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AUGUSTE


Octave était, par sa mère Attîa et sa grand’mère Julia, petit-neveu de Jules César, qui l’éleva et l’adopta. Né en 691 de Rome, 63 avant J.-C, sous le consulat de Cicéron, il avait dixiieuf ans quand il apprit à Apollonie, où il étudiait l’éloquence, la fin tragique de son père adoptif. En toute hâte, il quitta la {îrèce pour courir à Rome revendiquer son héritage, et s’unir à ceux qui voulaient venger sa mémoire en poursuivant ses assassins. Nous n’entrerons pas dans les détails d’une vie qui appartient toute à l’histoire profane, et ne touche que par hasard à l’histoire sacrée. Qu’il suffise de rappeler qu’après avoir marché contre Antoine, pour l’obliger à lui restituer l’héritage de son oncle et à acquitter les legs

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363. — Denier d’Auguste.

Tête laurée d’Auguste, h droite. — CAESAR AVGVSTVS. Bouclier rond, au centre duquel on lit les lettres CLT (Clypeus ToUrns}, À droite et à gauche, un laurier et lee lettres SPQR (_Senatus Populvsque Romanus).

qu’il avait faits au peuple, il trouva plus sage, sur l’avis de Pansa mourant, à Modéne, de faire la paix avec son rival vaincu, mais encore redoutable, par le concours que Lépide se disposait à lui prêter. Les trois généraux -s’entendirent donc pour former un second triumvirat, 43 avant J.-C. Ils se désignèrent eux-mêmes comme triumvirs réformateurs de la république, avec des pouvoirs consulaires. Les premiers résultats de cette alliance furent horribles. Les triumvirs se sacrifièrent mutuellement leurs parents et leurs meilleurs amis Octave donna la tête de Cicéron, en retour de celle du frère de Lépide et de l’oncle d’Antoine. Trois cents sénateurs et deux mille chevaliers furent massacrés. Après quoi les triumvirs marchèrent contre Cassiùs et Brutus, chefs du parli républicain, qu’ils écrasèrent à Philippes. Octave, retenu sous sa tente par une indisposition vraie ou fausse, n’avait pas pris part à la victoire ; mais il n’en eut pas moins le plus beau lot dans le partage de l’empire : on lui attribua l’Italie, les Gaules et l’Espagne. Son triomphe ne lui ôta rien de sa cruauté. Il avait voulu que la tête de Brutus fût jetée aux pieds de la statue de César ; il fit égorger les plus illustres d’entre les prisonniers, et distribua à ses vétérans les terres dont il dépouilla ses adversaires politiques. Enfin quelques guerres heureuses contre ceux qui voulaient faire obstacle à son accroissement l’amenèrent à priver de ses provinces le faible Lépide, qu’il réduisit à la dignité de grand pontife, et à entreprendre contre Antoine, qui avait outragé, en refusant de la recevoir, Octavie, sa femme, sœur d’Octave, une lutte ouverte et décisive. Il le défit à Actium, 31 avant J.-C ; et pour en finir, en demeurant seul maître de l’empire, il Je poursuivit jusqu’à Alexandrie, où le malheureux, entraîné par sa passion pour Cléopâtre, s’était réfugié. Bientôt il ne resta plus aucun espoir de salut à Antoine, qui se poignarda et assura ainsi l’omnipotence de son rival. Le sénat proclama Octave Empereur, Auguste, Préfet des mœurs, Consul à vie, et ainsi, sous des titres divers et avec les pouvoirs absolus qu’il sut concentrer successivement dans ses mains, on le laissa rétablir, sous un nom nouveau, le gouvernement monarchique, 27 avant J.-C. (fig. 364). Jamais on n’avait plus parlé de liberté, et jamais on n’alla plus vite au-devant de la servitude. Il faut dire qu’Octave sut y conduire avec une grande habileté ceux qui semblaient en avoir le plus horreur. On l’appela le Père de la patrie. À l’intérieur, il développa de sages institutions et assura la prospérité de l’empire, favorisant le3

lettres et les arts, transformant Rome, qu’il avait trouvée bâtie en briques, et que, selon sa propre expression, il laissa toute de marbre. On sait qu’Auguste a eu l’honneur de donner son nom à un des trois grands siècles de l’humanité. Au dehors, d’heureuses guerres avaient fini par assurer la tranquillité de l’empire, et, un an avant la naissance de Jésus-Christ, il put, pour la troisième fois depuis la fondation de Rome, fermer le temple de Janus, resté ouvert depuis deux cent cinq ans. On était arrivé à une des heures

36é. — Statue d’Auguste. Musée du Louvre.

les plus solennelles de l’histoire : le Messie allait naître dans une bourgade obscure de la Judée. Par un édit dont il sera parlé plus tard, voir Quirinius, Auguste prescrivit un recensement général de l’empire, et c’est par suite de cet édit, exécuté en Palestine vers la dernière amiée d’Hérode, que, Joseph et Marie s’étant transportés de Nazareth à Befhléhem, Jésus y vint au monde, accomplissant ainsi la célèbre prophétie messianique de Michée, v, 7. Déjà, et d’une manière plus directe, Auguste avait précédemment exercé son inlluence sur les affaires de Palestine. Après la victoire d’Actium, il avait couvert de son plus généreux pardon Hérode, qui s’était imprudemment attaché au parti d’Antoine. L’habile Iduméen, après son entrevue avec le nouveau maître du monde, s’était appliqué à capter toute sa confiance, et il y avait réussi, obtenant de lui de continuelles faveurs. Joséphe, Ant.jud., XV, V7, 5 ; vil, 3 ; x, 3. En revanche, il se montra le. plus flatteur de tous les rois vassaux de l’empire, fondant des villes auxquelles