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ASGALON — ASCENEZ


t. xvi, p. 24-27. On n’y a jamais fait jusqu’ici de fouilles méthodiques.

VoirV. Guérin, Description des ruines d’Ascalon, dans le Bulletin de la Société de géographie, 4e série, t. xiii, février 1857, p. 81-95 ; Id., Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 135-149, 153-171 ; T. Tobler, Dritte Wanderung nach Palâstina im Jahre 1851, in-8°, Gotha, 1859, p. 32-44 ; Ritter, Erdkunde, t. xvi, 1852, p. 69-89 ; H. Guthe, Die Ruinen Ascalon’s, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina -Vereins, t. ii, 1879, p. 164-171 ; Ebers et Guthe, Palâstina in Bild und Wort, 2 in-4°, Stuttgart, 1884, t. ii, p. 180-182, 454-455 ; Stark, Gaza und die philistâische Kûste, in-8°, léna, 1852, p. 23, 455, 561 ; Warren, The Plain of Philistia, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, avril 1871, p. 87-89 ; Gonder et Kitchener, The Survey of Western Palestine (avec plan et vues), Memoirs, t. ru, 1883, p. 237-247 ; W. Thomson, The Land and the Book, Southern Palestine, in-8°, Londres, 1881, p. 170-178 ; Conder, Tentwork in Palestine, 1878, t. ii, p. 164-166.

F. Vigouroux.

    1. ASCALONITE##

ASCALONITE (hébreu : hâ-'Esqelônî ; Septante ; 'AuxaWvtTYjc), nom ethnique, habitant d’Ascalon. Jos., XIII, 3. Voir Ascalon.

    1. ASCENEZ##

ASCENEZ (hébreu : 'ASkenaz ; Septante : 'Acr/oevaÇ, Gen., x, 3 ; I Par., i, 6 ; mît 'AxavaÇéoiç, Jer., xxviii (li), 27), le premier des trois fils de Gomer, fils de Japheth, c’est-à-dire un des peuples de la grande race japhétique. Gen., x, 3 ; I Par., i, 6. Pour savoir quel rameau ethnographique il représente, il nous faut consulter les traditions anciennes, étudiées à la lumière de la critique et des découvertes modernes. « Aschanaz, dit Josèphe, fut le père des Aschanaziens, qui maintenant sont appelés 'P^iveç par les Grecs. » Ant. jud., i, vi, 1. L’historien juif est reproduit par différents auteurs, entre autres par saint Jérôme, Hebr. Qusest. in Gènes., t. xxiii, col. 951. Que signifie ce nom de Rhégines, absolument inconnu d’ailleurs ? Désigne-t-il la Rhagiane, 'Payiavii, une des provinces de la Médie, don la capitale était Rhagse, 'Payotî, ou le canton delà Babylonie qui renfermait la ville de Rhagsea, 'Potyata ? On ne sait. Faut-il le rapporter aux Rugii du nord de la Germanie ? Tacite, German., 43 ; Ptolémée, II, 11, 27. Quelques savants l’ont cru. Mais cette double hypothèse semble inadmissible, car Josèphe suit ordinairement avec exactitude le système d’assimilation des anciens docteurs juifs, et tous ces noms nous transportent bien en dehors des limites assignées à Ascenez par leurs plus vieilles traditions.

En effet, dans les deux Talmuds, celui de Jérusalem, Mégillah, i, 1, et celui de Babylone, Yoma, 10 a, de même que dans les Targums, 'Askenaz est expliqué par Asia. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 309-310, 423. Et il ne s’agit pas ici, comme l’a pensé -4£nobel, Die Vôlkertafel der Genesis, Giessen, 1850, p. 40, du petit canton de l’Asie propre en Lydie, Strabon, xiii, p. 627 ; mais bien de la province romaine de l’Asie proconsulaire, toujours désignée dans les Talmuds par ce nom d’Asta. La tradition des écoles juives, à l'époque la plus reculée où nous puissions la saisir, plaçait donc dans l’Asie Mineure occidentale la patrie du fils aîné de Gomer. Et c’est précisément dans cette contrée, comme nous le verrons, que se rencontre tout un groupe de noms géographiques dont les meilleurs critiques n’hésitent pas à reconnaître la parenté incontestable avec celui d' 'Askenaz. Cf. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, Paris, 1880-1884, t. ii, p. 389.

Cependant les commentateurs juifs du moyen âge croient que les Germains sont les descendants d' Ascenez. (Les Juifs allemands s’appellent encore aujourd’hui Askenàzi.) Knobel, ouvr. cit., adopte cette opinion. Il regarde le mot Askenaz comme un nom composé, As-kenaz,

dont le dernier élément serait l'équivalent du grec titoç, latin gens, genus, et dont la signification serait alors : « race ou nation d’As. » C’est « la tribu qui de très bonne heure vint s'établir dans les pays Scandinaves et germains, les Ases, opinion que favorise la légende allemande de Mannus et de ses trois fils, Iscus (Ash, 'A<rxdmoç), Ingus et Hermino. On trouve encore de nos jours, dans le Caucase, une peuplade que Knobel rapporte à la même origine. Elle se nomme elle-même Ir, Iron ; mais elle est appelée par les autres peuples caucasiens Osi, Oss ; par les Russes Iases, et par les anciens voyageurs As ou Aas. C’est une tribu primitive qui se distingue de toutes les autres du Caucase, et dans laquelle la physionomie européenne, en particulier les yeux bleus et les cheveux blonds ou rouges, mérite d'être remarquée. Sa langue est indogermanique, et a beaucoup de mots communs avec l’allemand ; elle a même quelque chose de germanique dans le son et le débit. » Crelier, La Genèse, Paris, 1889, p. 126. Nous croyons avec M. A. Maury, Journal des savants, 1869, p. 224, que Knobel se laisse trop influencer par les identifications arbitraires des Juifs modernes, enclins à faire rentrer dans le chap. x de la Genèse les populations les plus éloignées. Outre son peu de fondement, cette opinion est de date trop récente pour être acceptée. Malgré une racine plus ancienne dans la Chronique d’Eusèbe (version latine de saint Jérôme, t. xxvii, col. 71), où le nom est interprété par gentes Gothicæ, elle ne se rencontre pas avant le ixe siècle de notre ère.

Un grand nombre de critiques modernes, après Bochart, Phaleg, libf iii, cap. IX, se rattachent à la tradition talmudique, et cherchent Ascenez dans l’Asie Mineure, où la géographie et l’histoire fournissent des données importantes. Elles signalent dans la Bithynie un district i’Ascania, habité par des Phrygiens et des Mysiens, Homère, Ilia., Il, 862 et suiv. ; Strabon, xii, p. 564 ; Pline, H. N., v, 40 ; un lac Ascanien près de Nicée, Strabon, xii, p. 565 ; Pline, xxxi, 10 ; et un fleuve Ascanios, Pline, v, 40, 43 ; enfin les îles Ascaniennes et le golfe Ascanien sur le littoral de la Troade. Pline, v, 32, 38. C’est ce nom d’Ascanie et d’Ascaniens qui suggéra la création du personnage mythique d’Ascanios ou Ascagne, donné pour fils à Énée. Quelques savants établissent aussi un rapprochement, plus ingénieux peut-être que fondé, entre les noms d’Askenaz, Ascanios, et celui de la mer Noire, appelée d’abord IIôvtoç "AÇevoc, Strabon, vii, p. 300 ; Pline, iv, 24, ou "Agsivoc, e ' P ws * ar rï seulement IIovtoç EtfÇeivo ; , dénomination qui, à l’origine, aurait été empruntée à l’un des principaux peuples qui habitaient les bords du PontEuxin. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, la géographie ancienne de l’Asie Mineure nous montre assez nettement l’existence et l’extension d’une province d’Ascanie, qui fut, d’après certaines traditions, le premier siège des Phrygiens, et à laquelle se rattache assez naturellement le nom d’Ascenez.

Mais ces données s’accordent-elles bien avec le passage de Jérémie, li, 27, où Dieu, ordonnant aux nations de se réunir pour combattre Babylone, convoque contre elle « les rois d’Ararat, de Menni et d’Ascenez » ? Ararat et Menni, d’après l’opinion généralement reçue, représentent l’Arménie. Ascenez doit donc désigner une province voisine de ce pays. Cette conclusion ressort également de la table ethnographique, Gen., x, 3, dans laquelle Ascenez a pour frère Thogorma, qu’on place de même en Arménie. Enfin M. P. de Lagarde, Gesammelle Abhandlungen, Leipzig, 1866, p. 255, observe que la désinence az sert à tonner les patronymiques en arménien, et que Asken s’y est conservé dans l’usage comme nom propre ; c’est là un vestige de la descendance askenazienue des Arméniens.

Il est vrai, 'répondrons-nous avec F. Lenormant, Origines de l’histoire, t. ii, p. 393-394, que l’Ascenez de Jérémie ne saurait être le canton de l’Ascanie bithynienne, ni même l’ancienne province d’Ascanie ; elle est beaucoup trop reculée dans l’ouest, et elle ne dépendait pas de la