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ASPALATHE — ASPERSION


patathus ; par malheur, on ne lui connaît pas de propriétés aromatiques. Il n’en est pas de même de YAmyris balsamifera, dans lequel quelques-uns ont cru reconnaître l’aspalathe des anciens. C’est un arbre de la famille des Térébinthacées, assez semblable à la plante qui produit le baume de la Mecque. Voir K. Fraas, Synopsis plantarum florse classicee oder Uebersichtlicke Darstellung der in dm klassischen Schriften der Griechen und Rômer vorkommenden Pflanzen, in-8°, Munich, 1845, p. 49-50 ; Bussemaker et Daremberg, Œuvres d’Oribase, 6 in-8° t. ii, 1854, p. 490, 513, 618.

L’opinion la plus commune est que l’aspalathe se tirait de la plante appelée aujourd’hui Convolvulus scoparius de Linné (fi g. 303). C’est le sentiment de plusieurs savants, tels que Littré, dans sa traduction de Pline, édit. Nisard, t. i, 1848, p. 493 (quoique dans sa traduction d’Hippocrate, Œuvres, t. viii, 1853, p. 447, il l’identifie avec le Genista acanthoclada) ; les annotateurs du même Pline, dans l'édition Panckoucke, t. viii, 1830, p. 451-452 (cf. t. xv, p. 197-199) ; V. Loret, qui a spécialement étudié la flore égyptienne. D’après lui, la plante appelée dans

la vallée du Nil i "V *=. jS, djalem ou djalmâ, et ^"1 I j. i djabi, est l’aspalathe, qui n’est pas autre que

le Convolvulus scoparius, « Je crois, dit-il, que l’aspalathe, ou du moins l’aspalathe égyptien de Pline, est bien le Convolvulus scoparius L., dont le bois, fort employé en parfumerie, est connu dans le commerce sous le nom de' Bois de Rhodes ou Bois de rose. L’Egypte renferme encore aujourd’hui un certain nombre de ces Convolvulus ligneux et non volubiles, auxquels appartient le Convolvulus scoparius. Tous poussent dans les rochers et les endroits pierreux ou sablonneux. » Le kyphi, dans le Journal asiatique, juillet-août 1887, p. 120. « L’Egypte moderne possède dix espèces de Convolvulus, mais le Convolvulus scoparius en a disparu. » V. Loret, La flore pharaonique, p. 26. Cf. A. Raffeneau-Delile, Florse ëgyptiacss illustratio, dans la Description de l’Egypte, édit. Panckoucke, in-8°, t. xix, 1824, n » * 222-231, p. 78.

Les convolvulus sont des herbes ou des plantes sousfrutescentes. Un assez grand nombre sont volubiles et s’enroulent autour des autres plantes. Parmi celles qui n’ont point cette propriété se range le Convolvulus scoparius. Il atteint deux mètres de hauteur, le tronc a trente-cinq centimètres environ de circonférence. « Son port très spécial rappelle celui d’un genêt : ses souches ligneuses émettent, en effet, des rameaux tout droits, joncif ormes, qui portent sur leur longueur, assez largement espacées, des feuilles simples, linéaires, très étroites, et à l’extrémité des fleurs relativement petites, jaunâtres, disposées en épis ou en grappes paniculées. La partie intéressante de la plante est la souche ligneuse et les grosses racines qui s’en détachent. Ces parties, généralement contournées, sont recouvertes d’une écorce grise, fongueuse ou un peu crevassée. Le bois luimême, blanchâtre dans les couches extérieures, est d’un jaune orangé au centre et tout imprégné d’une certaine quantité d’une huile peu volatile, qui a une odeur de rose prononcée. Aussi donne-ton à ce bois le nom de Bois de rose des parfumeurs ou Bois de rose des Canaries. II. est aussi connu sous le nom de Bois de Rhodes ( lignunt Rhodium) ; mais cette dénomination ne signifie pas autre chose que Bois à odeur de rose ; elle n’indique nullement l’origine géographique de la substance. La plante ne se trouve, en effet, qu'à une très grande distance de l'île de Rhodes ; elle croît seulement à Ténériffe, dans les Canaries. » Planchon, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, i" série, t. xx, 1877, p. 235. On peut supposer qu’elle a été cultivée autrefois en des lieux où on ne la trouve plus, aujourd’hui :  ; mais l’identification de l’aspalathe, on le voit, n’est pas encore bien établie. Quoique certains convolvulus soient

épineux, comme Varmatus (Description de l’Egypte, Histoire naturelle, Botanique, pi. 18), le scoparius ne l’est pas et, sur ce point, il ne répond pas à la description des anciens. — Voir E. P. Ventènat, Choix de plantes, in-f°, Paris, 1803, p. 24, pi. 24 ; Ch. Barker Webb et S. Berthelot, Histoire naturelle des îles Canaries, Phytographia, Paris, 1836-1850, t. iii, part, ii, sect. 3, p. 29-30.

F. VlGOUROUX.

ASPERSION. Dans le sens strict du mot, l' « aspersion » consiste en ce qu’on répand ou plutôt qu’on jette, sur des personnes ou sur des choses, quelques gouttes d’un liquide, soit avec les doigts, soit avec un rameau de feuillage, soit avec tout autre instrument ou vase destinés à cet usage. L’aspersion se distingue ainsi soit de 1' « ablution » totale ou partielle du corps, soit de 1' « effusion » d’un liquide. Nous trouvons chez les Hébreux la plus grande variété dans la matière et le rite des aspersions.

I. Aspersion avec l’eau lustrale. — Moïse, Num., Xix, détermine avec le plus grand soin tout ce qui concerne ce genre d’aspersion. — 1° Matière de l’aspersion. — C’est l’eau lustrale, qu’on obtient de la manière suivante : on immole et on fait brûler une génisse, de couleur rousse, sans défaut, sans tache, et n’ayant pas porté le joug ; dans le bûcher de la génisse, on jette aussi du bois de cèdre, de l’hysope et de l'écarlate teinte deux fois, Num., xix, 1 -6. Sur l’immolation et l’incinération de. la victime, voir Vache rousse. Les cendres ainsi obtenues sont recueillies par un homme « pur », et elles sont déposées hors du camp (plus tard hors de Jérusalem), dans un lieu <( très pur », pour être sous la garde et au service de tous les enfants d’Israël. Num., xix, 9. Quand on veut avoir de l’eau lustrale, on dépose un peu de ces cendres au fond d’un vase, on verse pardessus de l’eau « vive », c’està-dire de l’eau de source ou de rivière, par opposition à l’eau de citerne ou à toute eau dormante ; le mélange obtenu est l’eau lustrale. Num., xix, 17. L’action même de mélanger l’eau et les cendres est appelée par les rabbins « consécration » de l’eau lustrale.

2° Nom de cette eau. — Dans l’hébreu, Num., xix, 9, 13, 20, 21 ; xxxi, 23, elle est appelée mê niddâh, c’està-dire « eau de séparation » ou « d’impureté » (du radical nâdad, « séparer, rejeter » ), soit parce qu’elle servait à réconcilier et à rapprocher de Dieu ceux qui étaient « séparés » de lui par certaines impuretés légales, soit parce que la génisse dont les cendres servaient à faire cette eau était elle-même « séparée » et immolée ; d’autres interprètent ces mots mê niddâh dans le sens d' « eau d’aspersion » (du radical yâdâh, « répandre » ) ; c’est ainsi que les Septante traduisent, aux passages indiqués, ûSùp pavTia-fioCi, « eau d’aspersion, » sauf une fois : ùêùp à^viaixoG, « eau de purification. » Num., xxxi, 23. La Vulgate traduit tantôt aqua aspersionis, Num., xix, 9 ; tantôt aqua lustrationis, Num., xix, 20 ; tantôt aqua expiationis, Num., xix, 13, 21 ; xxxi, 23.

3° Forme et instrument de cette aspersion. — La forme est indiquée Num., xix, 18-19 ; un homme « pur » trempe un rameau d’hysope (hébreu : 'êzôb) dans l’eau lustrale, et asperge ainsi les personnes ou les objets contaminés. Pour faire l’aspersion, la loi n’exige pas un prêtre, ni même un lévite ; le premier Israélite venu suffit, pourvu qu’il soit « pur » ; aussi, pour être plus sûrs que cette condition fût accomplie, les Hébreux choisissaient de préférence, pour faire l’aspersion, de jeunes enfants ; c'étaient eux qui allaient puiser l’eau, qui la mettaient dans le vase avec la cendre sacrée, qui plongeaient dans l’eau le rameau d’hysope, et qui faisaient l’aspersion. Cet usage s’est transmis par la tradition ; il est mentionné par l’auteur de la Lettre de saint Barnabe, qui dit que trois enfants, itaïSeç, faisaient l’aspersion. Barnabse epistula, viii, dans Opéra Patrum apostolicorum, édit. Funk, Tubingue, 1881, . p. 27- Quant à l’instrument de l’aspersion, la loi exige un rameau d’hysope ; l’hysope avait déjà servi soit pour l’aspersiondu sang de l’agneau pasGal sur lesportes