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AVOCAT — AXA

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J’étais le père des pauvres, et j’examinais avec an soin extrême la cause que je ne connaissais pas. » Job, xxix, 7, 11-12, 16. Nous préférons dire, avec d’autres auteurs, comme Saalschùtz, Dos Mosaische Recht, k. 87, Berlin, 1853, p. 594, que le saint patriarche accomplissait ces actes vertueux comme chef et juge de sa tribu, ce qu’il semble affirmer lui-même, xxix, 25. Le texte d’Isaïe, i, 17, suppose l’existence des « défenseurs charitables ». S’adressant à ses compatriotes, il dit : « Apprenez à faire le bien, examinez tout avant de juger, assistez l’opprimé, faites justice à l’orphelin, défendez la veuve. » Quelquesuns de ces conseils s’adressent aux juges ; mais d’autres, et surtout celui-ci : « Défendez la veuve, » s’adressent en général aux Juifs. Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 1286 ; Id„ Der Prophet lesaia, Leipzig, 1820, t. i, p. 162-163 ; Rosenmiiller, Scholia in Vêtus Testamen~ tum, lesaiee Vaticinia, t. i, Leipzig, 1829, p. 43.

Nous trouvons un exemple frappant de ces défenseurs charitables dans Ahicam. Jer., xxvi, 8-24. Cette « défense charitable » était aussi libre que la charité qui l’inspirait, et elle n’était gênée par aucun règlement. Elle pouvait se produire à chaque moment de la procédure, et même après le jugement, comme nous le voyons par l’exemple de Daniel, que nous pouvons regarder aussi, dans un sens, comme un « défenseur charitable », suscité de Dieu pour sauver l’innocente Susanne, Dan., xiii, 45-64. La Mischna a consacré cette liberté de la défense, même après le prononcé de la sentence, même sur le chemin du supplice. « Après le jugement, on emmène le condamné. .. Alors si quelqu’un s’offre à prouver l’innocence de ce dernier, il agite son mouchoir, et l’on ramène promptement à la ville le condamné. » Mischna, traité Sanhédrin, VI, 1, édit. Surenhusius, t. iv, p. 233.

A ces « défenseurs charitables » des Hébreux ressemblent assez, sous le rapport qui nous occupe, les patroni primitifs des Romains, dont on fait remonter l’origine jusqu’à Romulus. Denys d’Halicarnasse, Antiq. rom., ii, Opéra omnia, Leipzig, 1691, p. 84 ; Plutarque, Romulus, 13, édit. Didot, t. i, p. 29. Ces « patrons » prenaient sous leur protection une ou plusieurs familles de plébéiens, qui devenaient leurs « clients », leur rendaient les services que des hommes instruits et influents peuvent rendre aux gens du peuple, et particulièrement les assistaient et les défendaient dans toutes leurs affaires judiciaires ; mais cet office de bienveillance se modifia peu à peu, et devint au bout de quelque temps une profession rétribuée, celle des « avocats », advocati, qui dut bientôt être réglementée au point de vue des honoraires ; loi Cincia, an 205 avant J.-C. Cf. Heineccius, Antiq. rom., I, ii, 29 ; IV, x, 1, Venise, 1796, t. i, p. 68-70 ; t. ii, p. 367 ; Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, au mot Advocatio, Paris, 1873, 1. 1, p. 81. Nous ne constatons pas de transformation de ce genre chez les Hébreux de l’Ancien Testament, à ce point que la Mischna, écrite vers l’an 200 de l’ère chrétienne, ne suppose pas encore la profession d’avocat exercée chez les Juifs.

2° Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ nous est présenté comme notre « avocat », advocatus. I Joa., ii, 1. La Vulgate a traduit exactement et littéralement le mot grec itapeMuixoç, qui s’entend d’une manière générale de tout « intercesseur », et qui spécialement, quand il s’agit d’obtenir le pardon d’un coupable, signifie « avocat, défenseur ». C’est le sens qu’a ce mot, soit dans les auteurs classiques, soit dans les auteurs contemporains des Apôtres, par exemple, dans Philon. Cf. Grimm, Clavis Novi Testamenti ; Leipzig, 1888, p. 336. « Si quelqu’un donc, dit saint Jean, commet un péché, nous avons un avocat, Jésus-Christ, le juste. » L’écrivain sacré emprunte sa comparaison aux coutumes judiciaires. Quand, chez les Grecs et les Romains, auxquels écrivait saint Jean, un homme était accusé et traduit devant les tribunaux, son premier soin était de chercher un « avocat » qui plaidât

sa cause auprès des juges et lui obtint le pardon. Quand le chrétien commet un péché mortel, il mérite la mort éternelle, et c’est, en effet, la vengeance que réclame contre lui le démon, qui est appelé 1’  « accusateur », diabolus, V « adversaire », Satan, Satanas, V « accusateur de nos frères, qui les accusait devant Dieu jour et nuit ». Apoc, XII, 10. Mais que le pécheur reprenne courage ; nous avons un « avocat », Jésus-Christ, d’autant plus puissant qu’il est juste. Si le pécheur recourt à lui avec foi et confiance, le divin avocat plaidera sa cause avec succès et lui obtiendra sa grâce C’est à ces fonctions d’avocat que saint Augustin, Epist. cxlix, 14 t. xxxiii, col. 636, rattache cette « interpellation » qua fait Jésus-Christ au souverain Juge en notre faveur. En effet, dit saint Paul, Jésus-Christ « apparaît maintenant en la présence de Dieu pour nous, — interpelle Dieu pour nous, — vit toujours afin d’interpeller pour nous ». Heb., vii, 25 ; ix, 24 ; Rom., viii, 34. Cette interpellation n’est autre chose que le plaidoyer que notre charitable et puissant avocat fait pour nous auprès du souverain Juge ; « il n’interpelle, dit saint Augustin, loc. cit., que pour postuler ; » postuler, c’est la fonction propre des avocats, par laquelle ils demandent au juge la grâce de leurs clients. S. Many.

    1. AVOGADRO Vincenzio Maria##

AVOGADRO Vincenzio Maria, dominicain italien appelé aussi Avvocati, né à Palerme le 12 septembre 1702 ; la date de sa mort est inconnue. Après avoir fait ses études à Rome, il enseigna la philosophie au couvent de son ordre à Palerme, et puis la théologie à Girgenti. II publia un ouvrage dédié à Benoît XIV et qui eut un grand succès, De sanctitate-librorum qui in Ecclesia catholica consecrantur, 2 in-f°, Palerme, 1741-1742. Le premier volume a pour titre particulier : Prxparatio biblica ; le second, Demonstratio biblica. — Voir Mazzuchelli, Scrittori d’Italia, t. ii, p. 1272.

    1. AVORTON##

AVORTON (hébreu : nêfél). Si quelqu’un, dans une querelle, frappe une femme enceinte et la fait avorter, il est tenu de payer ce qui lui sera demandé par le mari et déterminé par les arbitres. Exod., xxi, 22. Voir col. 476 et 887. Le sort de l’avorton mort-né est pris comme terme de comparaison pour exprimer un sort misérable, Num., xii, 12 ; Job, iii, 16 ; Ps. lviii, 9 (Vulgate, lvii, 9, où nêfél est traduit par supercecidit ignis, en lisant nâfal’êS, au lieu de nèfél’êsét) ; Eccl., xi, 3-6. Dans le Nouveau Testament, saint Paui, I Cor., xv, 8, se compare, par humilité, à un avorton (entpcoiia), à un enfant faible, né avant terme, pour signifier qu’il se regarde comme inférieur aux autres Apôtres, « le dernier d’entre eux. » I Cor., xv, 9.

    1. AVOTHJAÏR##

AVOTHJAÏR, orthographe, dans la Vulgate, III Reg., IV, 13, du nom de lieu qu’elle écrit ailleurs Havoth Jaïr. Num., xxîil, 41 ; Deut., ui, 14 ; Jud., x, 4.VoirHàvoTHjviR.

AVVOCATI. Voir Avogadro.

AXA (hébreu : ’Aksâh ; Septante : ’Aaya), fille de Caleb, fils de Jéphoné et compagnon de Josué. Son nom hébreu signifie « anneau de la cheville », ornement de métal que les femmes israélites portaient au-dessus de la cheville. Is., iii, 16, 18. Axa est l’héroïne d’un trait de mœurs raconté par le livre de Josué, xv, 16-19, et repro-’duit par le livre des Juges, i, 12-25. Caleb avait promis de la donner en mariage à celui qui prendrait la ville de Cariath-Sépher. La condition fut remplie par Othoniel, fils de Cénez, qui était frère de Caleb, et par conséquent cousin germain d’Axa. (Nous suivons ici la leçon des Septante. Elle paraît préférable à la traduction de la Vulgate, qui, rendant le mot hébreu parle nominatif f rater au lieu du génitif fratris, fait d’Othoniel, fils de Cénez, un jeune frère de Caleb, qui est lui-même fils de Jéphoné. Num.,