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AUTEL


La distinction des grammairiens entre « petit autel », ara, et « autel élevé », altare (alta-ara), semble confirmée par l’expression de Pline le Jeune : Inter aras et altaria, Pline, Pcmeg., i, 5. Souvent ces autels portaient le nom de la divinité à laquelle ils étaient consacrés. C’est ce que suppose l’inscription de l’autel d’Athènes dont saint Paul tire l’exorde de son discours à l’Aréopage. Act., xvii, 22-23. Voir Athènes, col. 1213. On y représentait souvent des festons de feuillage et de fleurs (fig. 376), et sur quelques-uns, comme celui du temple de Samas, à Sippara, on entretenait un feu perpétuel. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. v, p. 306. Plusieurs avaient à leurs angles supérieurs des proéminences analogues aux cornes prescrites pour les deux autels du tabernacle mosaïque (fig. 377). Ces autels étaient placés dans l’intérieur des temples, ou en dehors, comme était

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374. — Autel grec. Vase antique.

D’après Gerhard, Auserles. Vasenbilder, pi. 155.

l’autel des holocaustes à Jérusalem, ou encore dans les rues, comme cet autel des Lares Viales retrouvé dans les ruines de Pompéi, adossé au mur extérieur d’une maison. Voir Rich., Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, p.45 ; c{. Plaute, Aul., i, l, 20 ; Most., V, i, 45 ; quelquefois à la porle des villes. Act., xiv, 12. Quand ils étaient à l’intérieur des maisons, ils se trouvaient ordinairement dans l’atrium et étaient consacrés aux dieux pénates.

VI. Autel chrétien. — Il est appelé par saint Paul ft’jutauTïipiov, altare, Heb., xiii, 10, et TpàrceÇa Kupi’ou, mensa Domini, I Cor., x, 21, expressions qui désignent soit le sacrifice offert sur l’autel de la loi nouvelle, soit la table de la dernière cène, sur laquelle ce Bacrifice fut institué et célébré pour la première fois. La seconde de ces dénominations tomba de bonne heure.en désuétude, tandis que la première, traduite chez les Pères latins par altare, demeura presque exclusivement reçue, Cf. S. Ignace, Epist. ad Ephes., t. v, col. 736 ; Origéne, Homil-, x, in Num., t. xii, col. 638 ; S. Irénée, Adv. Hseres., iv, 18, t. vii, col. 1029 ; S. Cyprien, Ep. xl, t. iv, col. 336. Les Pères latins se servent aussi du mot ara.

L’autel sur lequel fut célébré pour la première fois le sacrifice eucharistique fut la table de pierre, ou plus probablement de bois, du Cénacle, où Jésus-Christ fit la dernière Cène avec ses Apôtres. À son exemple, les pre miers chrétiens se servirent d’abord de tables de bois, sur lesquelles se faisaient en même temps les agapes. Act., il, 46 ; xx, 11 ; Cor., xi, 20-34. Lorsque celles-ci furent séparées du sacrifice proprement dit, les autels changèrent déforme tout en conservant leur matière primitive. L’autel conservé à Rome dans la basilique de Saibt-Jean-de Latran, et sur lequel, d’après la tradition, saint Pierre offrait le saint sacrifice, est une table de bois en forme de coffre. Rasponi, De basilica lateran., Rome, 1656 ; Ciampini, De sacris sedificiis a Constantino niagnoconstructis, Rome, 1693, p. 15. Avec le temps, soit sous saint Sylvestre I 8r, soit un peu plus tard, on commença à substituer aux autels de bois des autels de pierre qui fournissaient, avec une plus grande solidité, un symbole plus frappant de Jésus, la pierre fondamentale et vivifiante de l’Église. I Cor., x, 4. Saint Grégoire de Nysse, Orat. de

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375. — Autel du temple de Vespasien de Pompéi.

baptism. Christi, t. xlvi, col. 582, et saint Jean Chrysostome, Boni, xx in II Epist. ad Cor., t. lxi, col. 539-540, parlent d’autels de pierre pour le saint sacrifice. Depuis Constantin, on voit aussi les chrétiens élever des au tels d’argent et d’or, ou du moins incrustés d’or, d’argent et de pierres précieuses. AnastaseBiblioth., Hist. devitis Rom. pont., Patr. lat., t. cxxvii, col. 1519-1520, 1523-1524 ; Sozomène, H. E., ix, 1, t. lxvii, col. 1596. Cependant les autels de bois ne disparurent pas complètement (S. Optât de Milève, 1. VI, t. xi, col. 1064, 1065, etc. ; S. Augustin, Ad Bonifac, Ep. clxxxv, t. xxxiii, col. 805 ; cf. Martène, Deantiq. rit., i, iii, 6, n. 5, Rouen, 1700, t. i, p. 301), jusqu’à ce que la législation ecclésiastique en vînt à déterminer la pierre comme la matière obligatoire de l’autel. Concile d’Épaone, 517, can. 33. De plus, les chrétiens, qui pendant la période des persécutions avaient pris l’habitude d’offrir le saint sacrifice sur les tombeaux des martyrs ensevelis aux catacombes, continuèrent après Constantin à élever de préférence leurs autels là où reposaient les corps des saints, ou du moins à y renfermer des reliques. S. Ambroise, Epist. XXII ad Marcellin. soror., t. xvi, col. 1023 ; S.Jérôme, Cont. Vigilant., t. xxiii, col. 346 -347 ; S. Augustin, Cont. Faust., xx, 21, t. xlii, col. 384 ; Prudence, Peristephan. , flymn. iii, 212, t. xl, col. 356 ; Hymn. v, 515 et sq., col. 407. De là vint qu’on donna souvent aux autels