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ASSYRIE


ISme-Dagan et SamH-Ramman y avaient élevé un temple à leur dieu tutélaire^&tr, vers la fin du xixe siècle ou le commencement du xviiie.

Plus tard, l’Assyrie fut conquise par les rois égyptiens de la xviir 3 dynastie, particulièrement par Thothmès III, qui soumit les villes de Nini (qu’on a cru être Ninive, mais qui eu est probablement différente), Assur et Senkara ou Singar (Armais of Thothmès III, p. 24, 25, 49, 61, 62, dans les Records of the pasl, 1 N sér., t. Il ; 2e sér., t. v, p. 29 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 1886, p. 190, 198 et suiv.), et Amen-hotep II, qui s’empara encore de la ville de Nini ; on a retrouvé effectivement les cartouches de ces deux conquérants gravés en Assyrie, à Arban, sur le Ghabour. Layard, Nineveh and Babylon, p. 280-282 ; G. Rawlinson, History of ancient Egypt, 1881, t ii, p. 229 et suiv. ; 234-236.

Le temps de l’exode, qui paraît correspondre à une période d’amoindrissement pour l’Egypte ( fin de la XIXe dynastie), correspond à une période d’extension pour l’Assyrie. Le joug de l’Egypte une fois brisé, l’Assyrie commence par profiter de l’occupation de Babylone par les monarques KaëH pour traiter avec eux sur le pied d'égalité, et prendre, au lieu du titre d’isSakku, la qualification plus relevée de Sarru, « roi. » C’est ainsi que vers la fin du XVe siècle et le commencement du xiv « , Asur - bel - niSiSu, Pusur-ASur et Asur - uballit firent alliance avec Kara-indaS, Burna-Burias et leurs successeurs. Le xiii 8 siècle et les suivants voient succéder à ces bons rapports une lutte acharnée entre la mère patrie et la colonie, avec des alternatives pour chacune de succès et de revers, et un commun affaiblissement ; cela permet aux Hébreux de s’organiser à loisir en Palestine, et même, sous David et Salomon, d'étendre leur influence jusqu'à l’Euphrate, sans se heurter contre la puissance assyrienne. Durant cette période, un seul roi d’Assyrie, ïhéglathphalasar, vers le milieu du XIIe siècle, se rendit redoutable à ses voisins, les Mosques, la Commagène, l’Arménie et l’Aram ; il s’empara de Charcamis, la capitale de l’empire héthéen, et se vante même dans ses inscriptions d’avoir porté sa domination jusqu'à la Méditerranée. Cette extension, bien que passagère, était une menace pour l’avenir de l’Asie occidentale.

Asur-nasir-apal (883-858), l’un des rois d’Assyrie les plus belliqueux et les plus cruels, se chargea d’y donner suite. Il se choisit une nouvelle capitale, Halo ! }, la Chalé de la Bible, Gen., x, 11, actuellement Nimrud, ville ancienne, située au nord d' Assur, sur la rive gauche du Tigre, par conséquent moins exposée aux attaques venant de Babylone ou de la Syrie. Ayant recouvré toutes les provinces septentrionales autrefois occupées par Théglathphalasar, il prit la route de la Phénicie, et soumit le pays jusqu’au mont Liban ; les villes phéniciennes de Tyr, Sidon, Gébal, Arvad (Arad), etc., lui envoyèrent alors leurs tributs, pour s'éviter l’invasion. La Palestine avait été respectée ; mais sous Salmanasar (858-823), fils du précédent, le royaume d’Israël se vit attaqué, tant comme étant plus proche que celui de Juda de la route suivie par les Assyriens, que comme particulièrement compromis par l’imprudence d’Achab. Ce prince était entré dans une ligue formée contre Salmanasar, entre tous les chefs syriens, par les soins de Bénadad, roi de Damas ; les confédérés furent battus à Karkar et à Kirzau [?]. Non contents de les écraser en masse, quand l’occasion s’en présentait, Salmanasar et ses successeurs cherchèrent à détacher de la confédération ainsi formée l’un ou l’autre royaume, auquel ils accordaient une protection largement payée d’abord, et que le moindre prétexte changeait bientôt en oppression et en asservissement. Jéhu paya tribut a Salmanasar pour se faire protéger contre Hazaël de Damas ; et bien que les textes n’en disent rien, il est croyable que Joachaz, Joas et Jéroboam II firent de même. Durant cette période, SamH-Ramman (823-810), Ramnmn-nirar (810-781), Salmanu-asir (781-771), Asur dan-ili (771-753) et Asur-nirar (753-743), tout en portant le principal de leurs efforts contre l’Arménie et les districts du nord, n’oublièrent pas non plus de surveiller et au besoin de châtier Damas et la Syrie. Mais Théglathphalasar, qui est sans doute aussi le Phul de l'Écriture, IV Reg., xv, 19-20 ; I Par., v, 26, et le Pulu des textes babyloniens (743-727), agit avec plus de vigueur : la coalition des princes syriens s'étant organisée de nouveau sous la conduite du roi d'Émath et avec le concours d’Azarias, roi de Juda, Théglathphalasar survint, battit à plusieurs reprises les confédérés, annexa à l’Assyrie le pays d' 'Amatti, l'Émath biblique, en transplanta les habitants vers les sources du Tigre, et soumit au tribut les autres rois, y compris Rasin de Damas, Manahem d’Israël et Azarias de Juda. Achaz de Juda aggrava encore la situation : menacé à la fois par Phacée d’Israël et Rasin de Damas, IV Reg., xv, 37 ; Is., vii, 1, il sollicita l’appui de son suzerain. Théglathphalasar se hâta, en effet, d’intervenir ; il en coûta la vie à Rasin, avec le pillage et la destruction de son royaume ; la vie aussi à Phacée, avec la déportation en Assyrie d’un grand nombre d’Israélites ; à Achaz enfin d'écrasantes contributions de guerre. IV Reg., xv, 29 ; xvi, 7-10.

Théglathphalasar avait fait ailleurs une conquête plus riche et plus dangereuse à la fois, en s’emparant de la Babylonie : mécontent de plusieurs vice-rois qu’il y avait établis ou reconnus, il avait fini par prendre lui-même le titre de « roi de Babylone, roi de Soumir et d’Akkad ». Mais la Babylonie était riche et puissante, bien peuplée et jalouse de son indépendance, aussi essaya-t-elle souvent de secouer le joug de son ancienne colonie ; les efforts continuels que durent faire les successeurs de Théglathphalasar pour garder cette conquête finirent par affaiblir à la longue la monarchie assyrienne, et il arriva un jour où celle-ci succomba sous les coups des Babyloniens révoltés.

De Salmanasar (727-722) nous n’avons jusqu'à présent aucune inscription historique ; nous savons seulement, par le Canon des limu et une Chronique babylonienne, qu’il régna cinq ans sur l’Assyrie et la Babylonie. L'Écriture, IV Reg., xviii, 9-12, semble lui attribuer la prise de Samarie, la destruction du royaume d’Israël et la déportation des Israélites, comme châtiment de leur alliance avec l’Egypte et l’Ethiopie. Dans les inscriptions assyriennes, ces exploits sont revendiqués, au moins en bonne partie, par son successeur Sargon (722-705). Voir Salmanasar, Sargon. Quoi qu’il en soit, la Bible, Is., vu, 18, etc., et les inscriptions cunéiformes se rencontrent pour mettre aux prises à cette époque l’Egypte et l’Assyrie, d’abord sourdement, puis à force ouverte ; cette lutte, d’une durée d’un demi-siècle, qui eut d’abord la Palestine, et ensuite la vallée du Nil pour théâtre, fut fatale à l’Egypte : elle succomba et resta aux mains des Assyriens, puis des Babyloniens leurs héritiers, pour passer de là aux Perses et enfin aux Grecs ; fatale aussi aux peuples circonvoisins, particulièrement aux Juifs, qui ne savaient ni ne pouvaient rester neutres ; désastreuse même pour l’Assyrie, que ces expéditions lointaines et souvent répétées finirent par épuiser, malgré toutes ses victoires.

Sargon avait ajouté à l’empire assyrien une grande partie de la Syrie, de la Palestine et de la Médie. Cf. Is., xx, 1. Sennachérib (705-681) dut élargir encore ce cercle d’action : la Babylonie se révoltant fréquemment, à l’instigation et avec l’appui des Élamites, il fallut entreprendre la conquête du pays d'Élam. À l’autre extrémité de l’empire, l’Egypte poussait à la révolte la Syrie et la Palestine, et leur promettait son secours : Sennachérib dut venir ravager le royaume de Juda, rançonner Ézéchias, battre les Egyptiens à Altakou, menacer Jérusalem. IV Reg., xviii, 13-xix, 36. À la suite du désastre inattendu qu’il essuya en Palestine, il quitta précipitamment le pays, sans poursuivre plus loin sa vengeance contre Juda et l’Egypte,