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raient à la lutte par une série prolongée d’exercices, appelée « agonistique ». Mais bientôt des hommes firent métier de paraître dans les jeux publics pour s’y disputer les prix ; on les nomma « athlètes », et l’agonistique, jadis en honneur parmi les jeunes citoyens, devint une profession à laquelle se vouèrent, pour la plus grande partie de leur vie, ceux qui en avaient le goût et la force. L’agonistique fut définitivement remplacée par l’ « athlétique ». Voici quels étaient les exercices dont la série composait les grands jeux.


351. — Coureurs. On lit au-dessus : Στάδιν ανδρων νεκη. D’après un vase peint du musée de Munich.

  1. La course, σταδιον ou δρόμος (fig. 351). Elle se faisait dans le stade, espace nivelé pour la course des piétons et celles des chevaux et des chars. Tout autour de cette piste, ou seulement sur un des côtés, s’élevaient des gradins sur lesquels prenaient place de nombreux spectateurs. Les présidents des jeux, agonothètes ou athlothètes, occupaient des sièges d’honneur à l’une des extrémités.

Le stade tirait son nom de la mesure indiquant sa longueur. La mesure appelée « stade » équivalait à 177™ 40. J. Gow, Minerva. traduction S. Reinach, in-12, Paris, 1890, XI, 44, p. 85. Le stade d’Olympie avait juste cette longueur ; ailleurs la piste était plus longue.


352. — Agonothètes assis devant une table où sont déposées huit couronnes pour les vainqueurs des jeux. D’après un calendrier figuré d’Athènes. Lebas, Voyage en Grèce. Monuments figurés, pl.22.

Dans la course simple, il fallait parcourir le stade d’un bout à l’autre. Dans la course double, ou « diaule », le trajet devait être parcouru à l’aller et au retour sans arrêt. Enfin dans la « dolique », le coureur avait à fournir sans nul repos une course de douze à vingt-quatre stades, soit de deux à quatre kilomètres. Un jour, un vainqueur Spartiate, Ladas, tomba mort en arrivant au but. Pour rendre possibles ces deux dernières courses, on avait divisé la piste en deux parties par une ligne de démarcation indiquée par trois colonnes. Sur la colonne dressée à l’extrémité était écrit le mot ϰάψον, « tourne, » et sur les deux autres, ἀρίστειε, « courage, » et σπεῦδε, « dépêche-toi. » Le but à atteindre s’appelait τέρμα. Les juges des jeux, qui prenaient le nom d’ « hellanodices » ou « juges de la Grèce » aux fêtes olympiques, décernaient les couronnes et les autres récompenses aux vainqueurs.


353. — Couronnes et urne pour les vainqueurs des Jeux. Siège d’athlothète, en marbre, trouvé à Athènes. D’après J. Stuart et H. Revett, Antiquities of Athens, in-fol., Londres, 1762-1816, t. iii, p. 29.

Dans un bas-relief découvert à Athènes, on voit les agonothètes assis derrière une table sur laquelle sont déposées les couronnes (fig. 352). Un siège de marbre, trouvé dans la même ville, montre sur l’un des côtés une petite table portant les couronnes et une urne destinée aux vainqueurs (fig. 353). Saint Paul, qui connaissait la passion des Grecs pour le jeu, fait de fréquentes allusions aux courses du stade. Qui mieux que les Corinthiens, par exemple, pouvait le comprendre, quand il écrivait : « Ceux qui courent dans le stade (οἵ έν σταδίῳ τρέχοντες) courent tous ensemble, sans doute ; mais un seul remporte le prix (βραϐεῖον). Courez donc de manière à le remporter. » I Cor., ix, 24. Il aimait à comparer la vie chrétienne à la course. Gal., ii, 2 ; v, 7 ; Phil., ii, 16 ; Rom., IX, 16. Il disait de lui-même : « Je n’estime pas ma vie plus que moi-même, pourvu que j’achève ma course (δρόμον). » Act, xx, 24. Quand il écrit aux Galates, V, 7 : « Vous couriez bien, qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d’obéir à la vérité ? » il pense à ces coureurs qui cherchaient à barrer la route à leurs concurrents, pour les retarder ou les faire dévier du chemin le plus court. À la fin de sa vie, il écrit à Timothée : « J’ai combattu le bon combat (ἄγῶνα), j’ai achevé la course (δρόμον), j’ai gardé la foi. Désormais m’est réservée la couronne (στέφανος) de justice qu’en ce jour me donnera le Seigneur, le juste juge. » II Tim., iv, 7-8. Ici le combat est l’ἄγῶν, la participation aux jeux publics ; la course et