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ATHALAI — ATHANASE (SAINT)

ATHALAI (hébreu : ‘Aṭlaï, abréviation de ‘Ǎṭalyâh, « Jéhovah est [ma] force ; » Septante : θαλί) ; un des fils de Bebaï, qui renvoya une femme étrangère qu’il avait épousée dans l’exil. I Esdr., x, 28.

ATHALIA (hébreu : ‘Ǎṭalyâh ; Septante : Ἀθελια), un des descendants d’Élam ou Alam, dont le fils Isaïe revint de Babylone avec Esdras, à la tête de soixante-dix hommes de sa famille. I Esdr., viii, 7.

ATHALIE (hébreu : ‘Ǎṭalyâh, « Jéhovah est [ma] force ; » ailleurs : ‘Ǎṭalyâhû, IV Reg., viii, 26 ; XI, 2 ; Septante : Γοθολία), fille d’Achab, roi d’Israël, appelée aussi « fille », IV Reg., viii, 26 ; II Par., xxii, 2, mais en réalité petite-fille d’Amri, épouse de Joram, roi de Juda. IV Reg., viii, 18 ; II Par., xxi, 6. Elle était par sa mère Jézabel petite-fille d’Ethbaal, III Reg., xvi, 31, probablement le même dont parle Josèphe, Contra Apionem, I, xviii, d’après l’historien Ménandre, et qui avait été grand prêtre d’Astarthé et de Baal avant qu’il devînt par usurpation roi de Tyr et de Sidon. Josèphe, Ant. jud., VIII, vii. Fidèle à son éducation, qui l’avait formée à marcher « dans les voies des rois d’Israël », c’est-à-dire dans l’idolâtrie, elle exerça la plus pernicieuse influence sur son époux et sur son fils Ochozias, II Par., xxii, 3, après qu’il eut succédé à Joram sur le trône de Juda, et mérita l’épithète que lui donne le Saint-Esprit : « la très impie Athalie. » II Par., xxiv, 7. Ochozias ayant péri de mort violente après un an de règne, IV Reg., viii, 24-26 ; II Par., xxii, 1, 9, Athalie voulut régner après lui, et, cruelle autant qu’elle était ambitieuse, elle ne recula devant aucun forfait pour s’emparer du trône, jusqu’à faire mettre à mort tous ceux qui, après les sauvages exécutions de Jéhu, IV Reg., x, 12-14 ; II Par., xxii, 7-8, et des Arabes, II Par., xxi, 17, pouvaient par leur origine prétendre à la succession d’Ochozias. IV Reg., xi, 1 ; II Par., xxii, 10. Elle put ainsi régner en paix. Mais cette paix fut plus funeste à Juda que la guerre la plus sanglante, car le règne d’Athalie ne fut qu’une série d’actes criminels : emploi sacrilège des matériaux du temple et des objets du culte au service de Baal, profanations et dévastations du sanctuaire, IV Reg., xii, 5-12 ; II Par., xxiv, 7, qui attirèrent la malédiction de Dieu sur le royaume.

Se croyant sans rival, Athalie abusait depuis six ans, IV Reg., xi, 3 ; II Par., xxii, 12 (883-877), de son pouvoir usurpé, offensant à la fois Dieu et ses sujets, IV Reg., xi, 18, 20 ; II Par., xxiii, 21, lorsqu’un jour son repos fut troublé par les cris de : « Vive le roi ! » IV Reg., xi, 12-13 ; II Par., xxiii, 11, que de son palais elle entendait retentir du côté du temple. Ce roi était Joas, l’un des plus jeunes fils d’Ochozias, et âgé d’un an seulement lors du massacre de ses frères. Il avait été arraché à la mort comme par miracle et élevé secrètement dans le temple sous les yeux du grand prêtre. C’était lui que Joïada, après avoir pris les mesures les plus sages, II Par., xxiii, 1-11, secondé par des chefs et des soldats fidèles (peut-être pourrait-on entendre ces expressions de prêtres et de lévites armés), produisait au grand jour, le diadème en tête, devant le peuple enthousiasmé, après lui avoir conféré l’onction royale. IV Reg., xi, 4-14 ; II Par., xxiii, 1-11. Voir Joas. Telle était, sous le gouvernement antithéocratique d’Athalie, l’influence de l’ordre sacerdotal, qu’il était en état d’organiser une révolution avec l’appui de l’armée et du peuple, et de renverser le pouvoir ; et en agissant de la sorte il ne pensait pas sortir de ses attributions, tant la cause de Jéhovah était liée au changement de politique dans l’État.

Athalie, habituée à voir tout plier devant elle, crut ou que c’était un jeu, ou que sa seule présence suffirait à tout faire rentrer dans l’ordre. Elle se rendit en toute hâte de son palais, situé au sud du temple, au temple même, accompagnée, selon Josèphe, de ses gardes du corps, Ant. jud., IX, vii, qui durent, sur l’ordre du grand prêtre, rester en dehors de la cour. Entrant seule sous le portique, Athalie fut stupéfaite en voyant assis sur l’estrade qu’on élevait ordinairement pour présenter au peuple le roi après son sacre, IV Reg., xi, 14 ; II Par., xxiii, 13 ; cf. IV Reg., xxiii, 3 ; II Par., xxiv, 31, un enfant de sept ans, entouré des šârîm ou chefs soit des soldats, soit des familles, et recevant les acclamations de la foule, tandis que les ḥaṣôsrôṭ ou trompettes sacrées faisaient retentir les airs de joyeuses fanfares. IV Reg., xi, 14 ; II Par., xxiii, 13 ; cf. I Par., xiii, 8 ; xv, 24. Ce spectacle lui révéla la vérité, et, selon Josèphe, elle aurait d’abord ordonné de mettre à mort le jeune roi, Ant. jud., IX, vii ; mais bientôt, passant de l’arrogance au désespoir, elle déchira ses vêtements et cria au secours. L’heure de la justice était arrivée : sur l’ordre de Jôïada, on l’emmena entre deux rangs de soldats hors de l’enceinte du temple, pour que ce sol sacré ne fût pas souillé par son sang, et la foule, s’écartant pour lui livrer passage, vit sans pitié passer la superbe Athalie conduite au supplice. On l’entraîna dans le chemin qui conduisait aux écuries royales, près de son palais, IV Reg., xi, 15-16 ; II Par., xxiii, 14-15 ; à la porte des chevaux du roi, qui est au sud-est de Jérusalem, Ant. jud., IX, vii ; cf. II Esdr., iii, 28, et là elle périt par l’épée, sans qu’aucune tentative en sa faveur ait été faite soit par le peuple, qui la détestait, IV Reg., XI, 20 ; II Par., xxiii, 21, soit par ceux qui avaient intérêt à sa conservation.

P. Renard.

ATHANAI (hébreu : ’Éṭnî, « libéral ; » Septante : Ἀθανι), lévite de la famille de Gerson, ancêtre d’Asaph. Il chantait devant l’arche du Seigneur. I Par., vi, 41 (hébreu, 26).

1. ATHANASE (Saint), docteur de l’Église, né vers 296 à Alexandrie, diacre dès avant 319, évêque d’Alexandrie en 328, mort dans cette ville en 373. Au rapport de saint Grégoire de Nazianze, son panégyriste, il avait été instruit dès son enfance dans les sciences divines, et s’était appliqué à une profonde étude de l’Ancien et du Nouveau Testament, « dont il possédait, dit-il, tous les livres avec plus de perfection que les autres n’en savent un seul en particulier. » Orat. xxi, 6, t. xxxv, col. 1088. Voir les belles paroles qu’il dit de l’Écriture Sainte, à la fin de son traité De l’Incarnation, t. xxv, col. 393-196. Il prit part comme diacre de son évêque au concile de Nicée (325) et à la définition de la consubstantialité. Évêque, sa vie entière fut consacrée à la défendre contre le rationalisme hellénique, que représente l’arianisme. Déposé par le concile arien de Tyr (335), cinq fois exilé, il défendit toujours la vraie doctrine, et s’opposa soit sur son siège, soit en exil, à la sécularisation de l’Église par le parti arien. Par là il a mérité le nom de jurisconsulte, que lui donne Sulpice Sévère, et plus encore de père de la foi orthodoxe, que lui donne saint Épiphane.

De ses œuvres exégétiques, il ne nous reste que divers fragments de commentaires, soit de Job, soit du Cantique des cantiques, soit de saint Matthieu et de saint Lue, soit de saint Paul. Ces fragments se trouvent dans les Chaînes. Montfaucon les a réunis dans son édition des œuvres complètes d’Athanase, reproduite par Migne, Patr. gr., t. xxvii, col. 1344-1408. Leur attribution à saint Athanase ne repose que sur l’autorité des compilateurs des dites Chaînes. Le fragment sur le Cantique des cantiques est d’un auteur qui a visité Jérusalem et les Saints Lieux (col. 1353) : or aucun texte ne nous apprend d’ailleurs que saint Athanase ait jamais fait ce pèlerinage. Le fragment de commentaire de saint Matthieu, développement du texte : Quicumque dixerit verbum contra Filium hominis, Matth., xii, 32, est important par la mention qui y est faite de Novatien, d’Origène, de Photin, mais, par les formules théologiques dont il se sert, il paraît être contemporain du concile de Chalcédoine ou des querelles origénistes du commencement du ve siècle (col. 1381-1385).