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ATHÈNES

près d’un siècle après Paul, nous en a laissé une longue, mais malheureusement assez confuse description.

Des trois ports, Phalères, Munychie et le Pirée, par lesquels Athènes aboutissait à la mer, le Pirée était resté à peu près le seul fréquenté des marins. Les Longs Murs terminés par Périclès, détruits par les Lacédémoniens, et relevés par Conon après la victoire de Cnide, étaient définitivement tombés en ruines, obstruant l’ancienne route qu’ils devaient protéger, et une nouvelle voie (Hamaxitos), qui les longeait au nord, était devenue le chemin ordinaire par lequel les hommes et les marchandises débarqués au Pirée arrivaient à la ville. C’est sur cette route qu’à côté de cippes funéraires, de statues de héros ou de dieux et de monuments de toute sorte, se trouvaient aux promeneurs l’ail, les oignons, l’encens, les épices, les herbes fraîches, dont on était très friand, en même temps que des articles de toilette et le produit des industries les plus diverses. Une série de portiques, avoisinant l’Agora et ornés des chefs-d’œuvre de la statuaire et de la peinture antiques, servaient d’asile aux oisifs et conservaient encore leurs destinations d’autrefois. Au portique Royal on rendait la justice ; à celui des Douze-Dieux, les Athéniens, si curieux de nouvelles, venaient faire ou écouter la chronique du jour ; au Pécile, les successeurs de Zénon enseignaient toujours, mais sans éclat, cette philosophie stoïcienne qui, médiocrement appréciée des Athéniens amollis, était pourtant la consolation des âmes fortes chez les Romains, et, par quelques côtés, demeurait l’honneur
318. — Le Parthénon.
de loin en loin, si nous en croyons les anciens (Pausanias, I, I, 4 ; Philostrate, Vit. Apollon., VI, 2), des autels dédiés au Dieu inconnu : ΑΓΝΟΣΤΩ ΘΕΩ. Ces autels attirèrent l’attention de l’Apôtre. Il sentit aussitôt, et très douloureusement, tout ce qu’il y avait d’effréné dans cette idolâtrie qui, ayant épuisé le répertoire des dieux connus, dressait d’avance des autels à ceux que l’on inventerait encore. On sait l’heureux parti qu’il tira de cette inscription pour entrer en matière devant l’Aréopage. Act., xvii, 23.

Ayant abordé la ville par la porte Sacrée, près du Dipylon, dont les ruines ont été retrouvées récemment entre la gare du chemin de fer et l’église de la Sainte-Trinité, il dut suivre la grande rue du Céramique, ornée de statues de bronze et de marbre, pour atteindre l’Agora, qu’il faut chercher au nord-ouest et non au sud-ouest de l’Acropole. Sur cette place publique où Périclès, Socrate, Alcibiade, Démosthène, étaient remplacés par des Athéniens sans élévation dans la pensée et sans ardeur dans le patriotisme, à l’ombre des platanes ou sous des tentes provisoires, des marchands, classés par groupes, offraient de l’humanité livrée à ses seules forces. De ce centre de la vie publique, autour duquel se groupaient les temples d’Apollon Patroüs et de la Mère des dieux, quelques édifices destinés aux magistrats de la cité, le Bouleutérion pour les réunions du sénat, le Tholus, où les prytanes prenaient leurs repas, et des écoles publiques pour la jeunesse, telles que le portique d’Attale, dont on a récemment retrouvé les ruines, partaient deux rues principales, contournant en sens inverse l’Acropole et passant devant les nombreux monuments édifiés à ses pieds. L’une côtoyait la colline de l’Aréopage. C’est peut-être celle qui était bordée de ces hermès de marbre, sorte de gaines à tête de Mercure, que l’on avait ornés d’inscriptions choisies, aphorismes pour la plupart empruntés à la sagesse antique, et propres à exciter les passants à la vertu. À cette artère principale se soudaient d’autres rues conduisant aux collines des Nymphes, du Pnyx et des Muses, quartiers où les maisons des petits bourgeois étaient, comme on peut en juger par les arasements qu’on y voit encore, échelonnées les unes à côté des autres, dans des propor-