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AZOR — AZOT

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1. AZOR (Nouveau Testament : ’AÇe&p), fils d’Éliacim, dans la généalogie de Notre-Seigneur. Matth., i, 13

2. AZOR, ville. I Mach., xi, 67, voir AsorI, col. 1105.

1. AZOT (hébreu : ’Asdôd, « forteresse [ ?] ; » Septante : "AÇwtoç), une des cinq grandes villes des Philistins, Jûs., xiii, 3, aujourd’hui Esdud, à seize kilomètres au nord-est d’Ascalon, à dix milles romains (14 kilom. 80) au sud de Jamnia, d’après la Table de Peutinger, à peu près à moitié chemin entre Gaza et Jaffa. Elle est à cinq kilomètres de la mer Méditerranée. D’après une fable rapportée par Etienne de Byzance, De urbibus, édit. Dindorf, t. i, 1825, p. 22, Azot aurait été ainsi appelée par un fugitif des environs de la mer Rouge, qui lui aurait donné le nom de sa femme Aza (Ty, ’az, « biche » ). C’est là une étymologie imaginaire, qui ne Convient même pas au nom indigène de la cité philistine, ’Asdôd, mais tout au plus à la forme grécisée de ce nom, qui nous a été transmise par les écrivains classiques et par les Septante. Hérodote, ii, 157 ; Strabon, xvi, 29, édit. Didot, p. 646 ; Ptolémée, v, 16, in-f°, Amsterdam, 1605, p. 140 ; Pline, ii, N., v, 14 (69), édit. Teubner, 1. 1, p. 197 ; P. Mêla, 1, 10, coilection Nisard, 1845, p. 612.

Azot fut attribuée à Juda, Jos., xv, 46, 47, et, d’après Josèphe, elle se trouvait à la limite de la tribu de Dan. Ant. jud., V, i, 22. Il y avait là des géants de la race des Énacim ; les Israélites ne réussirent pas à les chasser, non plus que de Gaza et de Geth, Jos., xi, 22. de sorte que cette ville resta indépendante pendant fort longtemps. — À l’époque des Juges, elle prit part aux guerres contre les tribus d’Israël. Vers la fin de la judieature d’Héli, les Philistins, ayant remporté sur les Hébreux deux grandes victoires, s’emparèrent de l’arche et la portèrent à Azot, dans le temple de Dagon, I Reg., v, 1-2. Cf. I Mach., x, 83 ; Jud., xvi, 23. Ils placèrent le trophée de leur victoire devant l’image de leur dieu, mais ils trouvèrent le lendemain cette idole le visage contre terre, devant l’arche du Seigneur et le surlendemain renversée de nouveau et brisée (voir Dagon) ; en même temps un mal épidémjque frappait les habitants, tandis que des troupes de rats ravageaient la campagne. I Reg., v, 3-6. L’arche fut transférée à Geth, puis à Accaron ; sa présence amena partout les mêmes calamités, et elles ne cessèrent que lorsque les gens d’Azot et des autres cités philistines l’eurent renvoyée à Israël, avec des présents expiatoires. I Reg., v, 8-vi, 18.

Le nom d’Azot ne reparaît dans l’Écriture que sous le règne du roi Ozias, neuvième successeur de Roboam. Ce prince fit la guerre aux Philistins, s’empara de Geth, de Jabnia (Jamnia) et d’Azot ; il en renversa les murailles, et « construisit des villes en Azot », dit le texte sacré, c’est-à-dire sans doute qu’il s’établit solidement sur tout son territoire. II Par., xxvi, 6. Nous ignorons combien de temps Juda en resta maître. — D’après l’auteur du De vitis prophetarum, 16, Patr. gr, t. xliii, col. 408, Jonas, qui fut contemporain d’Ozias, serait né près d’Azot ; mais cette opinion est fausse, car ce prophète était de la Palestine du nord. S. Jérôme, Prsef. in Jon., t. xxv, col. 118.

Un mot dit en passant par le prophète Isaïe, xx, 1, nous apprend qu’Azot fut prise sous le règne de Sargon, par le « tharthan » (général) de ce roi de Ninive. Les inscriptions de Sargon nous ont renseignés sur cet événement, qui, jusqu’à ces dernières années, n’avait été connu que par le passage d’Isaïe (716 avant J.-C). Les Assyriens voulant s’emparer de l’Egypte, et la ville d’Azot se trouvant sur la route qui conduit de l’Asie dans la vallée du Nil, la possession de cette place leur était indispensable. Sargon (722-705 avant J.-C.) donna donc au général qui commandait ses troupes l’ordre de soumettre Azuri, qui en

était alors le roi. « Azuri, roi d’Azot, *-^ S JMf *~"| t$>

Ai-du-di, dit Sargon, dans sa grande inscription, lignes

90-109, endurcit son coeur pour ne pas payer tribut ; il envoya aux rois ses voisins des messages hostiles à l’Assyrie. J’en tirai vengeance, je lui enlevai son pouvoir ; j’élevai son frère Achimit à sa place sur le trône. Mais le peuple de Chatti se révolta et refusa de lui obéir ; il mit à sa place Yaman, qui n’était pas le maître légitime du trône, et qui, comme ces [rebelles], ne reconnaissait pas ma puissance. Dans la colère de mon cœur, je ne rassemblai pas toutes mes troupes et je n’employai pas toutes mes forces ; avec les [seuls] guerriers qui étaient près de moi, je marchai contre Azot. Yaman apprit de loin mon approche ; il s’enfuit en Egypte, du côté de Miluhha, et on ne le revit plus. J’assiégeai et je pris Azot, Gimtu, Asdodim ; ses dieux, sa femme, ses fils et ses filles, ses richesses, le trésor de son palais et les hommes du pays devinrent mon butin. Je repeuplai de nouveau ces villes, et j’y plaçai les hommes que mon bras avait conquis dans les pays du soleil levant ; je les fis habiter là, j’établis sur eux un gouverneur, et ils gardèrent mon obéissance. » J. Oprert et J. Menant, Fastes deSargon, in-f", 1863, p. 5-6 ; E. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 64-07.

Les habitants d’Azot restèrent aussi soumis aux successeurs de Sargon. Son fils Sennachérib (705-681 avant J.-C.) raconte que, lors de sa campagne contre Ézéchias, roi de Juda, il reçut le tribut de Mitinti, roi d’Azût (Cylindre de Taylor, col. ii, ligne 51 ; Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 90), et qu’il lui donna une partie des villes qu’il prit à Ézéchias (CylincYe de Taylor, col. iii, ligne 21 ; Keil. Bibliothek, t. ii, p. 94). Asarhaddon (681-668 avant J.-C), son fils et successeur, énumèrc « Ahimilki, roi d’Azot », parmi ses tributaires | Prisme brisé, col. v, ligne 18 ; Keil. Bibliothek, t. ii, p. 148). Ce même prince figure aussi dans la liste des vingt-deux rois du pays des bords de la mer Méditerranée qui payent tribut à Assurbanipal (668-625 avant J.-C), fils et successeur d’Asarhaddon (Keil. Bibliothek, ligne 12, t. ii, p. 240).

Le roi d’Egypte, Psammétique, voulut enlever Azot à la domination de l’Assyrie. U avait été lui-même vassal de cet empire ; mais, étant parvenu à faire refleurir la puissance de l’Egypte, il résolut, pour se mettre à l’abri des invasions ninivites, qui avaient plusieurs fois désolé la vallée du Nil, de s’emparer du pays des Philistins, et en particulier d’Azot, qui était la clef des routes menant d’Asie en Afrique. Il attaqua donc cette ville, et, s’il faut en croire Hérodote, ii, 157, qui remarque que c’est le plus long siège dont l’histoire fasse mention, il ne s’en rendit maître qu’au bout de vingt-neuf ans (vers 630 avant J.-C). Les Assyriens, qui avaient probablement alors à lutter contre les Mèdes, ne purent la secourir. Elle fut détruite par son vainqueur ; ear Jérémie, qui était contemporain de cet événement, parle, dans son énumération des villes philistines, « de ce qui reste d’Azot, s c’est-à-dire de ses ruines. Jer., xxv, 20. Cf. Hérodote, ii, 157. Le texte grec de Judith, ii, 28, mentionne Azot parmi les villes qui avaient été remplies de terreur par la campagne de Nabuchodonosor contre l’Asie occidentale. Nous ne savons plus rien d’elle jusqu’après la captivité de Babylone.

Quand les Perses se furent rendus maîtres de l’Egypte, Azot dut être soumise à leur domination, comme le reste

de la Palestine. Voir

Stark, Gaza und die

philistàische Kùste,

p. 228. Cette commu nauté de gouvernement

dut favoriser les ma riages des Juifs avec des

filles d’Azot dont il est

question dans II Esdras,

xiu, 23-24. Néhémie

nous apprend, à cette occasion, que les habitants d’Azot avaient un langage particulier. II Esdr., xiii, 24. — Alexandre le Grand s’empara de Gaza (Stark, Gaza, p. 236-214), et tout le pays se soumit au conquérant. Après sa mort, Azot

385. — Monnaie d’Azot.