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ex-voto. On y voit une pierre haute et arrondie, sur laquelle les pèlerins musulmans immolent en sacrifice à Aaron un mouton ou un chevreau. À côté de cette espèce d’autel est un sarcophage ayant l’aspect d’une dalle tombale de marbre commun ou de pierre calcaire d’un blanc-jaunâtre. Ce serait plutôt un simple cénotaphe, car les Arabes affirment que le vrai tombeau d’Aaron est dans la salle inférieure. Un escalier assez difficile conduit à cette seconde chambre, creusée en partie dans le roc, et où règne la plus profonde obscurité. Le tombeau qui se trouve dans cette crypte offre l’apparence d’une masse demi-cylindrique de maçonnerie, recouverte d’un tapis noir et défendue par une grille contre l’indiscrète curiosité des visiteurs. Voir de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, p. 277. Irby et Mangles, qui visitèrent ce monument en 1818, avaient pu arriver jusqu’au tombeau et le toucher, ainsi que les loques qui le dissimulaient en partie ; la grille, renversée avant leur passage, n’avait pas encore été relevée et restaurée. Irby et Mangles, Travels in Egypt, etc., édit. de 1844, p. 133-134. Qu’y a-t-il sous ce mystérieux couvercle ? S’il se soulève un jour en faveur d’un voyageur plus heureux que ses devanciers, lui laissera-t-il voir, à côté des restes qu’il renferme peut-être, quelque signe auquel on puisse reconnaître avec certitude qu’ils sont bien ceux d’Aaron ? Cela paraît fort douteux, et il est bien à craindre qu’il ne faille alors comme aujourd’hui répéter au sujet d’Aaron ce que l’Écriture nous dit de Moïse, après avoir raconté sa mort sur le mont Nébo : « Nul homme n’a connu jusqu’à ce jour le lieu de sa sépulture. » Deut., xxxiv, 6.

Mais si cet oualy ne renferme pas les restes d’Aaron, il n’en est pas moins une sorte d’hommage permanent rendu par les infidèles eux-mêmes à la sainteté de ce pontife. Par leurs pèlerinages et par le culte superstitieux qu’ils lui rendent, ils publient à leur manière que le Seigneur « le fit bien grand et pareil à Moïse ». Eccli., xlv, 7. Aaron fut, en effet, un homme d’une éminente sainteté. Il ne montra pas sans doute le zèle ardent et courageux de son frère ; il eut moins de fermeté que lui et fit preuve en deux circonstances, Exod., xxxii ; Num., xii, d’une coupable faiblesse ; mais il répara ces deux fautes par un prompt repentir. Plein de déférence et de docilité pour son frère, il fut comme lui homme de prière, patient, doux, dévoué à son peuple, et d’une obéissance parfaite aux ordres du Seigneur, qui l’en récompensa par la bénédiction la plus désirée en Israël : une longue vie et une innombrable postérité. De son mariage avec Élisabeth, sœur de Nahasson, chef de la tribu de Juda, Exod., vi, 23 ; Num., 1, 7, il avait eu quatre fils. Les deux aînés, Nadab et Abiu, étaient morts sans laisser d’enfants, Lev., x, 2 ; I Parai., xxiv, 2 ; mais la descendance d’Éléazar et d’Ithamar fut très nombreuse : au temps de Jésus-Christ, on comptait en Palestine vingt mille prêtres, d’après Josèphe, sont. Apion., II, vii, et même beaucoup plus si l’on s’en rapporte aux autres auteurs juifs. Gemara Hierosol., Taanith, fol. 67, dans Carpzov, Apparatus criticus antiquitatum Sacri Codicis, in-4o, Leipzig, 1748, p. 100.

Dieu glorifia bien davantage encore Aaron dans sa postérité en y choisissant le précurseur du Messie, Jean-Baptiste, duquel Jésus déclara « qu’il ne s’était jamais vu entre les hommes un plus grand que lui », Matth., XI, 11, et qui à son tour rendit témoignage au Christ, et dit en le montrant aux Juifs : « Voilà l’Agneau de Dieu, voilà celui qui efface le péché du monde. Joa., 1, 29. Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Joa., in, 30. Ainsi, par une admirable disposition de sa providence, Dieu accordait en quelque sorte une dernière fois à Aaron « de faire briller la lumière devant Israël », Eccli., xlv, 21, et le premier pontife de l’ancienne alliance proclamait par la bouche du plus illustre de ses petits-fils la déchéance du sacerdoce aaronique, en reconnaissant Jésus-Christ pour « le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech ». Ps. cix, 4. Voir aussi Hebr., vii.

E. Palis.


2.AARON, Lévite, publia à Amsterdam, en 1010, le Pentateuque hébreu, in —12.


3.AARON, de Pesaro (xvie siècle), composa Les générations d’Aaron, Ṭoledoṭ ʾAharôn, table des endroits de l’Écriture Sainte rapportés dans le Talmud de Babylone. Cet ouvrage a été imprimé à Fribourg, 1581 ; à Bâle, 1587 ; à Venise, 1583 et 1591.


4.AARON ABIOB ou ARIOB, publia à Thessalonique, en 1601, un commentaire littéral sur le livre d’Esther. C’est une simple compilation sans vues personnelles, intitulée : Parfum de myrrhe, Šémén hammôr.


5. AARON-ABOU-ALDARI OU AARON ALRABBI, fils de Gerson. On a de lui un commentaire sur le Pentateuque, publié à Constantinople, in-f°, xvie siècle


6. AARON ABRAHAM (xvie siècle), a laissé Lettre des sens (de l’Écriture Sainte), ouvrage composé d’après la méthode cabalistique, in-8o, Constantinople, 1585.


7. AARON-BEN-CHAÏM ou ABEN-CHAÏM, né à Fez vers la fin du xvie siècle, fut par sa science et son influence à la tête des synagogues du Maroc et de l’Égypte. En 1609, il alla à Venise faire imprimer ses œuvres ; il y mourut peu après, avant d’avoir achevé cette publication. Ses principaux ouvrages, très estimés des Juifs, sont : 1° Le cœur d’Aaron, Leb Ἀharôn, composé de deux commentaires : l’un littéral sur le livre de Josué, et l’autre allégorique sur le livre des Juges ; 2° L’offrande d’Aaron, Qurban’Aharôn, commentaire savant, mais diffus, sur le Siphra, commentaire du Lévitique ; 3° Les régies d’Aaron, Middôṭ Ἀharôn, où l’on traite des treize façons dont le rabbin Ismaël interprétait l’Écriture Sainte. Ces œuvres laissent beaucoup à désirer à cause de leur diffusion et de leur subtilité. Elles ont été imprimées à Venise en 1609, in-f°. Très rares.


8. AARON-BEN-DAVID, cohen (prêtre), né à Raguse, en Dalmatie, mort à Venise vers 1656, a laissé un commentaire littéral et allégorique sur le Pentateuque et sur plusieurs autres livres, comme les Prophètes et les Hagiographes. Il est intitulé La barbe d’Aaron, Zeqan Ἀharôn ; il n’a rien de bien remarquable. Ce commentaire fut imprimé à Venise, in-f°, en 1652 et 1657, avec un commentaire de Salomon Ohef, son oncle, sous le titre : Huile du bien.


9. AARON-BEN-ÉLIE. Aaron, fils d’Élie, appelé aussi Aaron le Second (’al)arôn), pour le distinguer d’Aaron-ben—Joseph, surnommé le Premier (hâri’šôn), né à Nicomédie au commencement du xive siècle, alla au Caire, où florissait une nombreuse communauté de Juifs caraïtes. Il y mourut en 1369, après avoir été l’un des plus célèbres rabbins de cette sorte. Ses principaux ouvrages scripturaires sont : 1° L’arbre de vie, ’Es hayim (1346), traité de philosophie religieuse, qui rappelle par le plan, l’esprit et la plupart même des questions, Le guide des égarés, de Maïmonide. Ce que cette œuvre de Maïmonide fut pour le rabbinisme, L’arbre de vie le fut pour le caraïsme. On y trouve des principes d’exégèse destinés à concilier la toi et la raison, à éclairer les Israélites fidèles, souvent perplexes devant les apparentes oppositions de la Bible et de la science. 2° La couronne de la Loi, Kefer ṭôrâh (1362), commentaire littéral, mais parfois un peu diffus, sur le Pentateuque. Avec des vues personnelles, on y trouve le résumé des travaux des deux synagogues, et en particulier d’Ibn-Ezra. Aaron—ben-Élie suit de préférence l’exégèse grammaticale. Pour lui, c’est la base de toute interprétation de l’Écriture. Cependant à la recherche du sens littéral il unit souvent les explications philosophiques et allégoriques. Par le caractère de ses écrits et la nature de son esprit, il a beaucoup de traits de ressemblance avec l’auteur du Guide des égarés, qu’il semble du reste avoir