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AUREUS (CODEX) — AUROCHS


min pourpre à lettres d’or provenant du couvent de Saint-Jean de Garbonara, à Naples ; ce manuscrit oncial, le plus ancien spécimen de cette calligraphie, est du ixe siècle. Un fac-similé en a été publié par Silvestre, Paléographie universelle, Paris, 1840, II, 156. Le signataire du présent article a décrit le premier un manuscrit cursif des quatre Évangiles sur parchemin pourpre et à encre d’or, œuvre calligraphique du Xe siècle, propriété de l’église de l’Annonciation, à Bérat. P. Batiffol, Les manuscrits grecs de Bérat d’Albanie, Paris, 1886, p. 15.

Cependant le nom de Codex Aureus est de préférence réservé à un manuscrit de la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, où il est coté VI, 470, au catalogue de M. de Murait. L’écriture est minuscule, d’une main byzantine du Xe siècle, au jugement de M. Gregory et de M. Hort. Le parchemin, réparti en quaternions ou cahiers de huit feuillets, est teint en pourpre. Chaque page ne comporte qu’une colonne de dix-huit lignes en moyenne. Les initiales sont avancées dans la marge et sans décor, comme c’était de mode calligraphique à Constantinople au xe siècle. La marge porte de courtes scolies critiques marquant des variantes, et écrites à l’encre d’argent en petite onciale. Le grec, tant du texte que des scolies, est accompagné de ses accents et de ses esprits, et comporte les abréviations ordinaires à la minuscule de cette époque. Hauteur de chaque feuillet : 207 millimètres. Largeur : 130 millimètres. Nombre des feuillets : 405. Le manuscrit renferme les quatre Évangiles, moins Joa., xi, 26-48, et xiii, 2-23. Les fragments Matth., xx, 18-26 ; xxi, 45-xxii, 9 ; Luc, x, 36-xi, 2 ; xviii, 25-37 ; xx, 24-36 ; Joa., xvii, 1-12, sont des restaurations récentes. Il est probable que ce manuscrit a été écrit à Constantinople. Une tradition sans fondement voudrait faire croire qu’il est de la main de l’impératrice Théodora (842-855). Au commencement du siècle présent, il appartenait au couvent de SaintJean, proche de Houmish-Khan et de Trébizonde ; l’abbé du couvent, l’archimandrite Silvestre, en lit don à l’empereur de Russie, en l(-29. Voir Revue critique, 1860, p. 201.

Le texte du Codex Aureus ne diffère point de la tradition commune aux manuscrits proprement byzantins, sauf en saint Marc. Le texte de saint Marc qu’il nous présente se rattache étroitement à la tradition textuelle que l’on appelle occidentale, et dont il est un remarquable spécimen à rapprocher du Codex Claromontanus. — M. de Murait a donné une bonne description et un fac-similé du Codex Aureus dans le Catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque impériale, Saint-Pétersbourg, 1864. Il en avait collationné le texte pour l’édition donnée par lui du Nouveau Testament grec, Hambourg, 1848. M. Belsheim a publié depuis in extenso le texte de saint Marc : Das Evangelium des Marcus nach dem griechischen Codex Theodoræ imperatricis purpureus petropolilanus, Christiania, 1885. Mais l’exactitude critique de cette édition n’est pas irréprochable. Gregory, Prolegomena, p. 556-557, au Novum Testamentum grœce, edit. vin crit. maj., de Tischendorf, Leipzig, 1890.

P. Batiffol.

    1. AURIVILIUS Charles##

AURIVILIUS Charles, orientaliste suédois, né à Stockholm en 1717, mort en 1786. Il étudia d’abord les langues orientales sous le savant Tympe, d’Iéna ; puis il alla en Italie, et de là à Paris, où il eut pour maître d’arabe Fourmont ; ensuite il visita Leyde, et y poursuivit ses mêmes études sous Schulten. De retour en Suède, il continua à Upsal le cours de ses travaux sur les langues orientales. En 1764, il occupait à la chancellerie l’emploi de traducteur d’arabe et de turc, et huit ans plus tard il fut promu au titre de professeur de langues orientales à Upsal. En 1773, il fit partie de la commission chargée d’une nouvelle traduction de la Bible en suédois, et pour. sa part il traduisit le Pentateuque, Josué, les Juges, Job, les Psaumes, les. Prophètes et les Lamentations. Il avait publié un certain nombre de dissertations relatives à

l’Écriture Sainte et à la littérature orientale. Les trente plus remarquables furent réunis par J. D. Michælis. Car. Aurivilii Disserlationes ad sacras litteras et philologiam orientaient pertinentes, in-8°, Goettingen et Leipzig, 1790. — Voir Michælis, Neue orientalische und exegetische Bibliothek, t. v, p. 431. L. Guilloreau.

    1. AUROCHS##

AUROCHS (hébreu : re’êm, ou rêm ; Septante : jjiovéxêptoc ; Vulgate : rhinocéros, et dans les Psaumes et Is., xxxiv, 7 : unicornis, « la licorne » ).

J. Le « re’ém » des Hébreux. — Voici en quels termes la Bible parle du re’êm, dans les huit passages où elle en fait mention. Balaam dit du peuple hébreu : « Sa force est semblable à celle du re’ém. » Num., xxiii, 22 ; xxiv, 8. Moïse caractérise ainsi la descendance de Joseph : « Son premier-né est un taureau, ses cornes sont les cornes du re’êm ; avec elles il lancera en l’air les nations jusqu’aux extrémités de la terre. » Deut., xxxiii, 17. Au psaume xxi, 22, David fait dire au Messie souffrant, accablé par ses ennemis : « Délivre-moi de la gueule du lion et dos cornes du re’ém. » Au psaume xxviii, 6, il fait gronder la voix de l’orage qui « brise les cèdres du Liban et fait bondir les cèdres comme le jeune taureau, le Liban et le Sirion comme le petit du re’êm ». On lit dans le livre de Job : « Le re’êm consentira-t-il à te servir et à demeurer dans ton étable ? Attacheras-tu le re’êm au sillon avec ta corde, et aplanira-til la terre labourée derrière toi ? Pourras-tu compter sur sa vigueur extraordinaire et lui confier tes travaux ? T’attendras - tu à ce qu’il te ramène ta récolte et la recueille sur ton aire ? » Job, xxxix, 9-12. Isaïe compare le massacre des Iduméens et des nations idolâtres à l’immolation des animaux dans les sacrifices : « L’épée du Seigneur est pleine de sang ; elle s’est engraissée de la graisse et du sang des agneaux et des boucs, des gras rognons des béliers. Les re’êmim seront immolés en même temps, avec les plus puissants des taureaux. » Is., xxxiv, 6-7. Enfin au psaume xci, II, qui est sans nom d’auteur, le psalmiste remercie Jéhovah de le faire triompher de ses ennemis : « Tu élèves ma corne comme celle du re’êm. » Ce psaume appartient au quatrième livre du Psautier, et par conséquent date au plus tard des temps qui ont suivi immédiatement Esdras. De tous ces passages, il ressort que le re’êm était un animal bien connu des Hébreux, depuis la sortie d’Egypte jusqu’au retour de la captivité ; que cet animal était pourvu de cornes redoutables, qu’on n’avait pu le domestiquer, qu’il n’était pas sans analogie avec le taureau, puisque les auteurs sacrés le mettent en parallèle avec lui, et qu’enfin il appartenait à une race assimilable à celle du bœuf. Rosenmùller a, en effet, remarqué que, dans le passage cité d’Isaïe, « tous les animaux propres aux sacrifices sont rassemblés. » Le re’êm y est nommé avec les agneaux, les boucs, les béliers et les taureaux, et l’on sait que les Hébreux ne pouvaient offrir au Seigneur que des victimes de race ovine, caprine ou bovine.

Les interprètes ne sont point d’accord pour déterminer l’espèce à laquelle appartient le re’êm de la Bible. On l’a identifié avec la licorne, le rhinocéros, le buffle, l’oryx et l’aurochs. — Dans sept des passages allégués, les Septante traduisent par (lovtixepioç, l’animal « à une corne », et dans Isaïe seulement ils emploient le mot iSpof, « les forts. » Dans le Pentateuque et dans Job, la Vulgate traduit par « rhinocéros » ; dans les Psaumes et dans Isaïe, par unicornis, l’animal « à une corne ». Au psaume lxxvii, 09, elle traduit aussi « licorne », parce que les Septante, dont notre version des Psaumes est la traduction, ont lu re’êmim au lieu de râmîm, « hauteurs. » 1° L’identification du re’êm, soit avec le rhinocéros, soit avec la licorne, est aujourd’hui universellement rejetée. La licorne est un animal fabuleux. Elle n’a jamais pu être décrite avec précision, quoique Aristote, Hist. anim., II, ii, 8 ; PJine, H. N., viii, 21, et d’autres auteurs anciens en aient fait mention. Tout ce que l’on sait, c’est que le trait carac-