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ARMÉNIE — ARMÉNIENNE (VERSION) DE LA BIBLE


et plus spécialement dans la Phrygie ; les autres (Riphath) s’arrêtèrent en Paphlagonie ; les derniers enfin, la race de Thogormah, poussèrent plus à l’orient encore, et commencèrent à envahir l’Arménie. C'était environ au vm « ou VIIe siècle avant J.-C. Cet envahissement de l’Arménie par les nouveaux venus se fît lentement. Ils occupèrent d’abord la partie occidentale, le Thogormah d'Ézéehiel, sans toucher aux royaumes d' Urartu ou Ararat et de Man ou Minni, où habitaient encore les Urartiens ou Alarodiens. Ce n’est guère, dit Fr. Lenormant, Histoire, t. i, p. 294, qu'à la fin du vne siècle ou au commencement du VIe que les Arméniens proprement dits, les fils de Thogormah, « firent la conquête de ces contrées, où plus lard une infiltration lente de nouveaux éléments ethniques, sous la domination perse, en fit un peuple entièrement iranien de langue et même de type physique, comme le sont les Arméniens modernes. »

Le défaut de documents authentiques ne nous permet pas de préciser l'époque à laquelle la race aryenne arriva au gouvernement du pays ; ce ne fut probablement pas avant la chute de Ninive ; tandis que le Tigrane I er de Moïse de Khorène, dont les récits, à dater de ce roi, ont quelque vraisemblance, semble avoir appartenu aux nouveaux venus. Quoi qu’il en soit, on ne saurait douter que les premiers rois de la nouvelle race, comme les derniers de l’ancienne, n’aient été sous la dépendance directe des Mèdes et des Perses. Ils n’y échappèrent que pour passer sous la domination d’Alexandre le Grand (328) et des Séleucides, ses successeurs. L’Arménie fut alors administrée par des gouverneurs indigènes nommés par le suzerain. Le dernier de ces gouverneurs, Ardavatz, fut chassé par Arsace le Grand ou Mithridate, qui établit son frère Valarce roi d’Arménie (149). C’est ainsi que commença la dynastie arménienne des Arsacides, qui se maintint tant bien que mal jusqu’en 428 après J.-C, époque où elle tomba sous les coups des Sassanides.

On a prétendu que les Hébreux avaient connu l’Arménie par les Phéniciens (Lenormant, Origines, ii, 408), et que les textes bibliques montrent clairement la progression dans la connaissance de l’Arménie chez les auteurs sacrés. Personne ne voudrait nier le premier point, pourvu que les autres sources d’information ne soient pas exclues. Quant au second point, on peut concéder que la connaissance de l’Arménie a dû progresser, chez les Hébreux, comme toute autre connaissance ; mais les textes bibliques ne le montrent pas. Le rédacteur de la table ethnographique ne pouvait connaître le Thogormah d'Ézéehiel, puisque cette race n’avait pas encore achevé sa migration ; mais cela ne prouve nullement que Moïse n’en savait pas autant, sur l’Arménie de son temps, qu'Ézéchiel sur l’Arménie du sien.

Voir, pour la géographie : Tournefort, Relation d’un voyage du Levant, 2 in-4o, Paris, 1717 ; Jlorier, Voyage en Perse, en Arménie, traduit de l’anglais, 2 in-8o, Paris, 1813 ; Kinneir, Voyage dans l’Asie Mineure, l’Arménie, trad. de l’anglais, 2 in-8°, Paris, 1818 ; SaintMartin, Mémoires historiques et géographiques sur l’Arménie, 2 in-8, Paris, 1819 ; Jaubert, Voyage en Arménie et en Perse, in-8°, Paris (sans date) ; Indjidjian, Description géographique de l’Arménie ancienne, in-4o, Venise, 1832 ; Smith et Dwight, Missionary researches in Armenia, in-8o, Londres, 1834 ; Bore, L’Arménie, in-8°, Paris, 1838 ; Southgute, Narrative of a tour through Armenia, 2 in-8o, Londres, 1840 ; Fraser, Travels in Koordistan, Mesopotaniia, 2 in-8o, Londres, 1840 ; Chesney, The expédition for the Survey of the rivers Euphrates ; and Tigris, 2 in-8o, Londres, 1850 ; Ainsworth, Travels and j Researches in Asia Minor, Mesopotamia, Clialdxa and Armenia, 2 in- 12, Londres, 1842 ; Texier, Description ! de l’Arménie, 2 in-f°, Paris, 1842 ; Deyrolle, Voyage dans le Lazistan et l’Arménie, dans le Tour du monde, t xxix, xxx et xxxi : Schweiger-Lerchenfeld, Arménien, in-8o, léna, 1878 ; Alishan, Description de la province 1

d' Ararat (en arménien), m-4°, Venise (récent) ; P. MùllerSimonis et Henri Hyvernat, Du Caucase au golfe Persique à travers l’Arménie, in-4o, Paris, 1892. — Pour l’histoire et les antiquités : Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 6 in-8o, Paris, 1881-1888, t. iv, p. 241 et suiv. ; Tiele, Babylonischassyrische Geschichle, in-8o, Gotha, 1886 ; Schulz, Inscriptions cunéiformes copiées à Van et dans les environs, dans le Journal asiatique, IIIe série, t. ix, 1840 ; Hincks, On the Inscriptions of Van, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, t. ix ; Fr. Lenormant, Sur l’ethnographie et l’histoire de l’Arménie, dans les Lettres assyriologiques, t. i, p. 117 et suiv. ; Mordtmann, Entzifferung und Erklârung der armenischen Keilinschriften von Van, dans la Zeitsclirift der deutsclien morgenlândischen Gesellschaft, t. xxxi et xxxii ; Sayce, The Cuneiform inscriptions of Van, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, t. xiv et xx (contient une bibliographie complète des inscriptions de Van) ; Tchamitehian, Histoire d’Arménie, 3 in-i°, Venise, 1784-1786 (en arménien) ; Avdall, History of Armenia, 2 in-8o, Calcutta, 1827 (traduction abrégée du précédent) ; Indjidjian, Antiquités arméniennes, 3 in-i°, Venise, 1835 (traduit par Cappelletti en italien, 3 vol., Turin, 1841) ; Cappelletti, L' Armenia, in-8o, Florence, 1841 ; Hamilton, Researches in Asia Minor, Pontus and Armenia, 2 in-8°, Londres, 1842 ; Brosset, Voyage archéologique dans la Géorgie et l’Arménie, in-8°, . avec atlas, Saint-Pétersbourg, 1851 ; Victor Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie, 2 in-8o, Paris, 1869. H. Hyvernat.

    1. ARMÉNIENNE##

ARMÉNIENNE (VERSION) DE LA BIBLE. Nous traiterons : I. de l’histoire de la version arménienne ; II. des principales éditions ; III. de la nature et de l’importance de la version arménienne.

I. Histoire de la version arménienne. — Dès que Mesrob eut fixé l’alphabet arménien (406 après J.-C), il entreprit, sous la direction du patriarche Isaac, et avec l’aide de ses principaux disciples, Jean d’Eguéghiatz et Joseph de Baghin, une traduction « des vingt-deux livres canoniques de l’Ancien Testament, et du Nouveau Testament ». Ce travail était terminé en 411. Voyez Gorioun, Biographie de Mesrob, dans Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie, 2 in-4°, Paris, 1809, t. ii, p. 10 ; F. Nève, L’Arménie chrétienne et sa littérature, in-8o, Paris, 1886, p. 13, 22. Cf. Moïse de Khorène, iii, 53. Cette première version fut faite par saint Isaac sur la version syriaque, dit l’historien Moïse, ni, 54, parce qu’on ne possédait pas le texte grec, et parce que, de plus, la langue syriaque avait été, pour différentes raisons, la langue liturgique dans certaines contrées de l’Arménie, jusqu'à l’invention de l’alphabet arménien par Mesrob. Voir Gorioun, Biographie de Mesrob, p. Il ; Lazare de Pharbe, Histoire, x, dans Langlois, Collection, t. ii, p. 226. Cf. Saint-Martin, Mémoires historiques et géographiques sur l’Arménie, 2 in-8°, Paris, 1819, t. i, p. Il ; Tchamitehian, History of Armenia translated by Avdall, 2 in-8o, Calcutta, 1827, 1. 1, p. 239 ; R. Simon, Histoire critique des versions du Nouveau Testament, chap. xvii, in-4o, Rotterdam, 1690, p. 196. Ce premier travail, fait à la hâte, sur des exemplaires quelconques, laissait sans doute beaucoup à désirer ; car, quelques années plus tard, Isaac et Mesrob envoyèrent à Édesse Joseph de Baghin avec un autre de leurs disciples, Eznik, « afin qu’ils traduisissent en arménien les Saintes Écritures sur le texte syriaque. » Gorioun, Biographie de Mesrob, p. 11-12.. D'Édesse les deux jeunes gens se rendirent à Byzance, où ils furent rejoints par d’autres disciples de Mesrob, parmi lesquels se trouvait Gorioun, l’auteur de la Biographie de Mesrob. Ils passèrent plusieurs années à Byzance, et ils s’y trouvaient encore à l'époque du concile d'Éphèse (431). Leurs travaux terminés, ils reprirent le chemin de l’Arménie,