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AUTRUCHE — AUXILIAIRES


moquer de la frayeur de leur ennemi. Dans le silence de la nuit, leur organe vocal paraît avoir un timbre tout différent. Elles font entendre alors un grondement plaintif et horrible, qui ressemble parfois au rugissement du lion, et plus souvent rappelle la voix enrouée d’autres quadrupèdes, principalement du taureau et du bœut. Je les ai entendues souvent gémir, comme si elles avaient été en proie aux plus affreuses tortures. » L’autre passage est un portrait poétique de l’animal :

L’aile de l’autruche s’ébat joyeuse,

Mais est-ce l’aile, est-ce la plume de la cigogne ?

Elle abandonne ses œufs dans la terre,

Elle les chauffe dans la poussière.

Elle ne pense pas que le pied peut les fouler,

Et que la bête sauvage peut les écraser.

Dure pour ses petits comme pour des étrangers,

Elle n’a pas souci d’avoir travaillé en vain ;

Car Dieu l’a privée de sagesse,

Et ne lui a point départi d’intelligence.

Mais, quand il en est temps, elle prend un fier essor,

Et se rit du cheval et de son cavalier. Job, xxxix, 13-18.

se contentent de déposer leurs œufs sur un amas de sable qu’elles ont formé grossièrement avec leurs pieds, et où la seule chaleur du soleil les fait éclore. À peine les couvent-elles pendant la nuit, et cela même n’est pas toujours nécessaire, puisqu’on en a vu éclore qui n’avaient point été couvés par la mère, ni même exposés aux rayons du soleil. » Buffon, Œuvres, 27 in-8°, Paris, 1829, t. xix, p. 340-341. L’autruche passe pour stupide. Son cerveau est, en effet, de très petit volume ; elle se croit bien cachée quand sa tête est à l’abri dans un buisson, et elle se laisse facilement prendre au piège. Mais comme la puissance du Créateur éclate dans l’agilité merveilleuse dont il a doué le gracieux coureur ! C’est à ce titre que l’auteur de Job l’a si complaisamment décrite. — Voir E. d’Alton, Die Skelete der straussartigten Vôgel abgebildet und beschrieben, in-f », Bonn, 1827 ; M. Th. vonHeuglin, Ornithologie Nordosl-Afrika’s, in-8°, Cassel, 1869-1875 ; J. de Mosenthal et E. Harting, Ostriches and Oslrich Farming, in-8°, Londres, 1876 ; Frd. Gilbert (Y. Rambaud), L’élevage des autruches, ’  «  «  « < «  «  « ( «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  «  « <<

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380. — Autruches brodées sur les vêtements d’un eunuque assyrien. Palais nord-ouest de Nimrond. D’après Layard, Monuments of Xineveh, t. i, pi. 47.

L’aile de l’autruche ne peut, en effet, que s’ébattre et tressaillir, sans aider l’animal à s’élever dans les airs comme la cigogne, et c’est à peine si, quand l’oiseau marche, on sent qu’il a des ailes. L’auteur fait allusion à une autre différence notable entre les deux oiseaux. La cigogne est appelée hâsîdâh, « la pieuse, » à cause de sa tendresse maternelle. Les Arabes disent au contraire de l’autruche qu’elle est impie, parce qu’elle abandonne ses petits, et Jérémie accuse Israël d’être i cruel comme l’autruche du désert ». Lament., iv, 3. Bien entendu, l’un et l’autre oiseau ne fait qu’obéir à l’instinct que lui a donné la Providence. L’insouciance de l’autruche est même « un don précieux dont la sagesse du Créateur l’a gratifiée, pour lui rendre plus facile la vie périlleuse et sauvage du désert. Si l’autruche était prévoyante et tendre, quelle ne serait pas sa douleur lorsqu’elle est forcée d’abandonner ses petits pour échapper au chasseur, contre lequel elle n’a d’autres armes que son cri perçant et sa course rapide comme le vol ! » Herder, Poésie des Hébreux, Ve dial., traduct. Carlowitz, in-8°, Paris, 1854, p. 93. D’ailleurs les œufs de l’oiseau n’ont pas plus à souffrir de l’abandon et du pillage que ceux des autres. « Dans la zone torride, les autruches in-8°, Paris, 1882 ; Ostrich farming Reports from the Consuls of the United States, in-8°, Washington, 1882 ; Brehm, Vie des animaux, trad. de Z. Gerbe, t. iv, p. 449 ; E. Hobul. et A. von Pelzeln, Beitràge zur Ornithologie Sûd-Afrika’s, in-8°, Vienne, 1881.

H. Lesêtre.

AUXILIAIRES. Sous la république, on appelait ainsi les soldats étrangers qui, attachés aux légions, ou formés en corps séparés, étaient obligés de servir les. Romains comme prix de la protection qui était accordée â leur. patrie d’origine. Sous l’empire le nom d’auxilia. s’appliquait à tous les corps autres que la légion, qu’ils> fussent composés de citoyens ou d’étrangers, excepté toutefois à la garde impériale et aux troupes urbaines. Voir Armée romaine, col. 996, 997. Parmi ces auxiliaires, les uns servaient dans la cavalerie, les autres, dans l’infanterie. Ils se distinguaient des soldats romains proprement dits par leur costume et par leurs armes, qui étaient très souvent celles de leur pays d’origine. Tacite, Hist., ii, 89. Même entre les auxiliaires armés à la romaine et les cava^ers légionnaires il y avait en général une différence 4, ’armehient et de cos-