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ARTAXERXÈS II — ARTISANS CHEZ LES HÉBREUX


sans autorité civile, son rôle devait se borner, d’après la teneur même du décret d’Artaxerxès I", à la réorganisation du culte dans le temple de Jérusalem, rétabli avant la ville elle-même. Rien, dans les chapitres vn-x du premier livre, ne suppose la ville déjà relevée de ses ruines. Il n’y est question que d’institutions religieuses et de réformes morales. Les événements racontés dans ces chapitres peuvent donc parfaitement être antérieurs à l’arrivée de Néhémie. — 2° Néhémie accomplit sa mission sous le pontificat d'Éliasib, II Esdr., iii, 1, et, de son côté, Esdras se retira au temple dans la chambre de Johanan, fils d'Éliasib, I Esdr., x, 6. Mais il est loin d'être démontré que l'Éliasib, père de Johanan, soit le même personnage que le grand prêtre. Johanan et Jonathan peuvent sans doute être deux formes différentes d’un même nom ; mais deux versets consécutifs du second livre, xii, 22, 23, autorisent à admettre une distinction entre le grand prêtre Éliasib, qui a pour fils et successeurs Joïada, Johanan et Jeddoa, et Éliasib, chef des familles lévitiques, et qualifié de père de Jonathan. Quoi qu’il en soit d’ailleurs de ces deux versets, nous trouvons dans le premier livre un Éliasib père de Johanan, un Éliasib chantre, un Éliasib fils de Zéthua, et un Éliasib fils de Bani. I Esdr., x, 6, 24, 27, 36. Le Johanan fils d'Éliasib, dans la chambre duquel se rendit Esdras, peut donc fort bien être contemporain du grand prêtre Eliasib. — 3° La conduite différente d’Esdras et de Néhémie au sujet des mariages mixtes n’implique point la nécessité de faire agir Néhémie antérieurement à Esdras. Ce dernier, en sa qualité de prêtre, a imposé des mesures plus radicales que Néhémie, dont l’autorité était purement civile. La réforme d’Esdras a réussi, sans nul doute ; mais il n’est pas extraordinaire que l’abus ait reparu par la suite, et que vingt-cinq ans plus tard Néhémie se soit contenté de jeter la défaveur sur ces unions étrangères, sans cependant les prohiber. La loi d’ailleurs ne défendait formellement que les mariages avec les Chananéens, Deut., vii, 3, 4, et ceux des femmes d’Israël avec des Moabites et des Ammonites, Deut., xxiii, 3. Les autres unions étrangères pouvaient être tolérées, et la descendance qui en provenait faisait partie de la nation après quelques générations. La conduite de Néhémie s’explique donc ; pour autoriser la mesure relativement indulgente qu’il prenait, il n’avait pas à s’appuyer sur la prohibition beaucoup plus sévère portée antérieurement par le célèbre scribe. — 4° La septième année d’Artaxerxès I er, Esdras exerce à Jérusalem une incontestable autorité, mais cette autorité est surtout religieuse. Treize ans plus tard arrive Néhémie, qui est tirSâtd' (voir Athersatha), c’est-à-dire personnage officiel muni de pleins pouvoirs pour gouverner la province de Judée au nom du roi. Pour la postérité, Esdras, le savant scribe t le pieux et énergique réformateur, le restaurateur du culte, fut un homme bien supérieur au firSatâ' ; mais, aux yeux des contemporains, le gouverneur, revêtu de l’autorité officielle, occupait incontestablement le premier rang. Il est done tout naturel qu’Esdras apparaisse seulement à ses côtés pour remplir les fonctions de son ordre, c’est-à-dire faire la lecture de la loi dans une circonstance solennelle. — 5° Enfin le changement d’attitude d’Artaxerxès I er vis-à-vis des Juifs peut être aisément expliqué par les circonstances. En sept années, bien des idées se modifient dans l’esprit d’un prince circonvenu par une multitude de courtisans ou d’intrigants, qui lui présentent les faits conformément à leurs passions ou à leurs intérêts. Les arguments apportés par le critique belge ne sont donc pas suffisants pour rejeter la thèse traditionnelle.

H. Lesêtre.

ARTÉMAS ('ApTe|xîç, contraction d"Apte(iî8wpoc, « don d’rvtémis ou Diane » ), disciple que saint Paul, au cours du voyage qu’il fit en Orient, après sa première captivité, se proposait d’envoyer à Tite, en Crète. Tit., iii, 12. On ne sait rien de ce personnage. Il avait du moins l’estime de saint Paul, qui le jugeait capable de suppléer Tite dans le

gouvernement de l'Église de Crète. On croit qu’il fut ensuite évêque de Lystres. Voir Acta Sanctorum, xxi juin.

H. Lesêtre.

ARTÉMIS ("ApT5|xi<), nom grec de la déesse des Éphésiens, appelée Diane dans la Vulgate. Act., xix, 24, 27, 28, 34, 35. Voir Diane….

    1. ARTIGNY##

ARTIGNY (Antoine Gachat d'), né à Vienne, en Dauphiné, le 8 novembre 1706, mort le 6 mai 1778. Il était chanoine et passa sa vie dans les recherches littéraires et bibliographiques. Connu principalement par ses travaux littéraires, il est néanmoins rangé parmi les auteurs du xviiie siècle qui ont écrit sur la Bible, à cause de son ouvrage intitulé : Nouveaux mémoires d’histoire, de critique et de littérature, 4 in-12, Paris, 1749-1751 (Bibliothèque nationale. Z 28794). Dans le tome I er de cet ouvrage, il traite plusieurs questions se rapportant à la science biblique. Son œuvre a vieilli ; néanmoins il y a encore d’excellentes choses à glaner parmi ces travaux remplis d’observations judicieuses. — Voici les titres des articles du tome I er que visent nos réflexions : De l'étude de la chronologie ; Observations sur les antiquités des Égyptiens et des Chaldéens ; Particularités romanesques de la vie de Moïse, inventées par les anciens rabbins ; Remarques sur l’origine des fables du paganisme " ; Recherches sur l'époque du règne de Sésostris ; De l’origine de l’idolâtrie ; Des prétendus restes de l’arche de Noé ; De l’existence des géants ; Remarques sur l’origine et sur les dieux des Philistins ; Des richesses immenses que David laissa à Salomon pour la construction du temple ; Description du temple de Salomon ; De la situation du pays d’Ophir ; Remarques sur la destruction de l’armée de Sennachérib ; Réflexions sur l’histoire de Cyrus ; Histoire de la version des Septante ; Remarques historiques et critiques sur les sectes des Juifs ; De l’origine du grand Hérode ; Remarque sur le Scilo. 0. Rey.

    1. ARTINGER Johann Petrus##

ARTINGER Johann Petrus, théologien catholique, né en ! 668 àlngolstadt, en Bavière, mort le 2 octobre 1729. On a de lui le Plectrum Davidicum, sive Psalmodia practica et explanata, Ingolstadt, 1726 ; Of/icium divinum, sive methodus recitandi horas canonicas, 1727. J. Oliviéri.

1. ARTISANS (VALLÉE DES) (hébreu : Gèharasim ; Septante, 'AysaSSouç), I Par., iv, 14 ; II Esd., XI, 35. Voir Joab 2 et Vallée des Artisans.

2. ARTISANS CHEZ LES HÉBJtEUX (hébreu : fyârâS, « celui qui entame » avec un outil le fer, la pierre ou le bois, et bôsêb, « celui qui combine » pour exécuter un travail ; Septante : èp^â-nr)?, téxtov, cr/vi’O) ;  ; Vulgate : artifex, faber, operarius, opifex). Les artisans sont les hommes qui exercent un art mécanique, et, en général, ceux qui s’occupent d’un travail manuel. L’artisan travaille soit en son propre nom, soit pour le compte d’un maître. Dans ce second cas, il est iâkir, (j.i<t8° t41 ; , mercenarncs, (l mercenaire. »

I. Différentes sortes d’artisans. — La Bible fait allusion assez souvent aux différents métiers des artisans ; mais elle est loin de les mentionner tous, et ordinairement elle suppose connus les détails qui nous intéresseraient et les passe sous silence. Les Hébreux, avant la captivité et surtout avant l'époque des rois, ne s’adonnaient pas d’ailleurs à l’industrie, et les artisans proprement dits étaient chez eux fort rares. Voici les indications générales fournies sur ce sujet par les Livres Saints. (Pour les détails, voir les articles spéciaux.)

A) ouvriers de la terre, — ï. Cultivateur, 'ôbêd 'âdâmâh, « serviteur de la terre, » comme Caïn, Gen., iv, 2 ; 'ÎS 'âdâmâh, « homme de la terre, » comme Noé, Gen., K, 20, ou 'îs éâdéh, « homme des champs, » comme