Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/676

Cette page n’a pas encore été corrigée
1197
4198
ASTRUC — ATAD


et une troisième hypothèse dite' « complémentaire » a essayé, mais sans succès, de faire à chacun une part équitable. Kuenen dans les Pays-Bas, Renan et Michel Nicolas en France, Davidson et Golenso en Angleterre, sont entre beaucoup d’autres les propagateurs d’une théorie qu’ils ont su adapter à leurs propres idées. Le livre d’Astruc fit élever des doutes sur son orthodoxie, et pour combattre la mauvaise impression soulevée par cette publication, il donna deux dissertations sur Y Immortalité, l’immatérialité et la liberté de l'âme, 1755. Voir Vigoureux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. ii, p. 479-485. L. Guillereau.

ASTRUC DE LUNEL. Voir Abba Mari, col. 18.

    1. ASTYAGE##

ASTYAGE (' Aaruâyr^ ; en assyrobabylonien : IStuwigu) fut le quatrième et dernier roi des Mèdes (584-549). D’après les témoignages concordants d’Hérodote et des inscriptions babyloniennes, dont une émane du roi chaldéen contemporain Nabonide, il fut renversé par Cyrus, roi de Perse, et livré au vainqueur par ses propres soldats. Astyage conserva jusqu'à sa chute, qui fut soudaine et imprévue, l’empire dont il avait hérité de son père Cyaxare. Hérodote le fait aïeul maternel de Cyrus, et raconte qu’il voulut faire périr ce dernier, à la suite d’un songe qui lui annonçait, selon l’interprétation des mages qu’il consulta, que son petit-fils, encore à naître, le détrônerait un jour. Mais le récit d’Hérodote porté le cachet de la légende dans cette partie. Le même historien dit qu' Astyage, prisonnier de Cyrus, fut traité avec égard jusqu'à sa mort. Astyage a laissé la réputation d’un prince voluptueux et cruel, et la conduite des Mèdes à son égard tend à la justifier. — Astyage est nommé dans les suppléments deutérocanoniques du livre de Daniel, par Théodotion et la Vulgate, en un verset que la Vulgate, dans les éditions actuelles (xm, 65), rattache à l’histoire de Susanne, et qui appartient néanmoins à l’histoire de Bel et du Dragon, à laquelle il sert d’introduction : « Astyage fut réuni à ses pères, et Cyrus, roi de Perse, lui succéda dans la royauté. » Malgré toutes les peines qu’on s’est données, on n’a pas réussi jusqu'à présent à expliquer la mention d’Astyage en cet endroit, où il est question de Cyrus, roi de Babylone : ce qui n’a qu’un rapport indirect avec l’histoire d’Astyage. Celui-ci, en effet, ne fut jamais roi de Babylone, et il perdit son royaume de Médie dix ans avant la prise de cette ville par Cyrus. Aussi plusieurs voudraient - ils supprimer ce verset, conformément au texte des Septante, où il ne se lit pas. — Voir le cylindre de Nabonide, trouvé à Sippar par H. Rassam, publié par Pinches, dans les Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. v, pi. 64 ; traduit en partie par le même dans les Proceedings of the Society of Biblical Archmology, t. v, p. 7, 8, et en entier, avec commentaires, par Joh. Latrille, dans la Zeitschrift fur Keilschriftforschung, t. ii, p. 231-262, 335-359 ; — la chronique babylonienne relative à Nabonide et à Cyrus, publiée par le même, avec version, dans les Transactions of the Society of Biblical Archxology, t. vii, p. 153-169 ; Hérodote, i, 46, 73-75, 91, 107-112, 114-125, 127-130, 162 ; Ctésias, dans Diodore de Sicile, ii, 34. — Les données de Xénophon, dans la Cyropédie, sont absolument fausses, et contredites par l’Anabase, iii, 4, où l’on voit le dernier roi des Mèdes renversé par le roi de Perse, conformément au témoignage des autres sources. A. Deiattre.

    1. ASUPPIM##

ASUPPIM ( 'Âsuppîm ; Septante : 'Ao-aipefv, I Par., xxvl, 15, 17). Ce mot hébreu, nom propre d’après quelques-uns, nom commun d’après le plus grand nombre, se lit trois fois dans l’Ancien Testament, I Par., xxvi, 15, 17, et II Esdr., xii, 25. Dans les deux premiers passages, la Vulgate traduit concilium, « [maison où se réunissait] le conseil ; » dans II Esdr., xii, 25, elle traduit vestibula, « parvis » (Septante : lv tw <tuv « y « YS’v ! *£) L’auteur des

Paralipomènes applique le mot à une maison ou à un local particulier : bêf ( « maison » ) 'ixsuppîm, I Par., xxvi, 15 ; le mot bêt n’est pas exprimé, mais il est sous-entendu, I Par., xxvi, 17, et II Esdr., xii, 25. 'Asuppîm signifie « collections, amas ». La maison des 'âsuppîm est donc la salle, magasin ou chambre, où l’on réunissait et gardait des objets divers, appartenant au temple de Jérusalem. Elle était située au sud du temple. Deux lévites de la famille d’Obédédom étaient chargés de la garder. I Par., xxvi, 15. — Néhémie, en énumérant les fonctions des lévites dans le temple restauré après la captivité, II Esdr., xii, 25, l’appelle « l" âsuppîm des portes », parce que ce dépôt ou trésor était près de l’une des portes du temple, dans la cour extérieure. Cf. I Par., xxvi, 15. On peut supposer que deux entrées conduisaient au bêt 'âsuppîm, puisque deux postes étaient destinés à en garder l’accès. I Par., xxvi, 16. Cf. F. Keil, Ckronik, 1870, p. 204.

    1. ASYNCRITE##

ASYNCRITE (Nouveau Testament : 'Actûyxpitoç, « incomparable » ), chrétien de Rome, que salue saint Paul dans son Épitre aux Romains, xvi, 14. Les Grecs le regardent comme le premier évêque d’Hyrcanie, et font sa fête le 8 avril. Le martyrologe romain le marque au même jour.

1. ATAD (hébreu : Hâ'âtâd, avec l’article hâ ; Septante : 'AtôcS), nom d’une aire où les enfants de Jacob et les Égyptiens qui les accompagnaient célébrèrent pendant sept jours les cérémonies solennelles des funérailles du patriarche, d’où vint que les Chananéens qui habitaient le pays donnèrent à cet endroit le nom d’Abel Misrahn ou « Deuil de l’Egypte » (Vulgate : Planctus JEgypti). Gen., L, 10-1 1. Atad est considéré par quelques-uns comme un nom propre d’homme, désignant le propriétaire de l’aire ; mais comme ce mot, qui signifie « épine, buisson », est précédé de l’article, il est assez probable qu’il doit se prendre comme nom commun, marquant que l’aire était dans le voisinage des buissons 'âtâd, ou avait été ellemême autrefois soit couverte de ces buissons, sqit remarquable par quelque arbuste épineux de l’espèce dé ce nom.

L'événement rapporté par la Genèse est trop ancien et le lieu où il s’accomplit était trop peu important pour que la tradition ait exactement gardé le souvenir de l’emplacement de l’aire d’Atad. L’auteur sacré a bien eu soin de nous apprendre que cette aire était située « au delà du Jourdain », Gen., L, 10 ; mais cette détermination est trop vague et insuffisante pour fixer un lieu précis. On peut s’en servir du moins pour rejeter l’opinion de ceux qui, comme Thomson, The Land and the Book, Southern Palestine, 1881, p. 243-245, supposent qu’Abel Misraïm était dans le voisinage d’Hébron, Cette hypothèse panait de prime abord assez naturelle : le corps de Jacob devant être enterré à Hébron, on comprendrait facilement qu’on eût célébré les rites solennels des obsèques dans le voisinage de cette ville, avant de déposer les restes du saint patriarche dans la caverne de Makpélîh ; mais, quoique le chemin le plus court pour aller d’Egypte à Hébron fut celui qui est à l’ouest de la mer Morte, le cortège funèbre, pour une raison inconnue, probablement à cause des dangers de la route directe, alla passer à l’est et au nord de la mer, comme le prouve l’indication « au delà du Jourdain ». Cette expression ne peut convenir à un lieu voisin de la ville d’Hébron. L’aire d’Atad doit^ donc être cherchée à l’est ou à l’ouest du Jourdain, dans la dernière partie de son cours. La locution be'êbér hayyardên, « au delà du Jourdain, » signifie ordinairement, dans l'Écriture, « à l’est du fleuve, » parce que le territoire de la rive gauche est « au delà » pour celui qui écrit dans la Palestine proprement dite. Aussi divers interprètes l’entendentils ici dans ce sens ; ils croient que l’aire d’Atad était près du fleuve, sur la rive orientale, et comme il n’y avait pas de Chananéens au delà du Jourdain, et que le texte dit