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ABARIM — ABBA MARI


Les voyageurs modernes, principalement M. de Saulcy, en déterminant la position du mont Nébo, ont par là même confirmé celle des monts Abarim, qu’Eusèbe et saint Jérôme placent à six milles d’Hésébon. S. Jérôme, Lib. de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 867 et 913. Du reste, les passages de la Sainte Écriture cités plus haut montrent clairement qu’il faut chercher Abarim dans la partie septentrionale de cette région montagneuse qui, bornant la mer Morte à l’est, a dans son ensemble une centaine de kilomètres de longueur, une largeur d’environ 40 kilomètres, avec une élévation générale d'à peu près 1 000 mètres. Descendant brusquement en parois abruptes jusqu’au lac Asphaltite, les rochers sont coupés par les ravins des ouadis, qui « pénètrent dans l’intérieur comme d'étroites rues entre des murs verticaux. La végétation est rare sur les pentes et sur les plateaux de cette région d’El-Belka, plus généralement désignée par les noms des anciens peuples qui l’habitaient, Ammon et Moab. Cependant la nudité de ces monts n’est pas comparable à celle du massif calcaire de la Judée, à l’ouest de la mer Morte : non seulement les fonds bien arrosés sont remplis de fourrés verdoyants, mais des bouquets de chênes, des térébinthes, des lauriers croissent sur les terrasses tournées vers les vents humides de la Méditerranée. » Cf. Elisée Reclus, Asie antérieure, Paris, 1884, p. 708.

La partie septentrionale, qui s'étend depuis le Zerka-Maïn jusqu'à l’ouadi Hesban, et forme les monts Abarim, se distingue des autres par de plus nombreuses déchirures. Dans l’espace de quelques kilomètres, le plateau est coupé par cinq ou six ouadis, qui, commençant par une dépression assez douce, se creusent rapidement, en sorte que l’on n’a plus sous les yeux qu’une série de chaînes parallèles, descendant par échelons vers la mer, et portant sur chacun de leurs flancs les ruines d’une cité antique. H. B. Tristram, The land of Moab, 2e édit., Londres, 1874, p. 318. On a, en effet, retrouvé dans ce pays des ruines de tout âge, restes de l’ancienne religion cananéenne : dolmens, menhirs, cercles de pierres, villes moabites, temples romains, etc. Les explorateurs modernes, surtout de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, 2 in-8°, Paris, 1865 ; H. B. Tristram, ouv. cité ; C. R. Conder, Heth and Moab, Londres, 1889, nous ont donné sur cette contrée des détails aussi précis qu’intéressants, et ont ainsi comblé une lacune qu’on déplorait depuis longtemps dans la géographie sacrée. Ils ont constaté de visu et à plusieurs reprises l’exactitude du récit biblique, quand il affirme qu’on peut de ces montagnes apercevoir dans toute son étendue la Terre Promise. Deut., xxxiv, 1-3. Des sommets du Nébo, ou de Siàghah, ou de Maslubiyéh, la vue s'étend merveilleusement, vers l’ouest, d’Hébron à la Galilée, en passant par Bethléhem, Jérusalem, les monts Garizim et Ébal, le Thabor. « Le Jourdain se déroule comme un immense serpent à travers la vallée, et les torrents de la plaine de Jéricho descendent en serpentant pour rejoindre ceux qui s'élancent des collines de Moab. » Voir les détails dans C. R. Conder, Heth and Moab, p. 131-141. Voir NÉBO, Phasga.

ABARON (dans le texte grec original : Αὐαράν), surnom d'Éléazar, quatrième fils de Mathathias et frère de Judas Machabée. I Mac, ii, 5. Voir Éléazar 8.


ABAUZIT Firmin, calviniste français, né à Uzès en 1679, mort à Genève en 1767, où il avait été longtemps bibliothécaire de la ville. Il travailla à la traduction française du Nouveau Testament qui parât à Genève en 1726, et publia plusieurs écrits en faveur de l’arianisme. Ce qui lui a fait un nom dans l’exégèse est son Essai sur l’Apocalypse, travail remarquable, non par sa valeur, mais par ses hardiesses. L’auteur révoque en doute l’authenticité de l’Apocalypse ; il insinue qu’elle n’est pas l'œuvre de l’apôtre saint Jean, qu’elle a été composée sous le règne de Néron, et qu’elle raconte sous forme prophétique la destruction de Jérusalem. Cet ouvrage fut traduit en anglais et réfuté par L. Twells. Il fut aussi combattu en France par Bergier, en 1780, dans son Traité historique et dogmatique de la vraie religion, t. viii. Sur Abauzit, voir Œuvres diverses de M. Firmin Abauzit, in-8°, Genève, 1770 ; Œuvres de feu M. Abauzit, 2 in-8°, Londres (Amsterdam), 1770-1773 (ces deux éditions contiennent l’ Essai sur l’Apocalypse ; la seconde s’ouvre par l’Éloge d’Abauzit, composé par son éditeur Bérenger) ; Miscellanies on historical, theological and critical subjects, translated by E. Harwood, in-8°, Londres, 1774 (la vie de l’auteur est racontée p. i-xxiv ; le recueil se termine, p. 283, par An historical discourse on the Apocalypse) ; Senebier, Histoire littéraire de Genève, t. iii, p. 63-83 ; Lücke, Versuch einer vollständigen Einleitung in die Offenbarung Johannis, p. 555.


ABBA, mot araméen correspondant au mot hébreu ʾab, « père. » Il nous a été conservé dans le Nouveau Testament grec : Ἀϐϐᾶ, Marc, xiv, 36 ; Rom., viii, 15 ; Gal., iv, 6, où cette appellation s’applique toujours à Dieu sous forme d’invocation. En saint Marc, c’est Notre-Seigneur qui s’adresse ainsi à son Père. Saint Paul dit aux fidèles qu’ils peuvent appeler Dieu : « Abba, père, » parce qu’ils sont ses enfants d’adoption. Dans le texte grec, comme dans la Vulgate latine, le mot abba est toujours suivi de la traduction : « père. »


ABBA ARÉKA ou Arikha, surnommé RAB par une abréviation familière à l'époque talmudique (Rab pour R. Abba, c’est-à-dire Rabbi Abba), 175-247, fut disciple de Juda le Saint. Il porta la Mischna rédigée par son maître à Sora, où il fonda une école, qu’il dirigea vingt-huit ans, de 219 à 247, et qu’il imprégna fortement de l’esprit rabbinique. Il fut le premier des amoraïm ou interprètes de la Mischna, et commença ces commentaires oraux qui furent recueillis plus tard sous le nom de Ghemara ou Talmud de Babylone. Il est l’auteur d’un célèbre Midrasch ou commentaire mi-partie halakique et hagadique sur le Lévitique, intitulé Sifrâʾ, Le livre, ou Sifrâʾ debê Rab, Livre de l'école de Rab, ou encore Baraïta šel Ṭôraṭ kôhanim, c’est-à-dire Mischna extérieure sur la loi des prêtres. La loi des prêtres, Ṭôraṭ kôhanim, était le nom donné au Lévitique par les première rabbins. Il composa également un commentaire sur les Nombres et le Deutéronome, appelé Sifrê, Les livres, connu encore sous le nom de Sifrê debê Rab, Les livres de l'école de Rab. Cependant ces Midraschîm sur le Lévitique et sur les Nombres et le Deutéronome ne sont pas entièrement et exclusivement l'œuvre de Rab. Ainsi les textes anonymes appartiennent à deux tannaïm ou « répétiteurs » de la tradition concernant la Bible, Juda-ben-El‘ài et Siméon-ben-Yôḥàï. Mais la compilation et la rédaction sont dues à Rab et à son école. Le Sifrâʾ fut publié à Constantinople, in-f°, 1515, et à Venise, in-f°, 1545. Aaron-ben-Chaïm en a donné un commentaire intitulé Qorban ʾAharôn, in-f°, Venise, 1609. Le Sifrê fut également imprimé à Constantinople, in-f°, 1515, et à Venise, in-f°, 1545. Il a été, ainsi que le Sifrâʾ, l’objet de plusieurs commentaires, comme ceux d’Abraham Lichtstein, de David Pardo, etc. La traduction latine du Sifrâʾ et celle du Sifrê se trouvent dans les tomes xiv et xv du Thesaurus antiquitatum sacrarum d’Ugolini. Sur Rab et ses œuvres, voir : Jul. Fürst, Rab, sein Leben, Wirken, als erster Amora, als Begründer des Talmud’s, etc., dans Kultur und Literaturgeschichte der Juden in Asien, p. 8, 10, 31-39, 46, 52-53, 60-63, 65, 67-72, 91 ; J. H. Weiss, Ṭôledôṭ Rab, dans E. Stern, Kokebê Yisḥâq, fascicule 8-11.


ABBA MARI, fils de Moïse, fils de Joseph, était originaire de Lunel, aussi se nomme-t-il hay-yarhi (yerah