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ARMÉES ÉTRANGÈRES (ROMAINE — SYRIENNE)


sions spéciales, savoir : a) les légions ; b) les auxiliaires ; c) la garnison de Rome ; d) la flotte ; e) l’artillerie et le génie ; f) la milice municipale et provinciale.

a) Les légions impériales. — Le nombre des légions était devenu excessif pendant la guerre sociale. César le réduisit un peu. À sa mort, il y en avait plus de quarante. Après la bataille d’Actium, Octave en avait plus de cinquante ; plusieurs d’entre elles furent transformées en colonies romaines. Après la mort d’Auguste, il restait seulement vingt-cinq légions, trois d’entre elles ayant été détruites dans le désastre de Varus. De nouvelles furent formées par Claude, Néron, Galba et Vespasien, et elles s’élevèrent ainsi au nombre de trente, qui pendant longtemps resta invariable. — Leurs noms furent quelquefois empruntés à des localités, comme Urbana, Sabina, Mutinensis ; d’autres fois aux peuples contre lesquels elles avaient combattu, comme Scylhiea, Parihica, ou à une enseigne, comme fulminata. Quant aux noms impériaux, elles portèrent d’abord le nom du prince qui les avait formées, comme Flavia Ulpia ; mais, depuis Caracalla, les légions prirent le nom de l’empereur régnant, comme Antoniana, Severiana, Alexandrina. — La légion, pendant l’empire, eut quatre turmae de cavalerie, et fut placée sous le commandement d’un legatus legionis, personnage de rang sénatorial et ordinairement de la classe des prsetorii. Le légat avait sous ses ordres non seulement la légion, mais aussi le détachement de troupes auxiliaires qui était joint à chaque légion. Au-dessous du légat étaient les tribuns militaires, Act., xxi, 31, etc., qui commandaient chacun une des dix cohortes dont se composait la légion depuis César, et les centurions, Matth., vin, 5 ; xxvii, 54 ; Act., x, 1, 22 ; xxii, 26, etc. Chaque camp avait de plus son commandant spécial, appelé prsefectus castrorum.

b) Auxilia. — Tandis que, sous la république, on entendait par auxilia les troupes de soldats non romains, recrutées en partie dans les provinces et fournies en partie par les rois et les peuples alliés, on comprit sous ce nom, pendant l’époque impériale, tous les corps qui étaient dans les provinces, en dehors des légions, qu’ils fussent composés de citoyens romains ou étrangers. Dans cette catégorie, on doit distinguer les subdivisions suivantes : 1. vexilla veteranorum, ou la réunion de tous ceux qui avaient déjà achevé le temps régulier de leur service militaire ; 2. cohortes italicas civium romanorum voluntariorum, composées de ceux qui s’enrôlaient volontairement en Italie, cf. Act., x, 1, dans un but de lucre ou pour faire leur carrière militaire, lorsqu’on eut cessé de recruter les légions en Italie ; 3. cohortes auxiliariee, formées dans les provinces et armées en partie selon l’usage romain, en partie selon l’usage des pays étrangers, d’où les noms de sagittarii « archers », de scularii « portebouclier », de contarii « armés de la longue pique appelée contus », de catafracti « cavaliers pesamment armés », de funditores « frondeurs » ; 4. aise equitum (corps de cavalerie ), appelées quingenarise ou milliariæ selon qu’elles comptaient cinq cents ou mille chevaux. Voir Auxiliaire.

c) Garnison de Rome. — La partie principale de l’armée qui résidait dans les villes capitales se composait des cohortes prétoriennes, dont l’origine remontait à l’époque de la république. Elles constituaient primitivement la garde du commandant en chef au milieu du camp. Auguste rassembla à Rome trois des neuf cohortes prétoriennes, et il détacha les six autres en divers lieux de l’Italie. La garnison de Rome se composait encore de divers autres éléments qu’il est inutile d’énumérer ici.

d) Flotte. — Auguste établit deux grandes flottes : l’une, pour la garde de la Méditerranée, au cap Misène (classis Misenatium) ; l’autre, pour la garde de l’Adriatique, près de Ravenne (classis Ravennatium). À ces deux Hottes principales s’en joignirent quelques autres moins importantes, comme celle d’Alexandrie en Egypte (classis Alexandrina).

e) Poliorcétique. — Le corps des fabri, commandé

par un prsefeetus fabrum, avait la charge de faire manœuvrer les machines de guerre, balistes, catapultes, béliers, et de construire les fortifications, les terre-pleins (aggeres), de creuser les galeries souterraines (cuniculi), etc. Cf. Luc, xix, 43.

f) Milices provinciales et municipales. — Les provinces sénatoriales et aussi celles des provinces impériales qui n’avaient point de légions possédaient une milice provinciale, formée dans la province et divisée en cohortes. Elle était souvent insuffisante pour la défense de la province et même pour le maintien de l’ordre. Les milices municipales étaient destinées à les renforcer. L’existence de ces dernières est connue par l’importante inscription découverte à Osuna, en Espagne, en 1870. — Les troupes romaines de Judée, au temps de NotreSeigneur, avaient leur quartier général à Césarée. Cf. Act., xxiii, 23.

Bibliographie. — Juste Lipse, De mililia romana libri V, in-4°, Anvers, 1596 ; Cl. de Saumaise, De re militari Romanorum, in-4°, Leyde, 1657 ; J. G. Gravi us, Thésaurus antiquitatum ronianarum, t. x ; F. Haase, Demilitarium scriptorum grxcorum et latinorum omnium editione instituenda narratio, in-8°, Berlin, 1847 ; Fr. W. Riickert, Das rômische Kriegswesen, in-8°, Berlin, 1850 ; Cl. Lamarre, De la milice romaine, in-8°, Paris, 1863 ; Br. Renard, Précis de l’histoire militaire de l’antiquité, in-8°, Bruxelles, 1875 ; J. de La Chauvelays, L’art militaire chez les Romains, in-8°, Paris, 1883 ; J. Marquardt, Handbuchder rômischen Alterthûmer, t. ii, Leipzig, 1884, traduction française par J. Brissaud, De l’organisation militaire chez les Romains, in-8°, Paris, 1891 ; F. Kraner, L’armée romaine au temps de César, trad. Baldy et Larroumet, in-12, Paris, 1884 ; R. Câgnat, L’armée romaine au siège de Jérusalem, dans la Revue des études juives, t. xxii, 1891, p. xxviii-lviii ; J. B. Mispoulet, Des institutions politiques des Romains, t. ii, in-8°, Paris, 1883, p. 310-379 ; Bouché-Leclercq, Manuel des institutions romaines, in-8°, Paris, 1885, p. 206-337 ; L. Fontaine, L’armée romaine, in-12, Paris, 1883. H. Maiujcchi.

VI. Armée syrienne des séleucides. — Les Séleu* cides, qui furent si longtemps en guerre avec les Juifs à l’époque des Machabées, les combattirent avec des ressources et des armes inconnues jusqu’à cette époque dans la terre de Chanaan. Ils avaient la science militaire des Grecs et des Macédoniens, docti ad prselium, I Mach., iv, 7. Leur armée se composait d’éléments grecs et d’éléments indigènes. Cf. Corpus inscriptionum grascarum, 3137 ; Polybe, v, 79. La phalange en constituait la force principale. Elle était recrutée en partie parmi les Macédoniens, en partie parmi les citoyens des villes grecques d’Asie, Corpus inscript, gr., 3137, lig. 14. Ce corps était devenu plus mobile depuis Alexandre et était divisé en (TTtsfpai équivalant à peu près aux cohortes romaines ; les crctetpat étaient subdivisées elles-mêmes en a-rs.a.ia<. de quatorze hommes, Polybe, v, 4. À ces troupes se joignaient des contingents indigènes levés en temps de guerre. Josèphe, Ant. jud., i, xii, 9. Les Séleucides empruntèrent de plus à l’Inde ses terribles éléphants, qui jetèrent un si grand effroi parmi les Romains eux-mêmes, quand ils les virent dans l’armée de Pyrrhus. Tite Live, Supplem., x, 6-7, édit. Lemaire, t. iii, p. 267. Nous voyons un de ces éléphants sur une terre cuite de Myrina (fig. 272). Ils sont aussi représentés sur les monnaies des rois de Syrie (fig. 173, col. 689). Les livres des Machabées en parlent dans plusieurs passages. I Mach., i, 18 ; iii, 34 ; vi, 30-46 ; viii, 6 ; II Mach., xi, i ; xiii, 2, 15 ; xiv, 12. On les couvrait de cuirasses pour les garantir des traits ennemis, I Mach., vi, 43, et on les enivrait pour exciter leur fureur. I Mach., vi, 34. Les Séleucides avaient aussi des chariots redoutables, à cause des faux dont ils étaient armés. L’armée de Lysias, quand elle marcha contre Judas Machabée, en comptait trois cents. II Mach., xiii, 2. Les soldats syriens étaient divisés en différents corps, selon l’arme dont ils faisaient usage. Les phalangistes étaient