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ARETIUS — ARGENT


de ce nom (de "Aprj ; , « Mars » ). Choisi, en 1548, comme professeur de logique à l’université de Marbourg, il devint ensuite professeur de langues à Berne, et enseigna plus tard la théologie d’après les doctrines de Calvin, qu’il avait embrassées avec ardeur. Il explique le sens avec bonheur dans ses commentaires, mais il faut tenir compte de ses tendances. Il a composé : Commentant brèves in Mosis Pentateuchum, in-8°, Berne, 1602 et 1611 (ouvrage posthume) ; Commentarii in Domini Nostri Jesu Christi Novum Testamentum, in-f° et Il in-8°, Morsée, 1580-1584 ; in-f°, Paris, 1607. Les éditions partielles en sont nombreuses : Commentarii in quatuor Evangelia, in-8°, Lausanne, 1577 ; Commentarii in Actuum Apostolorumhistoriam, 1590 ; Commentarii in onines Epistolas Pauli et canonicas, itemque m Apocalypsim Joannis, 1589, etc. Voir Chr. Saxi, Onomastic. literar., part, iii, p. 399 ; Biblioth. instit. a Gesnero in Epitom. redact. per J. Simlerum et Joh. Frisium, Zurich, 1693, p. 111 ; G. Walch, Biblioth. theol. critic, t. IV, passim. Le nom d’Aretius se trouve parmi ceux des auteurs condamnes par le concile de Trente. L. Guillereau.

AREUNA. LaVulgate écrit ainsi, dans le second livre des Rois, xxiv, 16-23, le nom du propriétaire de l’aire sur laquelle fut bâti le temple dé Jérusalem (voir Aire d’Ornan, col. 328). Ailleurs, elle l’appelle Oman. Voir Ornan.

1. ARGENT. Hébreu : késéf, de la racine kâsaf. Késéf signifie « ce qui est blanc » et « ce qui est désirable ». Le nom donné à l’argent dans les autres langues montre, par analogie, que la première étymologie doit être préférée. Égyptien : nub het, « or blanc ; » grec : àpyupo ; , d'àpvôç, « blanc. » D’après une autre étymologie, késéf signifie « coupure, » segmentum.

I. Son origine. — L’argent ne se trouvait pas en Palestine, et la découverte de quelques liions argentifères dans les montagnes du Liban paraît être relativement moderne. Cf. Kitto, Physical History of Palestine, p. 73. Ce métal précieux était, au contraire, commun en Chaldée avant Abraham ; il était appelé, dans ce pays, kaspu, qui est le même mot que késéf. Les Egyptiens avaient dans l'île de Méroé, territoire de la Nubie, des mines d’argent assez productives, mais bien moins riches que les mines d’or qui donnaient leur nom au pays. Diodore de Sicile, i, 33, 4 ( J. Abraham rapporta d’Egypte une grande quantité d’argent. Gen., xiii, 2. Les Égyptiens en faisaient des coupes, Gen., xliv, 2, de la vaisselle, Exod., xi, 2 ; xii, 35, des miroirs et toutes sortes d’objets (fig. 251). « Ils émaillaient l’argent, de manière à y reproduire l’image d’Anubis, ils le coloraient, mais ils ne le ciselaient pas. Ils se servirent ensuite de ce métal pour leurs statues triomphales, et quand l’argent était mat, le prix en était très grand. » Pline, H. N., xxxiii, 131, édit. Teubner, t. v, p. 27.

Les anciens tiraient encore l’argent de la Colchide, de l’Attique, du pays des Chalybes ou Chaldéens du Pont, de la Bretagne. Strabon, I, ii, 39 ; IX, i, 23 ; XII, iii, 19 ; IV, v, 2. Mais les mines d’argent de beaucoup les plus riches et les plus facilement exploitables étaient celles d’Ibérie ou Espagne, le pays appelé Tharsis dans la Bible. Voir Tharsis. Les écrivains de l’antiquité célèbrent à l’envi ces fameuses mines. L’argent s’y trouvait à l'état natif et à une faible profondeur, de sorte que son exploitation ne présentait aucune difficulté. Aussi le voit-on aux mains des indigènes dès le début de l'âge du bronze. Cf. L. et H. Siret, Les premiers âges du métal en Espagne, dans la Revue des questions scientifiques, avril 1888, p. 50, 379-384. D’autres fois, il était enveloppé dans une gangue qui rendait le quart de son poids de métal pur. Diodore, v, 36. On exploita ensuite la galène (plomb sulfuré) argentifère. Pour en tirer l’argent, on pilait et on lavait à cinq reprises la pépite argentifère, on faisait foudre le sédiment, et « le plomb s'échappait sous l’action du feu, tandis que

i l’argent surnageait, comme l’huile sur l’eau ». Pline, xxxiii,

! 95, 96. Au rapport de Strabon, III, ii, 8, telle mine rapporj tait en trois jours à son propriétaire la valeur d’un talent

euboïque ( environ 4 400 fr.). Plus tard les Romains s’emparèrent du pays ibérien et de ses riches gisements. I Mach., vin, 3. Polybe, d’après Strabon, loc. cit., rapporte que quarante mille ouvriers étaient employés à l’exploitation, près de Carthage la Neuve, et que le rendement quotidien était de vingt-cinq mille drachmes (24250 francs). Mais bien auparavant, les Phéniciens, dont les vaisseaux longeaient sans cesse toutes les côtes de la Méditerranée, s'étaient aperçus de l’abondance de l’argent en Ibérie. Comme les indigènes n’en appréciaient pas la

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251. — Coupe et ornements d’argent. Musée du Louvre.

En haut, fond de coupe en argent, représentant des poissons et des fleurs de lotus. L’inscription porte : « Celui qui emplit le cœur du Seigneur des deux mondes, le loué du Dieu bon, le basilicogrammate, le gouverneur des pays septentrionaux, Teti. » — Au bas, a droite, fragment d’ornement en argeM ; £ » gauche, pendant d’oreille en argent.

valeur et employaient souvent le précieux métal à des usages vulgaires, les Phénicien : i échangeaient contre des marchandises de vil prix et ils en remplissaient leurs bateaux. Quand le chargement avait atteint son extrême limite, et qu’il restait encore de l’argent sur le marché, ils remplaçaient par ce métal le plomb de leurs ancres. Diodore, v, 35. Ils se firent les pourvoyeurs de tous les pays avec lesquels la Méditerranée les mettait en rapports, et ce trafic leur procura d’immenses bénéfices.

L’argent était en effet très apprécié des anciens, aux yeux desquels sa rareté, comparée à l’abondance de l’or, donnait une plus grande valeur. On s’en servit pour faire les premières monnaies, et comme, malgré sa dureté plus grande que celle de l’or, on pouvait arriver à le travailler par le martelage, on en fabriquait toutes sortes d’objets. La facilité avec laquelle il se ternit, et même se noircit sous l’action des vapeurs sulfureuses. et surtout son abondance à la suite des importations phéniciennes le déprécièrent un peu. Aujourd’hui, à poids égal, l’or vaut quinze fois et demie l’argent ; 450 ans avant J.-C, en Grèce, il ne le valait que quatorze fois, Minerva, p. 87 ; dans l’Asie occidentale, la proportion tendit peu à peu à se rapprocher de ce chiffre. Néanmoins l’argent conti-