chartes de 1160 citent l’abbé Herbert des SaintsJoseph et-Abacuc (E. de Rozière, Cartulaire du saint Sépulcre, n os 64 et 65). Guillaume de Tyr nomme Amalric, un autre « abbé de Saint-Abacuc et de Saint-Joseph surnommé « d’Arimathie » (Hist., xvii, 26). Il ne peut être douteux qu’il s’agit de Rentis, et ces documents supposent la croyance susdite. La situation de Rentis, loin de toutes les routes suivies par les pèlerins, explique leur silence sur Arimathie et celui des chroniqueurs de la première croisade. Il n’est pas douteux non plus que les croisés expriment là une tradition qu’il ont trouvée existante chez les chrétiens du pays, que cette tradition remonte au IVe siècle. Renli ? a donc, en dehors des titres intrinsèques,
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256. — Tour des Quarante Martyrs, à Karuléh.
le témoignage d’Eusèbe, de saint Jérôme, de leur époque et de tout le royaume latin de Jérusalem. C’est la vieille et authentique tradition. » (L. Heidet.)
Enfin, on a aussi identifié Arimathie avecNeby-Samouil, colline au nord-ouest de Jérusalem, où, d’après quelques topographes, était bâti le bourg de Ramathaïm, patrie de Samuel. Voir Ramathaïm. E. Jacquier.
- ARIOCH##
ARIOCH, hébreu : 'Aryôk ; babylonien : Eri-aku, « serviteur du (dieu) Lune ; » Septante : 'Apiw^i, 'Apttô-/ (et 'Eipiôr/, Judith, i, 6).
1. ARIOCH, roi mésopotamien allié de Chodorlahomor, dans son expédition en Palestine au temps d’Abraham. Gen., xiv, 1, 9. Chodorlahomor et ses confédérés, Aniraphel, Arioch et Thadal, vainquirent les rois de Sodome et de la Pentapole ; mais, comme ils s’en retournaient chargés de butin, ils furent surpris à l’improviste et défaits par Abraham. Gen., xiv, 1-15. Voir Amraphel et Chodorlahomor.
Les textes cunéiformes anciens nous mettent sur la trace de cet Arioch. La Vulgate l’appelle roi de Pont, saint Jérôme ayant ici suivi la traduction de Symmaque ; mais
il ne peut s’agir évidemment du royaume classique de ce
nom, qui n’existait pas encore à cette époque et que sa
situation géographique ne permet pas de mettre en relations avec Chodorlahomor, roi d'Élam, au sud-est du
Sennaar. Les Septante et l’hébreu lisent d’ailleurs « roi
d’Ellasar », c’est-à-dire non pas de la ville d’Assur, la première capitale du royaume assyrien, actuellement KaléhSchergat, sur le Tigre, dont on ne trouve encore aucune
trace à cette époque reculée, et qui paraît d’ailleurs trop
éloignée de l'Élam, mais, par un changement de lettres
assez fréquent, Larsa, actuellement Senkéréh, très ancienne
ville du Sennaar ou pays de Sûmes, un peu au nord d’Ur,
la patrie d’Abraham. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies,
p. 223-224. Nous savons, en effet, qu'à cette époque
reculée Larsa formait un royaume vassal des conquérants
élamites (appelés Koudourides du nom du premier élément des noms royaux Chodor-lahomor, Koudour-Lagamar, Koudour-Nahoundi, Koudour-Maboug). Arioch paraît
être précisément le dernier roi de Larsa, annexée ensuite
à la Babylonie à l'époque de Hamrnourabi (ou Hammouragas) (2307 [?]-2252 [?]) ; les deux groupes cunéiformes
qui composent ordinairement son nom se lisent Rim-Aku
ou Riv-Aku, le syllabaire cunéiforme mésopotamien ne
distinguant pas Vm du v ; ils pourraient même se prononcer, d’après G. Smith et Eb. Schrader, Eri-Aku. Cet
Arioch, de race élamite, fut vassal de Koudour-Maboug,
roi d'Élam, d’Ur, de Sumer, d’Akkad et de Syrie, et allié
de Chodorlahomor, roi d'Élam. L'échec que lui infligea
Abraham fut bientôt suivi de la prise de Larsa par les
rois nationaux de Babylone, qui expulsèrent les Élamites
de toute la Mésopotamie. Arioch fut donc le dernier roi
de Larsa ; mais sa capitale ne fut pas détruite, Hamrnourabi de Babylone y fit même réparer le temple de Sama’s, « le soleil, » qui y resta en grande vénération jusqu'à la
fin de la monarchie babylonienne. Peut-être le livre de
Judith, dans les Septante, a-t-il gardé le souvenir de la
défuite d’Arioch par les Babyloniens dans la mention qu’il
fait, I, 6, de la plaine de Ragau, désignée ensuite comme « la plaine d'Érioch, roi des Élamites », c’est-à-dire de
la dynastie élamite. (La Vulgate lit : « Dans la plaine
d'Érioch, roi des Éliciens. » Judith, i, 6). L’Arioch du livre
de Daniel, ii, 14, montre que ce nom resta familier aux
Babyloniens.
L’identification d’Arioch et de Rim-Aku, proposée par G. Smith, Noteson the early history of Assyria and Babylonia, Londres, 1872, p. 10 et 29, acceptée par Eb. Schrader, Lenormant, etc., regardée comme très vraisemblable par Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 224, a été combattue par Tiele, Babylonisch-Assyrische Geschiclite, t. i, p. 124, sous prétexte que les groupes cunéiformes en question peuvent aussi se lire Arad-Sin, le sens du nom propre restant le même, « serviteur du dieu Lune ». Mais une variante dans laquelle ce nom royal est écrit, non plus idéographiquement, mais phonétiquement, affirme la lecture Rim-Aku, et corrobore l’identification proposée par Smith. Lenormant, Choix de textes cunéiformes, t. iii, p. 164 ; The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. ii, n. 3 ; pi. v, n° 16. — Voir SchraderWhitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 120 ; t. ii, p. 296-301 ; G. Smith, Early History of Babylonia, dans les Records of the Past, "> série, t. v, p. 64-70 ; Sayce, . ibid., 2e série, t. i, p. 10 ; t. iii, p. 19-20 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 485-487 ; Lenormant, La langue primitive de la Chaldée, p. 374 et suiv. ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. IV, p. 94-97 ; Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, 1886, 4e édit., p. 188 ; J. M. Price, Literary Remains ofRimSin (Arioch), King of Larsa, in-4o, Chicago, 1904.
E. Paxkier.
2. ARIOCH, officier à la cour de Nabuchodonosor, roi de Babylone. Dan., ii, 14, 15, 24, 25. Les rationalistes cherchaient autrefois à ce nom une étymologie perse,
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