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ASSUÉRUS

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1. ASSUÉRUS ou Xerxès I" (485-465 avant J.-C.) (Fig. 311). Dans le premier livre d’Esdras, iv, 6, Assuérus, roi de Perse, est nommé entre Darius et Artaxerxès.Yoir la liste des rois achéménides, au mot Perse. Les anciens commentateurs ont pensé que cet Assuérus et cet Artaxerxès, qui paraissent peu bienveillants pour les Juifs, étaient les successeurs immédiats de Cyrus, et que c’est sous Darius

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311. — Darique qu’on peut attribuer à Xerxès I er.

Le roi Xerxès I", à demi agenouillé, tenant un arc de la main gauche et de la main droite une javeline ornée d’un pommeau ; sur son dos est un carquois rempli de flèches. Il est coiffé de la cldaris crénelée et vêtu de la candys. — ij. Carré oreux allongé. Poids de la darique : 8 gr. 42.

seulement qu’un meilleur état de choses commença. I Esdr., iv, 24. Mais de nouvelles lumières ont depuis éclairé la question. « Un des premiers résultats de la lecture des inscriptions perses fut l’identification d' Assuérus à Xerxès. Cette conquête de la science ne fait plus l’ombre d’un doute. » Oppert, Commentaire historique et philologique du livre d’Esther, dans les Annales de philosophie chrétienne, janvier 1864. Cf. Theologische Studien und Kritiken, 1867, p. 467 et suiv. Assuérus ne saurait donc être le même que Cambyse. Tout en éclairant la question d’Assuérus, les inscriptions perses ont amené à une meilleure exégèse de ce chapitre îv d’Esdras. Des versets 1 à 5, l’historien parle des obstacles que les ennemis des Juifs suscitèrent à la construction du temple ; puis, soit qu’il ait voulu grouper dans un même passage le récit de toutes les vexations infligées aux Juifs, soit que le morceau ait été transporté d’ailleurs, il rappelle les menées hostiles qui portèrent plus tard Artaxerxès à interdire le relèvement de la ville. I Esdr., iv, 6-23. Après cette digression, il revient à Darius, pour dire que la construction du temple fut suspendue jusqu'à la seconde année de son règne. Le passage I Esdr., iv, 6-23, doit donc être détaché du contexte. Voir Clair, Esdras et Néhémias, p. 28 ; Cornely, Introd. in libr. sacr., t. ii, p. 354. Assuérus est ici Xerxès, et cela d’autant plus sûrement, que son nom est suivi du nom d’Artaxerxès, comme dans la liste des Achéménides.

L' Assuérus du livre d’Esther est ce même Xerxès I", et les détails donnés par l’historien sacré sont en concordance exacte avec ceux que nous ont transmis les chroniqueurs grecs. Xerxès, quatrième successeur de Cyrus, était l’aîné des quatre fils que Darius T er eut d’Atossa, fille de Cyrus. Sa mère lui fit attribuer l’empire au détriment de trois autres fils que Darius avait eus de la fille de Gobryas. Darius « avait reculé les frontières de l’empire perse jusqu'à l’Indus et l’Iaxarte ; il avait porté ses armes au nord jusqu’au Caucase, en Afrique jusqu’aux Syrtes, et de l’autre côté de l’Hellespont jusqu'à l’Ister ». Curtius, Histoire grecque, traduct. Bouché-Leclercq, t. ii, p. 268. Xerxès se trouva ainsi « régner des Indes jusqu'à l’Ethiopie ». Esth., i, 1. Son empire était divisé en cent vingt-sept medînôt ou provinces, distribuées en vingtneuf satrapies. Hérodote, vii, 9, 97, 98 ; viii, 65, 69. À la fin de sa vie, Darius allait partir' en guerre contre les Grecs, après trois ans d'énormes préparatifs faits contre eux, quand il fut arrêté soudain, d’abord par la nouvelle de l’insurrection qui venait d'éclater en Egypte, et presque aussitôt après par la mort. Xerxès à son avènement se trouvait donc avec une double guerre sur les bras. « Il n’avait point passé par les mêmes épreuves que son père,

qui avait conquis lui-même son trône. Il avait grandi dans le luxe du palais, et n’avait point personnellement d’envie belliqueuse qui le poussât à quitter les jardins de Suse. » Curtius, p. 272. Il se laissa néanmoins déterminer par les conseils de sa mère et de son entourage, et consacra les deux premières années de son règne à la guerre contre l’Egypte. C’est pendant cette période, « au commencement de son règne, » que les ennemis des Juifs lui « écrivirent une accusation contre les habitants de la Judée et de Jérusalem ». I Esdr., iv, 6. Il était permis aux accusateurs de croire que le prince accueillerait facilement la dénonciation portée contre un peuple si voisin des Égyptiens. Xerxès, renseigné par ses officiers, ne paraît pas avoir ajouté foi à la calomnie. Du moins il n’est question d’aucune mesure prise contre les Juifs.

Cette première guerre menée à bonne fin, Xerxès songea aux Grecs. « On reprit les préparatifs commencés par Darius, mais sur une plus grande échelle, et même dans un tout autre esprit. Ce ne devait plus être une campagne ordinaire, mais bien une marche triomphale, une exhibition des inépuisables ressources de l’Asie. L’excessif était précisément ce qui souriait à l’esprit de Xerxès ; il voulait réunir une armée comme le monde n’en avait jamais vu. » Curtius, p. 274. Hérodote, vii, 8, rapporte qu’il appela à sa cour tous les grands de son empire, afin de s’entendre avec eux. C’est à cette occasion qu’eurent lieu les longues fêtes racontées par le livre d’Esther, i, , 3-8, et dans lesquelles on déploya, pendant cent quatrevingts jours, tout le luxe asiatique. On était alors à la troisième année du règne. Esth., i, 3. Invitée à se présenter devant Xerxès, la reine Yasthi refusa, et fut en conséquence solennellement répudiée et éloignée du trône. Esth., i, 9-22. On se mit alors à la recherche d’une jeune fille capable de remplacer dignement Yasthi dans le harem royal. La jeune Esther, présentée par Mardochée, fut agréée par le chef des eunuques, pour faire partie de celles qui, après des soins luxueux, devaient être amenées au roi. Esth., ii, 1-11. Cet incident domestique n’avait pas interrompu le cours des préoccupations belliqueuses de Xerxès. Sur le rapport des gouverneurs, « les messagers royaux partirent de Suse à toute vitesse dans toutes les directions, vers le Danube comme vers l’Indus, vers l’Iaxarte comme vers le haut Nil. Les manufactures d’armes et les chantiers maritimes furent mis en activité ; les préparatifs prirent deux années. » Curtius, p. 274. La troisième année, les combattants se réunirent en Cappadoce, lieu du rendez-vous général. L’armée, d’après la supputation de Ctésias, De Rébus persicis, 54, qui est la plus modérée, comptait 800000 hommes, 80000 chevaux, et une flotte de 1 200 trirèmes. À l’automne de 481, Xerxès vint prendre ses quartiers d’hiver près de Sardes, pendant qu’on préparait les approvisionnements, qu’on jetait un pont sur l’Hellespont, et qu’on perçait l’isthme d’Athos. Une tempête détruisit en quelques heures le pont construit à grand effort. « Cette nouvelle mit le roi hors de luimême. Il n’entendait pas qu’il y eût chose au monde capable de traverser ses plans. Dans chaque insuccès, il voyait une rébellion criminelle contre sa toute-puissance, une faute qui méritait un châtiment épouvantable. Les architectes furent décapités, et les éléments eux-mêmes durent porter la peine de leur indocilité. » Curtius, p. 278. Hérodote, vii, 35, dit que Xerxès fit fouetter l’Hellespont et jeter des chaînes dans ses eaux, comme pour le réduire en esclavage. On fit un autre pont, sur lequel passa l’immense armée ; mais, au lieu des victoires attendues, ce fut d’abord la journée des Thermopyles, et, deux mois après, la défaite de Salamine (480). Hérodote, viii, 1-94. Humilié, et craignant de trouver coupé le pont de l’Hellespont, Xerxès laissa son armée aux ordres de Mardonius, et s’enfuit en toute hâte. Cette armée fut anéantie à la bataille de Platée (479). Plutarque, Aristid., 19, 20. A son retour, le prince trouva les Babyloniens en révolte, et à leur tête un usurpateur, Samas-Irib, avec ïe titre de