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ASSURBANIPAL


ces campagnes contre l’Egypte, les vingtdeux rois du pays de Hatti (Syrie, Judée, Philistie, Phénicie, etc., y compris les colonies phéniciennes de la Méditerranée, Chypre, etc.), déjà tributaires de son père Asarhaddon, durent également « baiser ses pieds », c’est-à-dire se reconnaître ses vassaux : parmi eux, Minsie Sar mat Iaudi, « Manassé, roi de Juda », vient en seconde ligne, immédiatement après Baal, roi de Tyr.

L’autre événement auquel fut mêlé Manassé eut son dénouement environ quinze années plus tard (647). Assur Assurbanipal, après avoir vaincu et mis à mort son frère révolté, s'était emparé de cette ville, où il résida quelque temps. Alors, nous apprend la Bible, Manassé se tourna vers Dieu, dont il obtint sa délivrance : rentré en grâce devant son vainqueur, il se vit tiré de prison, reconduit à Jérusalem et réintégré sur le trône. Les annales d’Assurbanipal nous le montrent, en effet, sujet à ces revirements subits : Néchao de Sais, d’abord vassal comme le roi juif, s'était pareillement révolté contre le monarque ninivite ; aussitôt il fut, comme lui encore, chargé de chaînes et

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312. — Le roi Assurbanipal. Bas - relief du Musée du Louvre.

banipal avait confié la vice-royauté de Babylone à son frère Sammughes, SaouSoù^ivoc, en assyrien, SamaS-Sumukin. Celui-ci voulut se rendre indépendant, et dans ce but fomenta contre son aîné un soulèvement général, depuis la Lydie et son roi Gugu ou Gygès jusqu'à Psammétique ^'Egypte, y compris mat Aram, mat À harri, mat tihamti, c’est-à-dire la Syrie, la Judée et la Phénicie, avec la Philistie le long de la Méditerranée. Manassé n’est pas désigné par son nom, pas plus que les autres Hatti révoltés ; mais il ne tarda pas à expier sa rébellion : car, continue Assurbanipal, confirmant ainsi le texte biblique, II Par., xxxiu, 11 - 13, tous ces peuples « je les soumis, leur imposai le joug du dieu Assur, avec des gouverneurs et des préfets établis par mes mains ». The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. xxi, col. v, 1. 38-39. Manassé, remplacé par un gouverneur assyrien, se vit donc chargé de chaînes et conduit prisonnier, non pas à Ninive, capitale de l’Assyrie, mais à Babylone : c’est qu’en effet

conduit à la capitale : là, au lieu de recevoir un juste châtiment comme les autres révoltés, il trouva grâce, se vit comblé de présents et renvoyé en Egypte pour en reprendre le gouvernement. Abiathéh, prince arabe, éprouva un sort à peu près analogue ; de sorte que l’histoire de Manassé, loin d'être en contradiction avec le caractère d' Assurbanipal, concorde merveilleusement avec les faits que les textes assyriens nous apprennent sur ce prince.

Il semble qu’il faut intercaler à cette époque les récits du livre de Judith : du moins ils cadrent bien avec la suite des annales d’Assurbanipal. En comparant le récit d' Assurbanipal avec la Bible, il ne faut pas" oublier que le texte original de Judith est perdu, et que les versions qui en restent présentent des différences notables, surtout dans les noms propres ; quelques - uns, devenus méconnaissables à la suite d’erreurs de transcription, semblent avoir été remplacés par d’autres, sans doute lus fami-