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ARMÉE CHEZ LES HÉBREUX


Comment, in lib. Samuelis, Paris, 1886, p. 435, 436. Ces chefs ne formaient point, comme quelques-uns l’ont pensé, une cohorte spéciale, comme celle des Céréthiens et des Phéléthiens. Rien du moins ne l’indique dans les passages où il est question d’eux. II Reg., xxui, 3, 8, 18, 23, 25 ; III Reg., ix, 22 ; IV Reg., vii, 2 ; ix, 25 ; xv, 25, etc.

Quoi qu’il en soit, sous les rois d’Israël, les sâlîsîm devinrent les premiers de la cour ; on les trouve formant avec les « courriers », cursores, ni fini, la garde d’élite de Jéhu, IV Reg., x, 25, et leur commandant portait, comme par excellence, le titre de scillS. Joram avait un de ces officiers toujours attaché à.sa personne, « sur la main duquel il s’appuyait, » IV Reg.. vii, 2, 17, 19, et de même Jéhu, qui avait avec lui. sur son char, son salis Badacer. IV Reg., IX, 25. Phacéia. roi d’Israël, fut assassiné par son sâlU Phacée, qui devint son successeur. IV Reg., xv, 25. La puissance de ces officiers était telle, qu’Ézéchiel se sert de leur titre pour désigner en général les hauts personnages de Babylone, dont les images peintes sur les murailles avaient excité la passion d’Ooliba. Ezech., xxiii, 15.

8° Général en chef. — Enfin au-dessus des sâlisim, des sotrîm et de tous les autres officiers, était établi le prince de la milice ou généralissime, sar hassâbâ’, I Reg., xiv, 50, qui était, sous Saùl, Abner, I Reg., xvii, 55 ; sous David. Joab, II Reg., viii, 16 ; I Par., xi, 6 ; sousSalomon, Banaias. III Reg., iv, 4. C’est par le même titre que la Sainte Écriture désigne les généraux en chef des armées étrangères, comme Sisara, commandant les troupes de Jabin, Jud., iv, 2 ; IReg., xii, 9 ; Sobach, II Reg., x, 16, et Naaman, IV Reg., v, 1, celles des Syriens ; Nabuzardan, celles des Chaldéens. IV Reg., xxv, 11. Le généralissime avait sous ses ordres toute l’armée du roi, excepté la garde royale, qui ne relevait que de son chef particulier ; car il ne paraîl pas que le commandant des Céréthiens et des Phéléthiens, qui composaient la garde de David et de Salomon, aient été sous le commandement de Joab et de Banaias, non plus que les commandants des légions de vingt-quatre mille hommes formant chaque mois la garde ordinaire du roi. I Par., xxvii, 2.

9° Force de l’armée. — L’armée d’Israël ainsi organisée avait une puissance considérable de cohésion et de résistance. Elle n’était pas moins remarquable par le nombre des soldats qu’elle pouvait mettre en ligne. En réunissant plusieurs des unités dont nous avons parlé plus haut, on formait quelque chose d’analogue à ce que nous appelons aujourd’hui des brigades et des divisions. Plusieurs de ces divisions réunies constituaient les corps d’armée, dont le contingent s’élevait quelquefois à un nombre d’hommes considérable. À l’époque de la sortie d’Egypte, on comptait en chiffres ronds 600 000 guerriers dans le camp des Hébreux, Exod., xii, 37 (ou plus précisément 603 550, Exod., xxxviii, 25 ; Num., i, 46) ; lors de l’entrée en Chanaan, 601730. Num., xxvi, 51. David, selon II Reg., xxiv, 9, avait sous ses ordres 1300 000 soldats, dont 800 000 fournis par Israël, et 500 000 par Juda ; selon I Par., xxi, 5, il en avait 1 570000, dont 1 100 000 d’Israël et 470 000 de Juda, chiffres manifestement dénaturés et grossis par les copistes. Le corps de troupes qu’Asa, roi de Juda, opposa aux Éthiopiens était formé, si les chiffres n’ont pas été altérés dans le texte, de 300000 lanciers et de 280000 archers, II Par., xiv, 8-9 : c’était au total 580000 hommes fournis par les deux tribus de Juda et de Benjamin, cf. II Par., xiii, 3, tandis que l’armée du royaume d’Israël à la même époque était de 800000 guerriers, « tous d’élite et très vaillants. » II Par., xiii, 3. Celle de Josaphat se montait à 1 160 000 hommes. répartis en cinq corps d’armée, trois pour la tribu de Juda, formant un effectif de 780000 hommes, et deux pour la tribu de Benjamin, donnant 380000 hommes : chiffres si considérables. que plus d’un interprète les a regardés comme inexacts et grossis par des fautes de

transcription. II Par., xvil, 14-19. Cf. Calmet, Commentaire littéral, in h. loc. Les troupes qu’Amasias opposa aux Iduméens se composaient d’une infanterie de 300000 hommes, tous armés de la lance et du bouclier, Il Par., xxv, 5, et celles d’Ozias, dans ses guerres contre les Philistins, les Arabes et les Ammonites, étaient de 307 500 hommes de différentes armes, sous le commandement de 2600 officiers. II Par., xxvi, 12-14. Au commencement de la royauté, le recensement militaire, fait par ordre de David dans les douze tribus, avait donné les chiffres de 1100000 pour Israël, 470000 pour Juda, 1570 000 soldats au total. II Reg., xxiv, 9 ; I Par., xxi, 5. Ces contingents, qui n’étaient réunis que pour Te temps de la guerre, opéraient leurs mouvements stratégiques sous le commandement du général en chef, dont il a été question, assisté d’un conseil de guerre composé des chefs de tribus. Il arrivait aussi que, pour les engagements moins généraux, des officiers inférieurs au généralissime dirigeaient les opérations. II Reg., x, 9-13 ; xvin, 2.

10° Convocation de l’armée. — Elle se faisait tantôt à son de trompe du haut des montagnes, où veillaient des sentinelles placées sur des tours, Jud., iii, 27 ; vi, 34 ;

I Reg., xiii, 3 ; Jer., iv, 5 ; vi, 1 ; Amos, iii, 6, tantôt en élevant sur les hauteurs quelque drapeau ou un autre signal convenu, auquel tous connaissaient du même coup l’appel aux armes et le lieu du rassemblement. Is., xviii, 3. Quelquefois des hérauts d’armes allaient par les tribus, proclamant le ban de guerre, Jud., vi, 35 ; vii, 24, en y ajoutant même des imprécations et des menaces contre ceux qui feraient défaut, I Reg., xi, 7 ; ou bien ils étaient porteurs d’un ordre écrit rédigé par un secrétaire, sôfêr, du général en chef. IV Reg., xxv, 19 ; cf. II Par., xxvi, 11 ; Is., xxxiii, 18 ; Jer., xxxvii, 15 ; lii, 25. Le refus général de se rendre à la convocation était un délit de lèse-patrie, dont le châtiment pouvait aller jusqu’à l’extermination des récalcitrants, comme il arriva pour les habitants de Jabès de Galaad. Jud., xxi, 8-10.

II y avait pourtant quelques cas d’exemption prévus par la loi, et que les officiers, soterim, proclamaient avant le départ pour la guerre : par exemple, le cas d’avoir construit une maison sans l’avoir encore habitée ; avoir planté une vigne sans en avoir encore recueilli les fruits ; être fiancé ou n’avoir pas encore vécu un an révolu dans le mariage. Deut, xx, 5-7 ; xxiv, 5 ; I Mach., us, 56. De plus, les pusillanimes étaient sommés de se retirer, pour empêcher que leur lâcheté n’eût sur les autres soldats une funeste influence. Dcut., xx, 8.

Après la première concentration avait lieu l’incorporation des combattants dans l’une des divisions militaires ; car en dehors de la répartition naturelle des hommes en douze groupes armés correspondant aux douze tribus, il y avait dans chaque groupe des corps spéciaux, selon les différentes armes dont ils étaient pourvus : infanterie légère, comprenant les frondeurs, les lanciers et les archers ; grosse infanterie munie d’armes plus pesantes, le grand bouclier, la lourde lance, plus tard la cuirasse ; et, à partir de Salomon, cavalerie et chariots de guerre. Chaque homme, étant à l’avance exercé au mar.iement de l’arme avec laquelle il combattait, était aussitôt incorporé. Cf. II Par., xiv, 8. Souvent, pour assurer à l’armée le secours de Dieu et donner confiance aux combattants, on portait au milieu d’eux l’arche d’alliance, Jos., vi, 6 ; I Reg., iv, 4 ; xiv, 18 ; II Reg., xi, 11 ; xv, 24, jusqu’à ce que la construction du temple, en donnant à l’arche un asile permanent, eut mis fin à cette pratique. Les prêtres qui devaient accompagner l’arche étaient convoqués par le chef de l’armée, qui leur donnait, de plus, certaines fonctions sacrées à remplir au milieu des troupes, comme de sonner de la trompette pendant le combat, pour exciter les soldats et appeler sur leurs armes la protection d’en haut, Num., x, 9 ; xxxi, 6 ; II Par., xiii, 12, 14, ministère qu’ils continuèrent de remplir même après que