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AVEN — AVENDANO


feu ces palais que plusieurs rois se sont appliqués à bâtir avec tant de magnificence ; les portes de Damas brisées s’ouvriront à l’ennemi ; hommes du peuple et princes, habitants des vallées livrées au culte des idoles, et seigneurs aux maisons de délices, seront exterminés ou envoyés en exil. Saint Jérôme, dans son Commentaire sur Amos, t. xxv, col. 995, nous dit à propos des anciennes versions : « Pour le « champ de l’idole », hébreu : ’Âvén, les Septante et Théodotion ont traduit par y Q ; Symmaque et la cinquième version par « iniquité » ; Aquila par àvwçeioûç, « inutile, » pour montrer combien serait inutile le secours des idoles lorsque le peuple de Damas serait pris par les Assyriens. » Ajoutons, pour compléter ces renseignements de critique textuelle, que le chaldéen et le syriaque portent, comme le grec, un nom propre.

La plupart des exégètes modernes expliquent Biq’af-’Avén par un nom de lieu. Nous rattachons leurs opinions aux deux catégories suivantes. Les uns cherchent cet endroit dans les environs de Damas. J. D. Michælis, dans ses notes sur Amos, 1, 5, prétend avoir appris d’un ancien habitant de cette ville, qu’aux environs se trouvait une vallée fertile, appelée Un, et qu’un proverbe en rappelait les charmes. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 52. Le malheur est que ce témoignage n’a pas été confirmé par des voyageurs qui ont pourtant bien exploré le pays. Pour Keil, Biblischer Commentar ïiber die zwôlf kleinen Propheten, Leipzig, 1888, p. 175, Biq’at- Âvén et Bêt-’Édén sont peut-être des résidences royales situées prés de la capitale de la Syrie,

Les autres, en. bien plus grand nombre, ont pensé à la fameuse plaine de Ccelésyrie, qui s’étend entre le Liban et l’Anti-Liban, et dont la merveille est Baalbek ou Héliopolis. « La vallée d’Aven, dit Rosenmûller, est la Syrie Damascène, comprise entre le Liban et l’Anti-Liban, appelée aussi « vallée du Liban, s biq’at hal-Lebânôn, dans Josué, xi, 17, xottov tieSîov ; campus concavus dans Strabon, et’Ajjlûx/j, c’est-à-dire’Êméq, « vallée, » dans Polybe, v. » Prophetse minores, Leipzig, 1827, t. ii, p. 22. "Voir aussi Bochart, Phaleg., lib. ii, cap. vi, vm. Le nom actuel d’El-Begâ’a, &UuJI> répond ainsi au nypa, biq’at,

hébreu. C’est évidemment le même mot, mais un nom commun appliqué plus tard comme nom propre à une contrée qu’il caractérise particulièrement. On ne peut donc rien conclure de là. Calmet en fait « une ville de Syrie, nommée aujourd’hui Baal Beh. Apparemment elle s’appelait Békat Baal du temps d’Amos. Comme les Hébreux ne daignaient pas prononcer le nom de Baal, ils lui substituaient un nom de mépris, comme Aven, « iniquité ou vanité ; » ou Boseth, « honte, confusion. » De là vient le nom de Bethaven, au lieu de Béthel, et celui de Jéro-Boseth, au lieu de Jéro-Baal. Les Syriens appellent encore aujourd’hui Baal Bek la ville que les Grecs appelaient Héliopolis, et qui est située vers l’extrémité de cette longue vallée qui s’étend du midi au nord, entre le Liban et l’Anti-Liban. Cette vallée s’appelle encore aujourd’hui Bucca ou Békath, suivant la prononciation hébraïque. » Commentaire littéral sur les douze petits Prophètes, Paris, 1715, p. 187. Pusey explique autrement le nom de Baalbek, et y voit une abréviation de l’ancien nom Baal Bik’ah, s Baal de la vallée, » par contraste avec le BaaI-Hermon voisin, si célèbre aussi par son culte idolâtrique. Cf. Trochon, Les petits Prophètes, Paris, 1883, p. 143.

Ce nom de Biq’atvvén, Ewald et Hitzig l’entendent aussi de Baalbek ou Héliopolis, en se basant sur la traduction des Septante it. heSJou *Qv, rapprochée de l’identification de l’on égyptien avec Héliopolis, qu’on trouve dans les mêmes traducteurs. Gen., xli, 45. Ainsi j’n, ’On, Gen., xli, 45 =’HXio’jitdXiç, donc rw, 7 Qv, Am., I ; 5 = Héliopolis ou Baalbek. Le raisonnement n’est pas juste, parce que la version grecque a rendu’Âvén par

T Qv dans plusieurs endroits où il ne petit être question d’aucune Héliopolis. Cf. Osée, iv, 15 ; v, 8 ; x, 5, 8. Il n’est pas plus juste de changer la ponctuation massorétique d’'Avén en’On. Cf. J. Keil, Die zwôlf kleinen Propheten, p. 175. Cette application du texte d’Amos à la Ccelésyrie et à la ville qui en faisait l’ornement est cependant admise par Robinson, Biblical Besearches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 519 ; Grove, dans Smith’s Dictionary of the Bible, Londres, 1861, 1. 1, p. 141 ; Wolfï, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 124-125. D’autres n’y voient qu’une vaine conjecture. Cf. Knabenbauer, Commentarius in Prophetas minores, Paris, 1886, 1. 1, p. 257. Voir Baalbek.

2° Bâmôf-’Avén, Septante : pwjiot T ûv ; "Vulgate : excelsa idoli, « les hauts lieux de l’idole. » Osée, x, 8. Il s’agit évidemment ici des autels élevés aux faux dieux sur la colline de Béthel, appelée Bethaven au ꝟ. 5.

3°’Avén se lit encore dans le texte massorétique d’Ézéchiel, xxx, 17 ; mais, d’après le contexte, il indique sans aucun doute la ville égyptienne de On ; aussi les Septante et la Vulgate sont d’accord pour traduire par’HXiouiuOt ?, Heliopolis. Cependant, comme aucun manuscrit ne porte jiN, avec cholem (cf. J. B. de Rossi, Variée lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1786, t. iii, p. 151), on peut croire qu’il y a là, dans la pensée du prophète lui-mêmeou du massorète, une de ces paronomases si fréquentes dans le style prophétique, faisant allusion aux idoles de

la ville égyptienne.

A. Legendre.
    1. AVENARIUS Jean##

AVENARIUS Jean, vulgairement Habermaun, théologien protestant, né à Éger, en Bohême, en 1520, mort à Zeitz le 5 décembre 1590. Il fut successivement pasteur à Plauen, à Gessnitz, près d’Altenbourg, et à Schcenfels ; il enseigna aussi l’hébreu à Freyberg (Misnie), puis à Iéna, où il prit le degré de docteur en théologie le 10 février 1574, et la même année il alla professer à Wittenberg. Il n’y resta qu’un an, et obtint, en 1575, la surintendance (archevêché) de Zeitz. On a de lui : Explicatio libri Judicum, in-4°, Wittenberg, 1617 ; Liber radicum seuLexicon ebraicum, in-f", Wittenberg, 1568, 1569 (Casaubon et les rabbins de l’époque faisaient le plus grand cas de cet ouvrage) ; Grammatica ebraica, Wittenberg, 1562, 1570, 1575, 1585, 1597, in-8° ; Enarrationes in Evangelia dominicalia, in-8°, Wittenberg, 1586 ; ibid., in-f°, 1589 ; Enarrationes in Epistolas dominicales et (estivales y in-8°, Wittenberg, 1585 ; Harmonia Evangel., seu Vitct Christi ex omnibus Evangelistis, in-12, Bàle, 1583, 1588 ; in-8°, Leipzig, 1616, en allemand ; De diclionibus ebraicis qux in Bibliis aliter scribunlur, aliter leguntur, in-8, Wittenberg, 1562. L. Guilloreau.

1. AVENDANO (Alphonse de), dominicain espagnol, originaire de Léon, mort à Valladolid le Il octobre 1596, profès du couvent de Benavente et prieur de celui de Guadalajara. Très renommé de son temps comme prédicateur, il est plus connu aujourd’hui pour ses deux ouvrages sur la Sainte Écriture, livres un peu lourds, mais très sérieux. 1° Commentaria in Psalmum cxrm, Salamanque, 1584 ; in-8°, Venise, 1587. Il nous apprend lui-même qu’avant d’écrire sur ce psaume en latin, il l’avait commenté pendant sept années en langue vulgaire, dans des sermons prêches à Salamanque. 2° Commentaria in Evangelium divi Matthxi (sous-titre : In hoc opère, candide lector, et sensum lilleralem explicatum et plures conçûmes ad populum habitas luculentissime scriptas reperies), 2 in-f°, Madrid, 1592 et 1593. — Voir Quétif-Échard, Script, ord. Prxd., t. ii, p. 317 6, Antonio, Bibl. hisp. nova (1783), , t. i, p. 11. M. Férotin.

2. AVENDANO (Diego de), théologien espagnol, né à Ségovie en 1593, mort à Lima (Pérou) le 31 août 1688. n entra au noviciat des Jésuites de Lima le 25 avril 1612, et il devint recteur des collèges de Cuzco et de Chuquisæa,