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ASCALON


Inscriptions grecques et latines, t. iii, n° 1839.) Son zèle polythéiste éclata contre les chrétiens, qui y furent cruellement persécutés. Chron. pasc, ad ann. 361, t. xcil, col. 741- Elle eut néanmoins un siège épiscopal Voir Le Quien, Oriens christiamts, t. iii, p. 598 et suiv. ; Gams, Séries Episcoporum, 1873, p. 453. Le christianisme en disparut sans doute avec l’invasion musulmane. Elle joua un grand rôle pendant les guerres des croisés, mais elle fut enfin complètement détruite en 1270 par Bibars Bondokdar, et depuis elle n’a jamais été relevée. Celle que les auteurs arabes appelaient, à cause de sa beauté, « la Fiancée de la Syrie » (Ritter, Erdkunde, t. xvi, p. 73)^ n’est plus qu’un monceau de ruines, en partie ensevelies sous les sables. Tous ceux qui les ont visitées s’accordent à dire qu’elles sont comme l’image de la désolation. Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, 1. ii, p. 369. Le site est magnifique, mais c’est une solitude, sans un seul habitant. V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 149. Si, après avoir marché au milieu des décombres et des nombreux débris de colonnes de marbre et de granit, l’on monte au haut de ce qui reste des murs de l’antique citadelle, on a sous les yeux Ascalon, ou plutôt la place où elle fut jadis. « De cette élévation, dit Porter, M peine peuton voir quelque ruine isolée, à part les murailles de la ville. Comme j'étais assis là un matin, je comptai cinq paires de bœufs qui labouraient (dans l’enceinte d’Askulan), deux autres qui tiraient l’eau pour arroser, et vingt-huit hommes ou femmes occupés aux -travaux des champs. Telle est une partie de la ville, l’autre partie est encore plus tristement désolée. Le sable ilanc a franchi le mur du côté du midi, le recouvrant presque en entier, même dans ses parties les plus hautes, et il s'étend en larges bandes sur le sol à l’intérieur. La scène présente un tel aspect de désolation, qu’il est pénible de la contempler : d’antiques fondations de maisons, de palais peut-être, et les jeunes vignes qui ont été plantées par des hommes encore vivants, sont également submergées sous des flots de sable. Et le sable avance toujours, de sorte que probablement avant un demi-siècle le site même d' Ascalon aura disparu. Que les paroles de Sophonie, ii, 4, prononcées il y a vingt-cinq siècles sont exactes : Ascalon sera désolée, ainsi que celles de Zacharie, ix, 5 : Ascalon ne sera plus habitée… Un petit village est à côté d’Askulan, mais il n’existe pas une seule habitation humaine dans l’intérieur de ses murs. » Porter, 'Handbook for Syria, p. 276.

L’aspect imposant de ses ruines atteste cependant encore aujourd’hui son ancienne splendeur. Voir Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthùmer, t. ii, part, ii, p. 383. Elles sont, avec celles de Césarée de Palestine, les plus importantes qu’on rencontre sur la côte de Ja Méditerranée entre Gaza et Beyrouth, et elles permettent de reconstituer encore aujourd’hui fidèlement le plan de l’antique cité (fig. 288). Quoique Ascalon fût de grandeur médiocre (Strabon, xvi, 29, p. 646), sa position en faisait une place très forte. Josèphe, Bell, jud., III, II, 1, t. ii, p. 145. Un des historiens contemporains des croisades, Guillaume, archevêque de Tyr, Hist. rerum transmarinarum, xvii, 22, Patr. làt., t. CCI, col. 696-697, a décrit Ascalon avec justesse de la manière suivante : « Ascalon, dit-il, est située sur le rivage de la mer. Elle a la forme d’un demi-cercle dont la corde ou le diamètre court parallèlement à la mer, tandis que la circonférence ou arc de cercle est tourné à l’orient du côté de la terre ferme. Xa cité est comme enterrée dans une fosse, et s’abaisse "vers la mer, entourée de remblais faits de mains d’homme, sur lesquels s'élèvent les remparts, flanqués de nombreuses iours et construits avec beaucoup de solidité. » Pour être tout à fait exact, Guillaume de Tyr aurait dû ajouter qu’une .grande partie des fortifications n'était pas artificielle, mais formée du côté ouest et nord-est par des rochers qui ont de neuf à vingt mètres de haut, et qui dessinaient en fros le plan de la ville. La nature avait préparé elle-même

cet amphithéâtre, au milieu de ce magnifique paysage, pour servir de siège à une ville florissante. Le pourtour de l’arc avait approximativement 1600 mètres. La muraille, qui était comme le diamètre du demi-cercle, mesurait environ 1 200 mètres de longueur. Vers le milieu était la porte appelée de la Mer, parce qu’elle y conduisait. C’est à l’angle sud-ouest que le niveau du terrain est le plus bas. Il y

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288. — Plan d' Ascalon.

avait là un petit port, dans l’intérieur même de la ville. Des deux côtés de l’entrée de ce port, les fortifications étaient particulièrement considérables. Ascalon avait d’ailleurs une rade plutôt qu’un véritable port, et cette rade n'était guère bonne. Dans le côté sud des murailles s’ouvrait une porte sur la route de Gaza ; elle est aujourd’hui presque, ' complètement ensablée. À l’est sont les points les plus élevés et les plus forts de l’enceinte. On peut supposer que là se trouvait la citadelle, au nord de laquelle était la porte, flanquée de deux tours, qui conduisait en Judée. Au nord était une quatrième porte qui menait à Jaffa. Les murailles devaient avoir environ dix mètres de hauteur, et en moyenne deux-mètres de largeur. Il faut une heure pour faire le tour de l’enceinte. Les restes actuels sont ceuK de la ville des croisés^ mais, à cause de sa configuration naturelle, elle a dû être à peu près la même à toutes les époques.

A l’intérieur des murs, on est frappé d’un spectacle inattendu. Ce ne sont point seulement des débris et des monceaux de décombres qu’on y rencontre, mais presque partout une végétation luxuriante. Les chemins sont marqués par de petits murs formés de pierres superposées, et semblent correspondre aux rues anciennes. M. V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 144-148, y a remarqué les ruines de trois églises, les restes d’un théâtre et un grand nombre de citernes et de puits. Celui qui est marqué sur le plan, au nord-ouest, est taillé dans le roc ; il est rond et profond, et l’eau qu’il renferme est au niveau de la mer. Comme l’avait très bien observé Guillaume de Tyr, Hist., t. CCI, col. 697 : « On ne trouve aucune source ni à l’intérieur de la ville ni dans le voisinage, mais les puits abondent au dehors et au dedans, et l’eau en est bonne et agréable à boire. On avait aussi construit, pour plus de sûreté, dans l’enceinte des murs, quelques citernes destinées à recevoir l’eau de pluie. » D’après une tradition mentionnée dans Origène, Cont. Cels., iv, 44, t. xi, col. 1100 (cf. S. Jérôme et Eusèbe, Onomasticon, édit. de Lagarde, Gcettingue, 1887, p. 176, 288), quelques-uns des puits d’Ascalon auraient été creusés par Abraham. Cette tradition se retrouve dans la version samaritaine