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art hébraïque — artaxerxès

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Tu ne les adoreras pas et tu ne les serviras pas. » Exod., xx, 4, 5. Toutes les représentations d'êtres vivants étaient donc prohibées. Cette loi fut une des mieux observées. Les violations, telles que Jud., xvii, 5, sont rares. Les Hébreux obéirent à la lettre du précepte divin. Aussi, dans la Bible, n’est-il jamais question de peinture exécutée par les Hébreux, ou par d’autres à leur intention. Les ouvrages de sculpture qui décoraient le temple, les monuments, les tombeaux, ne comportaient guère que des motifs empruntés au règne végétal. C’est tout au plus si, le long des murs du sanctuaire, les bas-reliefs représentaient des chérubins au milieu des coloquintes, des palmiers et des fleurs épanouies. III Reg., vi, 23-35 ; Ezech., xli, 18. De Vogué, Le temple de Jérusalem, p. 32. Cette exception semblait autorisée par la présenee des deux chérubins d’or qui se dressaient sur l’arche d’alliance, et des deux autres qui se tenaient debout dans le Saint des 'saints. Quelques figures d’animaux, comme par exemple les bœufs qui soutenaient la mer d’airain, furent aussi introduites dans le mobilier du temple. II Par., iv, 4. Ces figures apparaissaient d’ailleurs avec l’attitude respectueuse et subalterne qui convient à de simples créatures. Quant à la loi prohibant toute représentation d'êtres vivants, elle s’explique d’elle-même. La peinture et la sculpture ont été chez les anciens les auxiliaires et comme les véhicules de l’idolâtrie. Pour empêcher l’abus des arts, chez un petit peuple isolé au milieu d’un monde tout entier idolâtre, le Seigneur jugea à propos d’en restreindre l’usage, et laissa à d’autres le soin de cultiver la sculpture, la peinture et tous les autres arts représentatifs.

Dans ces conditions, il ne pouvait donc y avoir, à proprement parler, d’art hébraïque. Ce n’est pas à dire que les Hébreux aient vécu étrangers à tout sentiment artistique ; mais toutes les fois qu’ils ont dû faire appel aux ressources de l’art, ils n’ont point su être originaux, et sont restés tributaires des étrangers. Ainsi au désert, après la sortie d’Egypte, leur art est tout égyptien de conception et d’exécution. Voir Arche d’alliance. Quand Salomon veut construire le temple et ses palais royaux, il s’adresse aux Phéniciens, qui fournissaient alors architectes, artistes et ouvriers aux nations avec lesquelles leur commerce les mettait eh rapport, et se faisaient les entrepreneurs de toutes sortes de grands travaux publics. Ces étrangers étaient en même temps fabricants et exportateurs de céramique, de mobilier artistique, de bijouterie, etc. Du reste, ils ne visaient pas à l’originalité ; leur art s’inspirait presque exclusivement de l’art des Égyptiens et des Assyriens, et s’accommodait aisément aux fantaisies ou aux exigences de ceux qui réclamaient leurs services. En un mot, les Phéniciens étaient beaucoup moins artistes qu’habiles entrepreneurs ; le profit leur importait plus que la gloire. En les invitant à travailler pour leur compte, les Hébreux, si peu artistes eux-mêmes, n’appelaient donc à leur aide qu’un art composite et de seconde main. Voir Architecture hébraïque. Les choses ne se passèrent guère autrement à l'époque de Zorobabel et à celle d’Hérode. Après la captivité, quelques Israélites s’adonnèrent à la culture des arts ; mais ce fut toujours un art étranger qui fut mis à contribution par les Juifs ; ils se contentèrent de lui imposer les modifications réclamées par la loi divine ou par les nécessités du service du temple.

Les monuments qui permettraient de se faire quelque idée de l’art hébraïque sont extrêmement rares. Il n’y a pas lieu de s’en plaindre outre mesure. Les monuments égyptiens, assyriens, phéniciens, perses, grecs et romains fournissent lés éléments de ce qu’ont été, suivant les époques, les œuvres d’art exécutées ou commandées par les Hébreux. Voir Architecture, Peinture, Sculpture, Glyptique, Temple, Tombeaux. Pour les arts mécaniques, voir Artisans. Cf. Gugler, Kunst der Hehrâer, Landshut, 1614 ; Cleghorn, History of ancient and modem

Art, Edimbourg, 1848 ; de Saulcy, Histoire de l’art judaïque, Paris, 1858 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art

dans l’antiquité, t. IV.

H. Lesêtre.
    1. ARTABAN##

ARTABAN, historien juif. Voir Artapan.

    1. ARTABE##

ARTABE (àpTâ6ï|), mesure de capacité employée par les Perses, et aussi par les Égyptiens et les Arabes. Elle est mentionnée seulement dans le chapitre xiv, 2, de Daniel, que nous n’avons plus qu’en grec. Nous y lisons que les Babyloniens offraient tous les jours à l’idole de Bel « douze artabes de farine ». Hérodote, I, 192, édit. Teubner, p. 102, nous apprend que l’artabe des Perses valait un médimne attique, plus trois chénices, c’est-à-dire environ 55 litres. D’après Polyen, iv, 3, 32, édit. Teubner, p. 141, l’artabe équivalait au médimne, c’est-à-dire à 51 litres 79. Comme à l'époque où se passe l'événement raconté par le livre de Daniel, les Perses étaient maîtres de Babylone, c’est certainement de l’artabe dont ce peuple faisait usage qu’il est question ici. — Les Septante ont aussi, employé le mot « artabe », dans leur traduction d’Isaïe, v, 10. Le texte original porte « un hômér t> (Vulgate : triginta rnodii) ; le grec met : « six artabes, » qui équivalent, en effet, à peu près à un hômér. Cf. Revue égyptologique, t. ii, 1881, p. 197. Voir Hômér.

    1. ARTAPAN##

ARTAPAN, historien juif, de date incertaine, qui vivait en Egypte avant notre ère, et qui écrivit un livre en grec sur les Juifs, LUpl 'Iou6cua>v. Il n’en reste qu’un très petit nombre de fragments qui nous ont été conservés par Clément d’Alexandrie, Strom., i, 23, t. viii, col. 900 ; la Chronique pascale (an 2 de Moïse), t. xcii, col. 201 ; Eusèbe, Prsep. Ev., ix, 18, 23, 27, t. xxi, col. 709, 719, 728, etc., et une Chronique anonyme, dans J. A. Cramer, Anecdola grsscae codicibus manuscriplis Bibliothecse regise Parisiensis, 4 in-8°, Oxford, 1839-1841, t. ii, p. 176. Josèphe avait l’ouvrage d' Artapan entre les mains, et il s’en est servi dans la composition de ses Antiquités judaïques. Voir J. Freudenthal, Alexander Polyhistor, in-8°, Breslau, 1875, p. 169-171. Par ce qui nous reste du Tlept 'IouScu’oiv, on voit que l’auteur s'était proposé la glorification des Juifs : c’est à eux, d’après lui, que les Égyptiens devaient leur science : Abraham, lors de son voyage en Egypte, apprit l’astronomie au roi de ce pays, Pharéthotès ; Joseph et Moïse enseignèrent l’agriculture aux habitants des bords du Nil, etc., Moïse (Eusèbe, Prsep. Ev., ix, 27, t. xxi, col. 728) leur apprit même à honorer les dieux, il divisa l’Egypte en trente-six nomes, et donna aux prêtres les signes de l'écriture. Cette défiguration de l’histoire profane en faveur des Juifs est le trait commun de plusieurs des écrivains de cette nation, qui vécurent à Alexandrie. Voir Alexandrie (École exéoétique d'), col. 359. Cf. C. Mûller, Fragmenta histor. grœc., t. iii, p. 207-208 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, t. u (1886), p. 735-736 ; Vaillant, De historicis qui ante Josephum Judaicos res scripsere, in-8°, Paris, 1851, p. 74-83.

ARTAXERXÈS. Hébreu : 'ArtahSaStâ', 'Artahsastâ' et 'ArfahSaSte' ; Septante : 'ApTaÇépÇï|ç ; dans Hérodote et dans Plutarque : . 'ApToÇépÇïji ; . En susien ou médique :

A - r - tak - sas - sa. En assyrien :

Artaaksaatsu,

Artaksatsu.