La gomme, soit adragante, soit pseudo-adragante, découle du tronc, des branches et des feuilles mêmes îles astragales, par les fissures qui se font naturellement ou par les incisions pratiquées à dessein. Elle sort en liqueur visqueuse, qui se durcit peu à peu à l’air, en filets ou en bandelettes tortillées (fig. 340), selon la forme de la fente qui la laisse s'échapper au dehors : de là les deux espèces commerciales, la gomme vermiculée et la gomme en plaque. C’est pendant les chaleurs de l'été et au commencement de l’automne qu’a lieu cet écoulement ; il se fait la nuit et peu après le lever du soleil. Si le temps est clair et chaud, la gomme est d’un blanc plus ou moins pur et transparent : alors deux ou trois jours suffisent
Astragale creticua de Slbthorp.
pour qu’elle se dessèche et puisse se recueillir. Si le ciel est chargé de nuages et l’atmosphère humide, elle devient jaune ou roussâtre, et la dessiccation est beaucoup plus lente. Ce n’est pas une sécrétion naturelle de la plante ; « c’est à une maladie qu’est due la production de l’adragante, mais à une maladie qui affecte endémiquement la plupart des pieds qui croissent dans une localité donnée. » H ; Bâillon, Traité de botanique médicale, in-8°, Paris, 1884, p. 644. Sous l’action de la Chaleur, certaines portions de la plante, comme la moelle et les rayons médullaires, subissent cette affection, nommée gommose : la cellulose ou d’autres substances amylacées qu’elles contiennent se transforment en adragante molle. Cette gomme diffère de la gomme arabique : elle ne se dissout pas comme cette dernière dans l’eau froide ; elle s’y gonfle seulement en s’hydratant. Même dans l’eau bouillante, la dissolution est très imparfaite. Elle sert en pharmacie, spécialement pour la préparation des loochs ; dans l’industrie et les arts, pour donner du lustre et de la consistance.
D’après l’opinion commune, la gomme de l’astragale n’est autre que le nek'ôt, dont il est parlé deux fois dans la
Bible : Gen., xxxvii, 25, et xliii, H. (Quant à nekôtôh, qu’on lit IV Reg., xx, 13, et au passage parallèle d’Isaïe, xxxix, 2, c’est un mot différent, et il n’a pas le sens de gomme, d’aromates, comme l’a traduit la Vulgate, mais il signifie « trésor ». Voir Nekôtôh et Trésor.) Les marchands ismaélites qui venaient de Galaad et rencontrèrent les enfants de Jacob à Dothaïn, près de la citerne où ils avaient jeté Joseph, portaient en Egypte du nek'ôt. Dans ce passage, Gen., xxxvii, 25, les Septante rendent ce mot par 6u[iià[is(T « , et la Vulgate par aromata : ces versions y voient un terme générique pour désigner les parfums. Plus loin, Gen., xliii, 11, le nek'ôf se retrouve parmi les présents envoyés par Jacob à son fils Joseph en Egypte.
SiO. — Astragale gummifer. — À droite, rameau avec gomme.
Les Septante traduisent encore Ouj « a(ita ; mais la Vulgate met storax. Placé près du baume et du ladanum, le nek'ôf ne semble pas être un nom générique des parfums, il faut y voir une substance particulière. Ce n’est pas la gomme du styrax, qui correspond plutôt m nâtàf des Hébreux ; c’est celle que les Arabes appellent naka’at, et qui est regardée généralement comme la résine ou gomme produite par plusieurs espèces du genre astragale. Les marchands madianites ou ismaélites l’avaient-ils recueillie dans le pays de Galaad, ou l’avaient-ils reçue par le commerce des contrées du Liban, de la Syrie ou de pays plus éloignés ? Le texte n’en dit rien ; mais ce que nous savons, comme nous l’avons vu plus haut, c’est qu’ils pouvaient la récolter sur V Astragalus Gummifer et V Astragalus Roussœanus, au nord de la Palestine, et sur d’autres espèces de la Syrie ou des pays voisins. D’ailleurs, comme on le constate pour plusieurs autres plantes, par exemple, l’arbre à baume, quelques-unes de ces espèces pouvaient alors être assez abondamment répandues au cœur de la Palestine et dans le pays de Galaad, et ont pu depuis remonter vers le nord.
Les Égyptiens, auxquels les trafiquants madianites venaient vendre le nek'ôf, connaissaient la gomme ; ils
la désignaient sous le nom de qomi, garni, a U II …, copte : KO M H, d’où les Grecs ont fait w>|i|i£, forme qui a donné le latin gumtni et notre mot « gomme ». Cf. Mas-.