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ASIONGABER


Le nom de^j^juafi, 'Asyûn, que les géographes arabes donnent à Asiongaber, est le même que celui du papyrus hiératique, le même que l’hébreu 'Ésyôn. Celui que nous ont conservé Eusèbe et saint Jérôme, De loc. heb., t. xxiii, col. 876, c’est-à-dire Aisia ou Essia, rappelle également 'Ésyôn. On croit même le reconnaître dans Ad Dianam, forme altérée d’une localité ainsi désignée dans la Table de Peutinger, sur la route romaine entre Élath et Rasa, à dix ou seize milles romains d'Élath.

L.THaiKer.aeif

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299. — Carte du golfe Élanitique.

D’après plusieurs savants, les traces de cette dénomination antique ne sont même pas complètement perdues sur place. « Le souvenir du nom subsiste encore aujourd’hui, disent Ebers et Guthe, Palâstina, t. ii, p. 251, dans celui d’une source d’eau saumâtre appelée 'Aïn el-Ghudyân, à seize kilomètres et demi au nord du rivage actuel de la mer ; mais de la ville même on n’a retrouvé aucune trace. y> Voir aussi E. Robinson, Biblical Researches, Boston, 1841, t. i, p. 250-251. Le nom de Ghudyân, en arabe, correspond par les consonnes à celui de 'Ésiôn. La petite vallée où se trouve cette source porte aussi le nom d’ouadi Ghudyân et vient de l’Arabah à l’est ; " mais, quoique la mer se soit retirée à l’extrémité nord du golfe d’Akabah, et qu’il y ait là aujourd’hui des marais, on ne peut guère supposer que la ville d' Asiongaber et son port étaient aussi loin de la côte actuelle. On ne sait pas même si la ville était sur la rive orientale ou sur la rive occidentale du golfe. M. Hull, Mount Seir, p. 78, suppose qu' Asiongaber et Élath, l’Akabah actuelle, n'étaient pas du même côté, mais vis-à-vis l’une de l’autre, sur les deux rives opposées, à peu près comme Messine et Reggio. H n'émet d’ailleurs aucune opinion sur la position d’Asiongaber. Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 14, paraît la placer sur la rive orientale ; il dit que, de son temps, Asiongaber ('A<roioYÔëapoç) s’appelait Bérénice et était tout près d'Élath.

On croit généralement que l’historien juif s’est trompé, et qu’il a confondu avec l’ancien port iduméenune ville qui se trouvait bien sur la côte de Nubie, mais qui n'était pas voisine d'Élath. Voir sur Bérénice et ses ruines, Wellsted, Travels in Arabia, 2 in-8°, Londres, 1838, t. ii, p. 332-346.

Parmi les savants modernes, Pococke, Montaigu, Shaw, A. Fr. Bûsching, Erdbeschreibung, Th. xi, part, i, in-8°, Hambourg, 1792, p. 619-621, placent Asiongaber à l’ouest,

au port de Scherm (^yw), ou, comme l’appelle Bûsching, Sbarme. Scherm est entouré de hantes falaises et situé sur la côte occidentale du golfe, prés de son extrémité méridionale. Cette position est certainement beaucoup trop au sud. J. B. Wellsted, Travels in Arabia, t. ii, p. 153-155, la place un peu moins bas, à Dahab (Mersa Dahab, « le port d’or » ), aussi sur la rive occidentale du golfe, à peu près en face du mont Sinaï qui est à gauche, et de la ville de Magnah qui est à droite, de l’autre côté du golfe ; c’est là que se trouve, d’après lui, le seul bon port de cette mer, et comme il est entouré d’une ceinture demi-circulaire de bancs de coraux, il suppose que c’est contre ces récifsque se brisa la flotte de Josaphat. III Reg., xxii, 49. Mais la situation de Dahab est trop éloignée d’Akabah, l’antique Élath, près de laquelle se trouvait Asiongaber, d’après III Reg., ix, 26 ; II Par., vin, 17 ; les vaisseaux de Salomon ne pouvaient s’arrêter ainsi à mi-chemin sur la côte, et débarquer leurs marchandises loin d'Élath, lorsqu’il leur était possible de les amener à un point plus rapproché de la Palestine. Aussi place-t-on communément Asiongaber plus au nord et près de la pointe du golfe. Voir la carte, fig. 299.

Une des opinions qui ont rallié le plus de partisans est celle de Schubert et de Léon de Laborde. Schubert, Reise in das Morgenland, 3 in - 8°, Erlangen, 1839, t. ir, p. 377-379, ainsi que L. de Laborde, Commentaire géographique sur l’Exode, in-f°, Paris, 1841, p. 124, croient qu' Asiongaber était située ou dans l’Ile ou vis-à-vis de l'île de Djézirat Pharaoun ou Kureiyéh, rocher de 270 mètres de long, appelé Abu Sanira Unda el-Galga par les Bédouins qui accompagnaient Schubert, Graie par L. de Laborde, Gouriah par Elisée Beclus, Èmrag par d’autres voyageurs. Voir E. Riippell, JReisen in Nubien, in-8°, Francfort-sur-le-Mein, 1829, p. 253. Voici les raisons qu’apporte L. de Laborde en faveur de son sentiment : « Élath, Asiongaber et le mont Séir, paraissent comme trois points voisins, qui tiennent les uns aux autres, dans le plus ancien document où ces trois noms se trouvent mentionnés. Deut., ii, 8. Le mont Séir doit s’entendre de toute la montagne des Édomites. Gen., xxxvi, 9. C’est le Djebel Scherra, qui s'étend depuis l’ouadi Gétoun jusqu’aux anciennes possessions des Moabites. À coté de cette montagne s'élevaient donc deux villes qui ne pouvaient être que très voisines, puisque le chemin de la mer Rouge, que nous avons reconnu être l’ouadi Araba, est en même temps appelé le chemin d'Élath et d’Asiongaber. Deut., il, 8. Nous savons… qu'Élath, dont le nom s’est conservé dans Ailah, se retrouve aujourd’hui dans Akabah, et que cette ville est située sur le bord de la mer, à l’extrémité septentrionale du golfe de l’Akabah. Nous avons donc une position qui nous est connue et une autre position qu’il faut chercher, sans qu’il nous soit permis de nous éloigner d’un voisinage très rapproché. Il n’y a pas assez d’espace dans l’extrémité du golfe pour placer deux villes, deux ports de mer, deux industries rivales. Ailah y a conservé ses ruines ; cherchons plus loin Asiongaber… Au nord de" l'île de Graie et du golfe où les vaisseaux trouvent un abri contre les vents, on rencontre des ruines qui s'étendent en forme d’enceinte et de buttes de décombres. Il y a de l’eau, des palmiers, des acacias et une plaine qu’une industrie persévérante peut avoir cultivée (fig. 300). Je vois là cet Azioum [dés géographes arabes] qui répond à la partie d’Asiongaber située sur la côte, un faubourg