ton serviteur, juste, considéré devant
  2. Baal, fils de ton serviteur Ḥikamṭʿal, seigneur du royaume du peuple des Massaliens,
  3. [consacrée] à Baal solaire, le Seigneur qui a écouté la voix du peuple.


De même les médailles nous le montrent sous une forme humaine, assis et ayant devant lui un épi et un raisin (fig. 392).