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d’un livre humain ; qui, tout en étudiant aussi la Bible à genoux, se demandent si l’on peut y reconnaître des traces d’imperfections accidentelles. Laissons grande liberté aux champions de la foi. Soyons sans inquiétude, l’agitation tombera, les idées fausses disparaîtront, tout se tassera et se retrouvera en ordre. Si Dieu a permis que l’on remît en lumière les tombeaux d’Égypte et les monuments de Chaldée, ce n’a été que pour donner de nouvelles preuves à sa révélation. Il a eu pitié de nous, de nos besoins intellectuels ; à un siècle qui réclame des documents, il a répondu en documentant la Bible. Laissons les savants discuter sur tous ces monuments encore incomplètement étudiés, et dont la découverte a mis un peu de trouble dans les esprits. Parfois le sable soulevé par la tempête obscurcit un moment le ciel, puis la poussière tombe, et le soleil reparaît. On remarque bien, après l’orage, une légère déformation du sol et un nouveau tassement d’atomes, quelques arbres emportés, quelques sentiers effacés ; mais les changements sont insignifiants, et la terre est la même. Ainsi en est-il de la vérité de Dieu ; nos agitations l’effleurent à peine et n’ont d’autre résultat que de la mettre mieux en lumière : Veritas Domini manet in æternum.

C’est par ce mot que je veux finir. Le Dictionnaire de la Bible restera en dehors de ces agitations ; il sera l’auxiliaire de la foi. Il nous renseignera sur la nature des questions librement controversées, c’est son devoir ; mais il restera toujours délicatement orthodoxe. Ce sera son meilleur titre à la confiance du monde chrétien, aux encouragements de l’épiscopat et à l’approbation de celui qui écrit ces lignes.

† Eudoxe-Irénée, évêque de Fréjus et Toulon.

Fréjus, le 25 octobre 1893.

Post-scriptum. — L’Introduction qui précède était déjà sous presse lorsque a paru l’Encyclique Providentissimus de S. S. Léon XIII. L’auteur de ce travail ne pouvait espérer, pour les idées qu’il a émises et pour les vœux qu’il a exprimés, un plus solennel encouragement. Nul ne sera étonné que le grand Pape, dont le regard attentif et pénétrant se porte, avec une si exacte précision, sur toutes les questions qui se débattent aujourd’hui dans le monde et dans l’Église, ait voulu signaler à tous l’importance exceptionnelle qu’ont prise parmi nous les études bibliques. Les intérêts les plus pressants de la défense religieuse exigent que les catholiques, et surtout les prêtres, ne se laissent pas devancer par les indifférents et les rationalistes, sur le terrain des recherches que provoquent de plus en plus les découvertes déjà faites, et les conclusions souvent téméraires qu’on en a tirées. C’est à ce besoin si évident qu’a voulu donner satisfaction l’éminent apologiste qui a conçu le plan de ce Dictionnaire, et qui en surveille l’exécution avec une compétence reconnue par tous les savants. C’est pour manifester la haute sympathie et l’appui de l’Épiscopat français pour cette œuvre, si glorieuse pour nous, que l’auteur de ces lignes s’est appliqué à faire ressortir la nécessité de donner un nouvel élan et même une direction nouvelle à l’enseignement des sciences exégétiques. Il est heureux de constater qu’il ne se trompait pas en essayant de diriger dans ce sens les efforts des ecclésiastiques studieux et des laïques instruits, puisque ses observations et ses conseils ont reçu, au moins indirectement, par la parole du Souverain Pontife, la sanction la plus auguste et la plus autorisée.

† E.-I., évêque de Fréjus.

Fréjus, en la fête de l’Épiphanie de Notre-Seigneur, 6 janvier 1894|