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ARIEL — ARIMATHIE


elle sera triste et désolée, et elle sera pour moi comme Ariel. » xxix, 1, 2. Ariel désigne ici Jérusalem, ainsi qu’au ꝟ. 7, tous en conviennent. Mais faut-il entendre le mot dans le sens d’  « autel de Dieu » (voir Ariel C), comme l’ont fait les anciens commentateurs juifs et d’autres à leur suite, ou dans le sens de « lion de Dieu », comme le font d’autres interprètes ? Il est certain qu’au début de l’oracle le sens de « lion de Dieu » est appelé par le contexte. Jérusalem est pour le prophète, non « l’autel de Dieu », mais la « ville qu’habita David ». Or David était alors le plus illustre descendant de celui dont il avait été dit : « Juda est le petit du lion ; il s’est courbé, il s’est couché comme un lion et comme une lionne : qui le fera lever ? » Gen., xlix, 9. La cité de David peut donc à bon droit être appelée Ariel, la ville du lion de Dieu. A. la fin de l’oracle, Ariel est en antithèse évidente avec l’Ariel du commencement. Jérusalem dévastée et châtiée sera pour Dieu « comme Ariel », nécessairement comme un Ariel différent de l’Ariel, cité de David et « lion de Dieu ». Quel sera cet autre Ariel ? Le prophète l’indique au ꝟ. 6 du même chapitre : « Le Seigneur des armées la châtiera par Je tonnerre et le tremblement de terre, par la grande voix de l’ouragan et de la tempête et par la (lamme du feu dévorant. » Il s’agit donc à présent d’un Ariel « foyer de Dieu ». Ce sens est justifié par cet autre passage d’Isaïe, xxxi, 9 : « Parole de Jéhovah, qui a son feu (’tir) à Sion et son foyer (tannûr) à Jérusalem. » Si l’on traduit dans les deux cas Ariel par « lion de Dieu », l’antithèse disparait et l’oracle se termine d’une manière inintelligible. Si l’on prend dans les deux cas Ariel comme « foyer de Dieu », on aboutit à une tautologie. Il reste donc à traduire ainsi l’oracle d’Isaïe : Malheur à toi, Ariel, « lion de Dieu », ville qu’habita David ; le châtiment va t’accabler, et tu seras vraiment pour moi Ariel, le « foyer de Dieu », car le feu de ma colère te consumera. Le prophète joue ainsi sur les deux sens du mot’ârl’êl, comme plus loin sur’ûr et (annûr, et très souvent sur d’autres mots qui ont des similitudes radicales ou phonétiques.

H. Lesêtre.

6. ARIEL, nom symbolique donné à un autel. Dans sa description du sanctuaire, Ézéchiel écrit : « Quant à har’êl, il avait quatre coudées, et de har’êl s’élevaient en l’air quatre cornes, et’ârïêl avait douze coudées de long et douze coudées de large. » xliii, 15, 16. Il s’agit ici de l’autel des sacrifices. Les versions traduisent par le même mot, àpiTJX, ariel, les deux termes du texte hébreu qui, à la vérité, désignent un même objet, mais sous des rapports différents. Har’êl, « montagne de Dieu, » c’est l’autel considéré au point de vue de sa masse et de sa hauteur. Quant à’ârî’êl, il ne peut vouloir dire ici « lion de Dieu », ce qui n’aurait aucun sens. On fait donc venir le mot du radical’ârâh, « brûler, être en feu, » d’où le sens de « foyer de Dieu », qui convient très bien à la table de l’autel, sur lequel étaient consumées les victimes. Le jeu de mots entre har’êl et’ârî’êl n’a rien qui doive étonner dans Ézéchiel. De semblables paronomases sont familières aux auteurs hébreux, et même recherchées volontiers par les prophètes. Le nom A’ariel donné à un autel était d’ailleurs d’un usage bien antérieur à Ézéchiel. On le trouve dans l’inscription de la stèle de Mésa. Ce roi se vante d’avoir pris à Israël la ville d’Ataroth, et il ajoute : « J’emportai de là V ariel de dvdh (daoudoh), et je le traînai à terre devant la face de Chamos » (ligne 12). Le sens d’autel est admis par tous, et c’est celui qui convient le mieux au contexte. Quant à dvdh, ce serait, d’après Smend et Socin, Die Inschrift des Kônigs Mesa, in-8°, Fribourgen-Brisgau, 1886, p. 4-5, une divinité du nom de Daoudoh, divinité parfaitement inconnue d’ailleurs, tant en Israël que chez les autres peuples. Il est probable que dvdh n’est autre chose que le nom de David, et que l’autel en question rappelait le souvenir de David à Ataroth, soit par son érection, soit par quelque autre circonstance à nous inconnue. Cinq lignes plus bas, Mésa raconte qu’il a pris

Nébo au roi d’Israël, et il ajoute encore : « J’emportai de là les… de Iavéh, et je les traînai à terre devant la face de Chamos. » Du mot qui manque, la dernière syllabe lî se voit nettement au commencement de la dix-huitième ligne. M. Clermont-Ganneau supplée un caph à la ligne précédente, ce qui donne keli, « les vases, » les objets sacrés servant au culte de Jéhovah. Mais M. P. Berger, Histoire de l’écriture dans l’antiquité, hi-8°, Paris, 1891, p. 191, assure que l’examen de l’estampage, qui est très froissé en cet endroit, fait voir à l’extrémité de la ligne un aleph, et peut-être aussi la queue d’un resch. Il adopte en conséquence la traduction de Smend et de Socin : « les ariels de Javéh. » Il y aurait donc eu à Nébo des autels consacrés à Jéhovah par les rois séhismatiques et idolâtres d’Israël, ou du moins des objets que

les Moabites regardaient comme tels.

H. Lesêtre.

’ARIÉLITE, descendant d’Aréli. Voir Aréli.

    1. ARIGLER Altmann François-Xavier##

ARIGLER Altmann François-Xavier, bénédictin autrichien, né à Kirchdorf, en Autriche, le 6 novembre 1768 ; mort abbé de Gôttweig, le 5 juin 1846. Il fit ses études à Linz, puis fut chargé du cours d’interprétation des Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament, qu’il professa à Linz, à Gôttweig et à Vienne, jusqu’à l’année 1812, où il fut élu abbé de Gôttweig. Son enseignement fut si brillant, que l’université de Vienne lui conféra le doctorat théologique ad honores ; l’empereur François I er l’honora du titre de conseiller, et Ferdinand I er le nomma chevalier de l’ordre de Léopold. Arigler a laissé : 1° Hermeneutica biblica in usum academicum ; 2° Introductio in libros Veteris Faideris, en six volumes manuscrits, que l’on garde dans la bibliothèque de Gôttweig. J. Parisot.

ARIMATHIE CApi^aca), ville de Palestine. — Arimathie paraît n’être qu’une forme grecque de l’hébreu Ramah ou Ramatah. Les Septante traduisent ordinairement Ramathaïm, duel de Ramah, par’Ap|xa6ai’|x (I Reg., i, 1, 3, 19 ; ii, 11 ; vii, 17 ; xix, 18, 22) ; Josèphe l’exprime quelquefois par’Apjj.a6â et’A p « [mOiï, souvent par’Apajx « 6à. Ant. jud., VI, iii, 3 ; iv, 1 ; XI, iv, 5 ; viii, 15, etc.

Arimathie était le lieu d’origine de Joseph, le noble décurion, Marc, xv, 43 ; Luc, xxiii, 51, disciple de Jésus, Joa., xix, 38, qui ensevelit Notre -Seigneur dans son propre tombeau. Il est peu probable qu’Arimathie ait été le lieu de résidence de Joseph, puisque celui-ci avait son tombeau à Jérusalem, et que, d’après l’opinion commune, il était membre du Sanhédrin.

Arimathie, d’après saint Luc, était une ville des Juifs, toXeùjç tûv’IouSaîinv, ou de la Judée ( Vulgate) ; c’est tout ce que le Nouveau Testament nous dit sur sa position géographique. Aussi n’est-on pas d’accord sur la localité à identifier avec Arimathie. Raùmer, Schegg, Kitto, Guérin, identifient Arimathie avec Ramléh, à trois kilomètres au sud de Lydda. Dans son épitaphe de sainte Paule, saint Jérôme fait suivre à la sainte un itinéraire qui semble placer Arimathie à Ramléh ; elle va en effet d’Antipatris à Lydda, et de là à Arimathie et à Joppé. La plupart des pèlerins et des voyageurs qui, depuis les Croisades, ont visité Ramléh, s’accordent à y retrouver Arimathie. C’était entre autres l’avis de Boniface de Raguse, de Quaresmius, de Reland. V. Guérin déclare que l’identification de Ramléh avec Arimathie, sans être absolument incontestable, repose sur des probabilités telles, qu’elles approchent de la certitude. Description de la Palestine, Judée, t. i, p. 55.

Ramléh, située à la croisée des routes de Jaffa à Jérusalem et d’Egypte à Damas, est bâtie sur un léger renflement de terrain (iig. 255). Précédée de belles haies de cactus, elle est entourée de jardins, où croissent surtout l’olivier, et aussi le sycomore, le caroubier, même quelques palmiers. Le sol sablonneux, fréquemment arrosé artificiellement, est très fertile. Le climat est doux et sain.