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ABGENTEUS (CODEX) — ARGOB


Le texte du Codex Argenteus a été publié à maintes reprises : en 1665 par Junius, en 1671 par Stiernhielm, en 1750 par Lye, en 1763 par Ihre, en 1805 par Zahn, en 1843 parGobelentz et Loebe, en 1854-1857 par Uppstrom. On pourra consulter l’édition donnée par Ernest Bemhardt, Vulftla oder die gotische Bibel, Halle, 1875. Le facsimilé que nous publions (fig. 252) est emprunté au recueil de la Palœograp/iical Society, de Londres, t. i, p. 118. Il contient le texte de saint Marc, vii, 3-7. Voir Moritz Heyne, Ul/ilas, Text, Grammatik und Wôrterbuch, 3e édit., Paderboni, 1878. P. Batiffol.

ARGILE. Hébreu : hômér, « ce qui est rouge, o nom donné à l’argile à cause de sa couleur ; tît, mot primitif. Ces deux premiers noms sont les plus habituels. Ils sont employés le premier dix-sept fois et le second onze fois. Comme hômér vient de la même racine que hêniâr, qui signifie « bitume », les traducteurs ont quelquefois confondu l’un avec l’autre. On trouve encore, dans le sens d’argile, ’âfâr, « terre desséchée, poussière, » Gen., ii, 7 ; Lev., xiv, 42, et yâvên, « ce qui est trouble. » Ps. xxxix, 3 ; lxviii, 3. Septante : mjXdç, traduisant d’ordinaire les deux premiers noms hébreux, ÎX-j ; , et une fois àirocXri y- ?, , « terre molle ». Sap., xv, 7. Chaldéen : tin, Dan., ii, 41, 43. Vulgate : lutum, limus, cœnum.

L’argile est un silicate d’alumine hydraté, souvent mélangé de poussières de quartz et de mica, et l’enfermant parfois des éléments calcaires, des matières charbonneuses, ou de l’oxyde de fer qui la colore en jaune ou en rouge. L’argile prend différents noms, suivant l’état dans lequel elle se présente ou les usages auxquels elle peut servir. La marne est l’argile calcarifère ; le limon est L’argile mélangée de particules quartzeuses extrêmement ténues et d’oxyde de fer. L’argile s’appelle schiste quand elle est compacte et stratifiée ; jaspe, quand elle est très dure, très siliceuse et formée de couches diversement colorées. L’argile commune ou terre glaise est employée par les potiers et les sculpteurs, l’argile smectique ou terre à foulon sert à dégraisser les étoffes. Cf. A. de Lapparent, Traité de géologie, 2 8 édit., in-8°, Paris, 1885, p 683. Les terrains sédimentaires de la Palestine appartiennent au néocomien, qui occupe la base des assises infracrétacées, et sont recouverts çà et là de couches appartenant aux dépôts postérieurs, jusqu’au turonien, qui est la seconde assise du terrain crétacé. Cf. L. Lartet, Exploration géologique de la mer Morte, de la Palestine et de l’idumée, Paris, in-f° (1876), p. 58 et suiv. La présence de l’argile est assez fréquente dans ces différentes couches, et les Israélites ont pu l’utiliser partout où elle affleurait. Il y avait des potiers à Netaïm et à Gedera, I Par., iv, 23 (texte hébreu’, et dans la vallée de Ben-Hinnom, au sud de Jérusalem, Jer., xviii, 2 ; Matth., xxvii, 7. Près de la ville était un champ où les foulons trouvaient vraisemblablement l’argile smectique. IV Reg., xviii, 17 ; Is., vii, 3.

La Bible fait allusion aux différents usages de l’argile. On l’employait pour faire des briques, à Babel, Gen., xi, 3 ; en Egypte, Exod., i, 14 ; Judith, v, 10, et en Palestine, Nah., iii, 14, et on y imprimait, avant la cuisson, l’empreinte qu’on voulait. Job, xxxviii, 14. Elle servait aux potiers. Sap., xv, 7, 8 ; Eccli., xxxiii, 13 ; xxxviii, 33 ; ls., xxix, 16 ; xli, 25 ; xlv, 9 ; .1er., xviii, 4, 6 ; Rom., IX, 21. C’est en argile mélangée de paille que l’on construisait ces murailles des maisons communes, si facilement percées par les voleurs. Lev., xiv, 42 ; Job, iv, 19 ; Ezech., xiii, 10 ; Job, xxiv, 16 ; Matth., xxiv, 43. Mais le plus noble emploi de l’argile remontait au paradis terrestre, quand Dieu avait formé le corps d’Adam. Gen., il, 7 ; Job, x, 9 ; xxxiii, 6 ; ls., lxiv, 8 ; Tob., viii, 8. Notre-Seigneur en délaya pour oindre les yeux de l’aveugle. Joa., ix, 6.

L’argile, à l’état de vase, Jer., xxxviii, 6 ; Hab., iii, 15, de boue, de mélange sordide et glissant, est prise comme un symbole de misère profonde, Ps. xxxix, 3 ; lxviii,

3, 15 ; d’oppression et de malédiction, II Reg., xxii, 43 ; Job, xiii, 12 ; Ps. xvii, 43 ; xxxiv, 6 ; Dan., ii, 41 ; Jer., xxin, 12 ; xxxviii, 22 ; de chose vile, sans prix, bonne à fouler aux pieds, Job, xxvii, 16 ; xxx, 19 ; xli, 21 ; Sap., vu, 9 ; xv, 10 ; ls., x, 6 ; lvii, 20 ; Mich., vii, 10 ; Zach., ix, 3 ; x, 5. Cuite et à l’état de tesson, elle est l’image de la souffrance et de la désolation suprême. Ps. xxi, 16.

H. Lesêtre.
    1. ARGOB##

ARGOB, hébreu : ’Argôb, « pierreux ; » Septante : ’ApyôS. Nom d’homme et de pays.

1. ARGOB, personnage de la cour de Phacéia, roi d’Israël, et qui mourut avec ce prince, de la main de Phacée, à Samarie, dans la citadelle royale. IV Reg., xv, 25. Au lieu de juxta Argob et juxta Arie, que porte la Vulgate, on lit en hébreu : ’ef’Argôb ve’ët hâ’Aryêh, « avec Argob et Ariéh, » ce que les Septante ont bien traduit par |xSTa toû’Apybê /.ai |x£xà to-j’Apia. Ceci montre que les deux officiers, loin d’être les complices de Phacée, furent ses victimes. C’étaient probablement des commandants de la garde royale, ou tout au moins des employés du palais, des fonctionnaires importants, qui périrent en voulant défendre leur maître, ou que le conspirateur fit mourir parce qu’il redoutait leur influence.

A. Legendre.

2. ARGOB (hébreu : ’Argôb ; une fois, Deut, iii, 13, avec l’article défini, hâ" argôb), contrée située à l’est du Jourdain, dans le royaume de Basan, et renfermant soixante villes fortes, « munies de murs très hauts, de portes et de traverses. » Deut., iii, 4, 5. Échue à la demitribu de Manassé, elle devint la possession de Jaïr, qui donna son nom aux soixante places fortifiées en les appelant Havoth Jair, c’est-à-dire villes de Jaïr. Deut., iii, 13-14. Plus tard, sous Salomon, elle forma une des circonscriptions territoriales soumises aux receveurs généraux qui étaient chargés de lever les impôts en nature. III Reg., iv, 13. Elle n’est nommée que quatre lois dans l’Écriture. Sa situation précise n’est pas facile à déterminer.

I. Nom et situation. — Argob vient de Regôb avec aleph prosthétique, et, se rattachant ainsi à la racine inusitée râgab, signifie « monceau de pierres » ; c’est un mot voisin de régéb, « motte de terre, » employé dans Job, xxi, 33 ; xxxviii, 38. La version samaritaine le rend par Rîgôbaah. Mais les targumistes, Onkélos et Jonathan, voulant reproduire le sens étymologique, nous donnent, le premier, Trachona ; le second, Targona et Tarcona, du grec-rpor/wv, « lieu rude, » pays pierreux, raboteux, d’où est venu le nom de Trachonitide, province transjordanique. C’est pour cela qu’un certain nombre d’auteurs ont identifié Argob avec cette ancienne province, le pays actuel du Ledjah, dont la nature, du reste, comme nous le verrons, répond exactement à l’idée exprimée par l’hébreu et le grec. Ainsi pensent, après J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t, ii, p. 271 ; Grove dans Smith’s Dictionary of the Bible, Londres, 1861, 1. 1, p. 104-105, et les auteurs de la nouvelle carte anglaise, feuilles 7 et 8, G. Armstroug, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 14. Le mot hébél, qui précède toujours Argob, ajoute même, d’après Porter, une forte présomption en faveur de cette identification. En effet, hébél, a^ohiaia, îtept|X"pov, funiculus, signifie littéralement « corde à mesurer », et il indiquerait ainsi avec une remarquable exactitude le cercle de rochers qui forme les contours du Ledjah et lui donne un aspect si singulier au milieu des plaines environnantes. J. L. Porter, The giant Cities of Bashan, Londres, 1872, p. 24. C’est, croyons-nous, trop presser le sens du mot, dont la signification dérivée, « champ héréditaire, morceau de terre, » ou, comme traduit la Vulgate, « région, » trouve ici aussi bien qu’ailleurs son application.

D’autres exégètes assimilent Argob à Basan. Ce nom,