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dans le temple, il n’en est pas explicitement question, bien que d’autres objets du culte de moindre importance soient signalés, Ant. jud., XIV, IV, 4 ; Bell, jud., i, vu, 6 ; mais ailleurs le même auteur le désigne sûrement par le mot (hju.iscriiptoM, que plusieurs traducteurs ont mal rendu par l’expression « vase à parfums ». Bell, jud., V, v, 5 ; cf. Ant. jud., III, viii, 2 ; Bell, jud., VI, viii, 3. C’est par ce mot que l’autel des parfums est désigné dans saint Paul, Hebr., rx, 4. Josèphe, sans le décrire, le met au nombre des trois chefs-d’œuvre contenus dans le sanctuaire, qu’il déclare dignes d’une renommée universelle. Consacré à l’origine par l’onction de l’huile sainte, Exod., xxx, 25-27, cet autel servait chaque matin et chaque soir à l’oblation du sacrifice de l’encens. Exod., xxx, 7-8. Puis chaque année, dans la grande fête de l’Expiation, Lev., xvi, 14-19 ; cf. Exod., xxx, 10, il était solennellement purifié. Voir Expiation (Fête de l’). L’autel des parfums servait encore à deux autres cérémonies expiatoires, ayant pour objet d’expier, l’une, quelques fautes spéciales commises par le grand prêtre, Lev., iv, 2-12, l’autre, les

372. — Alltel égyptien chargé d’offrandes. Tel ! el-Amarna, xviip dynastie. D’après Lepsius, D&nkmaler, Afctb. iii, pi. 96.

péchés d’ignorance du peuple. Lev., iv, 13-14. Le rite consistait à asperger du sang des victimes pour le péché les cornes de l’autel, après avoir aspergé sept fois le voile du Saint des saints. La cérémonie se terminait par l’effusion du sang au pied de l’autel des holocaustes. Lev., iv, 3-21.

V. Autels idolatriques. — Ceux dont la Sainte Écriture parle le plus souvent sont les autels que les Juifs élevèrent, pour satisfaire leur penchant à l’idolâtrie, en l’honneur des divinités étrangères. III Reg., xiv, 23 ; IVReg., xvii, 11 ; II Par., xiv, 5 ; xxviii, 23-25 ; cf. xxxiv, 4 ; Jer., xi, 13, etc. Mais il y est également question de ceux que les peuples voisins érigèrent chez eux, et quelquefois même en Palestine, après s’y être établis en vainqueurs.

i « Autels idolatriques des Hébreux. — Déjà dans le désert du Sinaï ils élevèrent un autel au veau d’or, en souvenir sans doute du bœuf Apis, dont les Hébreux avaient vu les autels et les images, dans leur séjour en Egypte, Exod., xxxii, 5 ; cf. Aet., vii, 41 (voir Apis) ; puis les autels de Baal, le grand dieu des races sémitiques du nord, Chananéens, Tyriens, Syriens, pour le culte duquel les Hébreux semblent avoir eu un attrait prédominant. Déjà, du temps des Juges, ils lui dressaient des autels. Jud., vi, 25, 28, 32. Gédéon détruisit celui d’Éphra ; mais ils se multiplièrent sous les rois soit d’Israël, soit de Juda, excepté sous le règne de quelques princes religieux et zélés, qui les détruisirent pour un temps. III Reg., xvi, 32 ; ÎV Reg., x, 18-24 ; xi, 18 ; xxi, 3 ; xxiii, 4, 5, 8 ; II Par., xxm, 17 ; xxxiii, 3-, 15. Il faut signaler entre tous l’autel de modèle païen, syrien ou peut-être assyrien, que l’impie Achaz fit ériger dans le temple de Jérusalem, après en avoir pris le dessin à Damas. À cet autel s’attache cette particularité, qu’étant de type idolâtrique, et par consé quent contraire à la loi mosaïque, il fut probablement destiné à l’oblation de sacrifices en l’honneur du vrai Dieu. IV Reg., xvi, 12-15. En même temps qu’ils élevaient des autels à Baal, les Hébreux en dressaient pour honorer sa compagne inséparable, Astarthé. Jud., ii, 13 ; I Reg., vu, 4 ; HI Reg., xi, 5 ; II Par., xxiv, 18 ; Jer., xliv, 18. H y eut probablement aussi à certaines époques, chez les Hébreux, des autels en l’honneur de Moloch, le dieu des Ammonites, et de Chamos, le dieu des Moabites, au culte desquels les Juifs se laissèrent quelquefois entraîner. Lev., xviii, 21 ; xx, 2-5 ; III Reg., xi, 5-7, 33 ; Jer., xxxii, 35 ; Am., v, 26. Manassé érigea aussi des autels « à toute l’armée des cieux dans les deux parvis de l’a maison du Seigneur ». IV Reg., xxi, 5 ; cf, xvti, 16 ; xxiii, 4. Achaz avait également dressé des autels idolatriques « dans tous les coins de Jérusalem » et dans toutes les villes de Juda. II Par., xxviii, 24, 25 ; cf. xxx, 14. Vers l’époque delà captivité, les Juifs, au témoignage de Jérémie, en étaient arri 373. — Autel assyrien. Musée du Louvre.

vés à avoir autant d’autels idolatriques qu’il y avait de rues dans Jérusalem. Jer., xi, 13. Enfin par ordre d’Antiochus IV Épiphane furent élevés dans Jérusalem et dans toutes les villes de Juda des autels païens sur lesquels on offrait, par mépris de la loi mosaïque, des pourceaux et des animaux impurs en sacrifices. I Mach., i, 46-50.

2° Autels idolatriques des nations étrangères. — Ceux qui sont signalés dans l’Écriture sont d’abord ceux des Chananéens, que Dieu ordonna aux Hébreux, à différentes reprises, de renverser lors de leur entrée dans la Terre Promise, Exod., xxxiv, 13 ; Deut., vii, 5 ; xii, 3 ; Jud., ii, 2, et particulièrement ceux que dressa Balac, roi des Moabites, sur l’ordre de Balaam, sur les hauts lieux consacrés à Baal, et qui étaient assez grands pour contenir chacun un taureau et un bélier. Num., xxii, 41 ; xxiii, 1-2.

3° Forme des autels païens. — Ces autels, aussi bien que ceux des autres peuples, Égyptiens, Assyriens, Grecs, Romains, étaient de forme très variable. Les monuments de l’antiquité païenne en offrent des spécimens de forme quadrangulaire, rectangulaire, polygonale, ronde, ovale. Voir des autels égyptien, fig. 372 ; assyrien, fig. 373 ; grec, fig. 374 ; romain, fig. 375. On peut dire qu’en général les autels orientaux étaient plutôt quadrangulaires, les autels grecs et latins plus souvent ronds ; mais les exceptions sont nombreuses. La hauteur n’est pas moins variable. Chez les Grecs et les Latins, les uns ne sont pas plus élevés que le genou d’un homme, d’autres dépassent sa tête. L. Agostini, Le Gemme antiche figurate, 2 in-4°, Rome, 1657-1669, t. i, pi. 142.