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ASPERSION


tion latine de Louis de Compiègne, Paris, 1678, p. 330-352 ; Carpzov, Apparatus antiquitatum sacri codicis, Leipzig, 1748, p. 436 ; Ménochius, De republica Hebrseorum, Paris, 1648, p. 276-282 ; Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1708, p. 240 ; Ugolini, Altare intenus, dans son Thésaurus antiquitatum sacrarum, Venise, 1750, t. xi, p. 18-73 ; Deyling, De Ingressu S. Pontificis in Sanctuarium, xxvi-xxviii, dans ses Observationes sacrée, Leipzig, 1735, t. ii, p. 191-193. — 4. Dans la purification des lépreux, Moïse prescrit une aspersion aussi intéressante que mystérieuse. Le lépreux guéri offre au prêtre deux passereaux ; l’un des deux est immolé, et c’est avec son sang que se fait l’aspersion ; l’usage de l’autre est ainsi indiqué par Moïse : le prêtre, au moyen d’une bande de laine écarlate, ajuste ensemble les ailes de cet oiseau vivant, avec un rameau d’hysope et une branche de cèdre, puis il plonge cet aspersoir d’un nouveau genre dans le sang de l’oiseau immolé, et fait enfin sept aspersions sur le lépreux. Lev., xiv, 4-7. Lé même cérémonial est prescrit pour la « lèpre des maisons ». Les sept aspersions sont faites dans la maison infectée. Lev., xiv, 49-52.

2° Aspersions extraordinaires. — Nous trouvons des aspersions avec le sang des victimes dans trois circonstances mémorables de l’histoire du peuple hébreu. — 1. Dans la fameuse nuit où le Seigneur fit périr tous les premiers-nés d’Egypte, les Hébreux, suivant les ordres de Moïse, avaient, avec un rameau d’hysope trempé dans le sang d’un agneau immolé, fait trois aspersions sur la porte de leurs maisons ; c’est ce signe qui les préserva de la mort, et donna lieu à l’institution de la Pâque annuelle, que les Juifs célèbrent encore aujourd’hui. Exod., xii, 6-7, 22. — 2. Lorsque Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, contracta une alliance solennelle avec le peuple hébreu, qui se trouvait alors au pied du Sinaï, un des principaux actes' de la cérémonie fut une aspersion faite par Moïse sur tout le peuple avec le sang des victimes. « Voici, dit-il, le sang de l’alliance que le Seigneur a faite avec vous. » Exod., xxiv, 5-8. Saint Paul complète ces détails en disant que Moïse avait pris, comme instrument de cette aspersion, un rameau d’hysope orné d’une bande de laine de couleur écarlate. Heb., ix, 18-20. Il ajoute que Moïse avait mêlé de l’eau avec le sang, Heb., ix, 19 ; nous savons, en effet, d’après le Lévitique, xiv, 5, 50-52, que dans ces sortes d’aspersions, probablement pour les rendre plus faciles, on avait coutume de mêler de l’eau avec le sang. Rosenmûller, In Epistolam ad Heb., IX, 19. — 3. Enfin la troisième circonstance où nous voyons une aspersion avec le sang fut la consécration du tabernacle et de tout son mobilier. L’Exode ne parle que d’une onction avec l’huile sainte faite par Moïse sur le tabernacle et tous les objets et vases sacrés qu’il devait contenir, Exod., XL, 9-11 ; mais nous ne pouvons douter qu’il n’y ait eu aussi une aspersion avec le sang. Saint Paul la mentionne expressément. Heb., ix, 21. Josèphe signale les deux cérémonies, l’onction avec l’huile sainte et l’aspersion avec le sang. Josèphe, Anl. jud., III, viii, 3, 6. — 4. Quant à la dédicace du temple de Salomon, qui est racontée III Reg., vm-ix, 9 ; II Par., v- vii, 22 ; Josèphe, Ant. jud., VIII, iv, 1-5, il n’est pas fait mention d’une aspersion avec le sang sur les murs du temple ; il est probable néanmoins qu’elle eut lieu, car nous voyons que la plupart des rites accomplis par Moïse dans la dédicace du tabernacle furent répétés dans la dédicace du temple de Salomon. La même observation s’applique au temple de Zorobabel, I Esdr., vi, 16-18, et à celui d’Hérode. Josèphe^ Ant. jud., XV, xi, 1-6.

3° Symbolisme. — Saint Paul nous le fait connaître, Heb., ix, 3. Si le sang des victimes sanctifie ceux qui étaient souillés en leur donnant cette pureté extérieure dont ils étaient privés par une souillure légale, combien plus le sang de Jésus-Christ purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes ? Le sang des victimes était la figure ou sang de Jésus-Christ. Le sang des victimes purifiait tout, personnes et choses, en sorte que, dit saint Paul, DICT. I>E LA BIBLE. « dans l’ancienne loi tout était purifié par le sang, et qu’il n’y avait aucun pardon de faute sans effusion de sang. " » Heb., IX, 22. Ainsi le sang de Jésus-Christ efface les souillures de notre âme, et en dehors de lui nous ne pouvons espérer de pardon. I Joa., i, 7 ; Apoc, i, 5. Le sang des victimes a préservé les premiers-nés des Hébreux de la mort temporelle ; le sang de JésusChrist nous préserve de la mort éternelle. Apoc, y, 9. Le sang des victimes a scellé la première alliance de Dieu avec le peuple hébreu, Exod., xxiv, 8 ; Heb., ix, 18 ; le sang de Jésus-Christ est le principe et le gage du testament nouveau. Matth., xxvi, 28 ; I Cor., xi, 25. Par le sang des victimes furent dédiés et consacrés à Dieu le tabernacle et tous les objets sacrés de l’ancien culte ; par le sang de Jésus-Christ, nous sommes séparés de la masse des profanes, nous sommes « achetés, acquis » à Dieu, et consacrés à lui comme son peuple de prédilection. Act., xx, 28 ; Heb., xiii, 12 ; I Petr., i, 19. Voir Sacrifice.

IV. Aspersion avec l’huile sainte. — En général, l’huile sainte s’employait par onction ou par effusion. Toutefois, dans l’ancienne loi, nous trouvons quelques exemples d’aspersions proprement dites avec l’huile sainte. Dans la dédicace de l’autel des holocaustes, Moïse fit avec l’huile sainte sept aspersions sur cet autel, Lev., viii, 10-11 ; l'écrivain sacré emploie, pour exprimer ces aspersions, le même mot hébreu qu’il a employé pour les autres, c’est-à-dire le verbe nâzâh à la forme hiphif ; bien plus, il distingue expressément les deux cérémonies, l’aspersion et l’onction. Cf. Scheidius, Olewm unctionis, il, § 18, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xii, p. 935-938. Parmi les rites de la purification des lépreux, nous trouvons encore l’aspersion avec l’huile, Lev., xiv, 15-16, 26-27 ; ce texte nous apprend que ce genre d’aspersion se faisait avec le doigt (l’index, disent les rabbins, dans Scheidius, loc. cit., p. 938). Pour le symbolisme, voir Huile d’onction.

V. Aspersion avec un mélange d’huile sainte et de sang. — Nous ne trouvons qu’un exemple de l’emploi de cette*matière dans une aspersion sacrée. Dans la consécration d’Aaron et de ses fils comme prêtres, Moïse, prenant l’huile d’onction et le sang qui était sur l’autel des holocaustes, fit avec les deux liquides mélangés des aspersions sur Aaron et ses vêtements, puis sur ses deux fils et leurs vêtements. Lev., viii, 30. En cela il ne faisait qu’exécuter les ordres précis qu’il avait reçus de Dieu lui-même. Exod., xxix, 21. Qu’il y ait eu là non pas des aspersions distinctes, tantôt avec l’huile, tantôt avec le sang, mais des aspersions avec les deux liquides mélangés, nous ne pouvons en douter ; c’est le sens naturel de ces deux passages, et, de plus, c’est l’interprétation commune des commentateurs juifs et chrétiens. Philon, De Vita Mosis, iii, Opéra, Paris, 1640, p. 676 ; Cornélius a Lapide, In Lev., vm, 30 ; Ménochius, De republica Hebrœorum, ii, 5, Paris, 1648, p. 130-132 ; Goodwin, Moses et Aaron, I, v, 3, Brème, 1694, p. 24-25 ; Carpzov, Apparatus antiquitatum Sacri Codicis, Leipzig, 1748, p. 66-67 ; Reland, Antiquitates sacrx, II, i, 6, Utrecht, 1708, p. 67-68 ; Jahn, Archseologia biblica, § 355, dans Migne, Sacrse Scripturse cursus completus, t. ii, col. 1038 ; Leydekker, De republica Hebrœorum, X, iii, 5, Amsterdam, 1704, p. 591.

VI. Acceptions diverses. — Nous trouvons encore, dans la Sainte Écriture, des « aspersions » faites avec de la cendre, en signe de deuil, II Reg., xiii, 19 ; Jer., xxv, 34 ; avec des parfums, Prov., vii, 17 ; avec de la poussière, II Mach., x, 25 ; avec une eau épaissie, II Mach., i, 20-21. Dieu nous est représenté faisant sur la terre comme une « aspersion » de neige, Eccli., xliii, 19. Le mot « asperger » est employé dans le sens métaphorique, soit par David ; « Vous m’aspergerez, ô mon Dieu, avec l’hysope, et je serai purifié, » Ps. L, 9 ; soit par saint Paul : « 'Ayant, par une aspersion intérieure, nos cœurs purifiés de leurs souillures. » Heb., x, 22. Dans Isaïe, lxiii, 3, et dans l’Apocalypse, XIX, 13, le Messie apparaît avec une robe tout

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