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ATHÈNES

tions si mesquines, qu’aucune d’elles ne suffirait aujourd’hui au plus modeste de nos artisans. Mais l’Athénien n’était jamais chez lui, et c’est à l’Agora, chez les marchands devin, dans les temples, chez le barbier, sous les portiques, dans les jardins publics, au théâtre, qu’il fallait aller le chercher. L’autre voie s’appelait la rue des Trépieds. Elle partait de cette tour d’Andronicus qui subsiste encore, et à l’horloge de laquelle Paul, trois cent cinquante ans après Socrate, regarda peut-être plus d’une fois l’heure des jours que son zèle impuissant trouvait bien longs. C’est là que les chefs d’orchestre, vainqueurs au concours du théâtre, aimaient à dresser, sur des monuments du goût le plus exquis, les trépieds qu’ils avaient obtenus en témoignage de leur talent. Celui de Lysicrate subsiste encore. La grande rue tournait au midi pour atteindre ce fameux théâtre de Bacchus où Eschyle, Sophocle, Aristophane, Ménandre, Euripide, avaient fait représenter leurs chefs-d’œuvre. Elle rejoignait de là la rue des Hermès, à une sorte de rond-point d’où l’on montait à l’Acropole. Voir le plan d’Athènes, fig. 347.

M. Beulé a retrouvé dans un mur de marbre blanc la porte dorique, défendue à droite et à gauche par une tour carrée, qui fut la véritable entrée de l’Acropole. Elle était dans l’axe même de la porte centrale des Propylées, et le coup d’œil sur le large escalier qui conduisait au célèbre portique devait être saisissant. En le gravissant, on laissait à droite le gracieux sanctuaire de la Victoire sans ailes, à gauche la statue colossale d’Agrippa, ami d’Auguste, et l’on pénétrait sous le péristyle des Propylées, formé de six colonnes doriques surmontées d’un entablement avec fronton encadré par deux portiques parallèles. À travers un vestibule divisé en trois travées par un double rang de trois colonnes ioniques, et un escalier atteignant cinq portes, dont celle du milieu était la plus grande, on débouchait, par un second portique de six colonnes doriques, sur la plate-forme de l’Acropole. Des ruines dorées par le soleil, et


349. — Plan de l’Acropole d’Athènes.

belles jusque dans leurs derniers fragments, permettent encore aujourd’hui au voyageur de reconstituer les Propylées, cet incomparable chef-d’œuvre de Mnésiclès. Sur les degrés qu’on y voit, et dont le dernier est en marbre noir, Paul est certainement passé.

La plate-forme de l’Acropole était peuplée de statues célèbres, que dominait celle de Minerve Promachos, coulée en bronze par Phidias, haute de vingt-cinq mètres, et dont le casque, scintillant aux rayons du soleil, était visible du cap Sunium. Appuyée fièrement sur sa lance et le bouclier au bras, la déesse semblait garder le Parthénon (fig. 348), qui, à quelques pas de là, s’élevait splendide, comme l’expression sublime, beaucoup moins de la foi d’un peuple à sa puissante protection, que du triomphe de l’art dans le temple même de celle qui en était l’inspiratrice.

Sur une largeur de cent pieds (30 mètres), rappelant ainsi l’Hécatompédon de Pisistrate, auquel il succédait, et sur une profondeur de deux cent vingt pieds (67 mètres), l’harmonieux rectangle avait un péristyle de huit colonnes sur les façades et de dix-sept sur les côtés. La construction intérieure se divisait en deux salles d’inégale grandeur, dont la plus importante, vers l’orient, était le sanctuaire de Minerve, et l’autre, à l’occident, l’Opisthodomos, ou la maison du trésor public. L’une et l’autre étaient précédées à leur entrée par un portique de six colonnes parallèles à celles des deux façades. Ictinus et Callicratès, en édifiant ce monument, le chef-d’œuvre incontesté de l’architecture antique, avaient voulu prouver aux bâtisseurs de tous les siècles que la beauté idéale est, non pas dans la recherche, mais dans la simplicité des lignes et dans l’exquise harmonie de leurs combinaisons. Phidias et un groupe d’artistes, dont les uns étaient ses élèves et les autres ses rivaux, avaient été chargés de décorer l’édifice. L’entablement, supporté par des colonnes de dix-sept mètres de haut, avait une frise dont les triglyphes, peints en bleu, s’harmonisaient heureusement avec la blancheur du