Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/713

Cette page n’a pas encore été corrigée
1271
1272
AUTEL


gieuse, et l’autel des holocaustes, comme le temple lui-même, fut oublié, taudis que les prêtres se dispersaient dans les campagnes pour trouver leur subsistance. II Esdr., xiii, 10. L’oubli fut plus grand encore lorsque, par ordre du général des Perses Bagosès, un impôt fut prélevé pendant sept années sur chaque sacrifice. Josèphe, Ant. jud, XI, vii, 1. Avec toutes les choses saintes, il fût profané par Antiochus IV Épiphane, roi de Syrie. 1 Mach., i, 23, 57 ; iv, 38. D’après Josèphe, il dressa dans le temple un autre autel sur lequel on immolait des pourceaux. Ant. jud., Xll, v, 4. Judas Machabée, l’ayant trouvé dans ce délabrement après sa victoire sur les Syriens, le fit démolir entièrement, « parce que les Gentils l’avaient souillé, » I Mach., IV, 44-45 ; et, conservant par respect les pierres dont il était construit, il en érigea un autre avec des pierres neuves non polies, selon les règles données par Jéhovah, Exod., xx, 25 ; Deut., xxvii, 5-6, de sorte que ce second autel « était semblable au premier ». I Mach, iv, 47, 53. La dédicace solennelle en fut faite « le vingt-cinquième jour du mois de Casleu…, au même jour que trois ans auparavant le temple avait si indignement été profané par Antiochus », Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 6, et il fût établi que, comme chaque année le peuple célébrait le souvenir de la dédicace du temple, il célébrerait aussi eu cet anniversaire la dédicace de l’autel. I Mach., IV, 56, 59. Josèphe nomme cette fête çôtï, « lumières, » du grand nombre de flambeaux qu’on y allumait. Josèphe, Ant jud., XII, vii, 7.

L’autel des holocaustes ne subit pas de modification importante depuis Judas Machabée. Josèphe, Bell, jud., V, et la Mischna, Middôth, i, 4 ; iii, 1, 2, 4, en font une description sommaire. Il avait cinquante coudées de long, autant de large et quinze de haut, Josèphe, ibid. (trente-deux coudées seulement de long et autant de large, d’après ie Tahnud, Middôth, i, 4). Ni le ciseau ni le marteau n’avaient touché ses pierres, et, à la place du revêtement d’airain, on avait garni les parois extérieures d’un enduit solide, qui pouvait facilement être renouvelé ; il était de moindres dimensions à sa partie supérieure, dont la surface n’avait que vingt-quatre coudées de côté, ce qui s’explique par les terrasses ou chemins de ronde superposés qui étaient pris sur son épaisseur. Gomme à celui du temple de Salomon, on y montait par un plan incliné qui était du côté du midi ; mais les quatre cornes étaient, selon les traditions talmudiques, en forme de cubes de bois d’une coudée de côté, et remplis à l’intérieur de pierres, de poix, de chaux et de plomb (selon Josèphe, elles étaient en forme de poteaux d’angle et semblables à des cornes, xspaToei&î ? Y « vfaç. Bell, jud., V, v, 6). Près de celle du sud-ouest se trouvait le canal par où s’écoulait le sang des victimes, et une autre cavité qui servait à recevoir les libations.

Jésus-Christ fait allusion à l’autel des holocaustes dans le discours sur la montagne, quand il recommande de ne pas y sacrifier avant d’être réconcilié avec le prochain, Matth., v, 23, 24, et ailleurs, quand il nous apprend que les Juifs avaient l’habitude de jurer par l’autel comme par le temple. Matth., xxiii, 18. Voir aussi I Cor., ix, 13.

IV. L’autel des parfums (hébreu : mizbêah haqqetôréf. Exod., xxx, 27). — Il était ainsi nommé parce qu’il était exclusivement réservé à l’oblation des parfums qu’on y faisait brûler en l’honneur de Dieu. Nous n’en n’avons pas de représentation antique ; on n’a retrouvé que des peintures païennes dans lesquelles on voit brûler des substances odorantes en l’honneur des dieux (fig. 371). L’autel des parfums n’est pas nommé dans la première instruction divine donnée à Moïse pour l’organisation du tabernacle. Exod., xxv-xxvii. Ce n’est qu’après la description des ornements des prêtres et des lévites, après la détermination des ri*ss pour leur consécration, qu’il en est question dans une sorte d’appendice. Exod., xxx, 1-10. Son institution paraît donc avoir été postérieure à celle des autres objets placés dans le Saint, Exod., xxvi, 33-35, et avoir été amenée

par l’institution de la grande expiation annuelle. Exod., xxx, 10 ; Lev., xvi, 12-13. Cf. Exod., xxx, 1-10 ; xxxvii, 25-28 ; Lev., iv, 7 ; III Reg., vi, 20 ; vii, 48 ; I Par., xxviii, 18 ; Is., VI, 6 ; I Mach., i, 23 ; IV, 49, etc.

Cet autel était de proportions minimes, une coudée de long, une de large, soit environ cinquante centimètres de côté, et deux coudées ( à peu près un mètre) de haut ; il était fait de planches d’acacia (voir Acacia) revêtues d’un or très pur, d’où son autre nom d’  « autel d’or », mizbêah hazzâhâb. Exod., xxxix, 38 ; XL, 5, 20 ; III Reg., vu, 48. La partie supérieure était surmontée d’une corniche ou rebord, également en bois couvert d’or, qui empêchait les parfums de se répandre. Comme l’autel des holocaustes, il était muni aux quatre angles de cornes de même matière. Deux anneaux d’or étaient fixés aux côtés, pour passer les bâtons d’acacia couvert d’or qui servaient à le porter. Dans les marches, le tout était recouvert

z.S

371. — Autels païens à parfums. Peinture trouvée à Rome. D’après Wiuckelmana, Monuments inédits, pi. 177.

d’une étoffe de couleur pourpre, elle-même protégée par une couverture imperméable en peau de dugong ( hébreu : tahas. Exod., xxv, 5. Voir Dugong.

Cet autel occupait le milieu du Saint, entre le chandelier à sept branches et la table des pains de proposition, tout près du voile qui fermait le Saint des saints. Il était aiftsi en face de l’arche et du propitiatoire, ce qui l’a fait appeler « l’autel de l’oracle », III Reg., VI, 22 ; cf. Heb., ix, 4 ; ou encore « l’autel qui est en face du Seigneur », Lev., iv, 18, par opposition à l’autel des holocaustes, qui était « à l’entrée du tabernacle ». Lev., iv, 18.

L’autel des parfums du temple de Salomon est mentionné plusieurs fois dans les livres des Rois, III Reg., i, 20, 22 ; . vu, 48 ; IX, 25, tandis qu’il y est seulement fait allusion à l’autel des holocaustes. III Reg., ix, 25. L’auteur des Paralipomènes en parle également I Par., xxviii, 18 ; II Par., iv, 19 ; xxvi, 19. Il était en bois de cèdre, III Reg., vi, 20, et non d’acacia comme celui de Moïse. Il est appelé quelquefois « autel d’or », III Reg., vii, 48, parce qu’il était recouvert d’or. III Reg., vi, 20, 22 ; II Par., iv, 19. Il avait les mêmes dimensions que celui du tabernacle, tandis qua celui qu’Ézéchiel contempla dans sa vision avait trois coudées de haut, deux de long et (Septante) deux de large.. Ezech., xli, 22. Il est également mentionné dans le templede Zorobabel, où il fut rétabli après qu’on l’eut retiré de la caverne où Jérémie l’avait caché lors de la prise de Jérusalem, II Mach., ii, 5, et plus tard par Judas Machabée, après qu’Antiochus IV Épiphane l’eut brisé pour en enlever le parement d’or. I Mach., i, 23 ; iv, 49. Josèphe, dans l’énumération des objets précieux enlevés par Titus du temple d’Hérode et apportés à Rome, Bell, jud., Vil, v, 5, ne dit rien de l’autel des parfums, et lorsqu’il raconte la prise de Jérusalem par Pompée et la visite de celui-ci