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AREBBA — ARÉOPAGE

avec des pierres de taille d’appareil moyen et généralement bien équarries ; elles jonchent partout le sol de leurs débris. Un édifice renversé également de fond en comble paraît avoir été une église, ce qui prouve que, à l'époque chrétienne, cette localité était encore habitée. »

    1. ARECON##

ARECON (hébreu : Hâraggôn, avec l’article), ville de la tribu de Dan, Jos., xix, 46. Le texte original porte ici pi^m ppl’n » d, mê hayyarqôn vehâraqqôn, « les eaux

du Yarqon, » ou aquse flavedinis, « eaux de couleur jaune, » ce que laVulgate rend littéralement par Meiarcon et Arecon. Mais les Septante traduisent ainsi : àrc’o OiXauffri ; 'Ispixwv. Ils ont donc lu j’pii d s o, miyyâm Yeraqôn, « à partir de la mer, Yeraqon, » ne voyant dans le second mot, hâraqqôn, que la répétition du premier, ou bien ce mol lui-même n’existant pas dans leurs manuscrits. Les autres versions anciennes suivent l’hébreu.

Arecon, auparavant inconnue, a été identifiée par Conder et les explorateurs anglais avec Tell er-Rakkeit, localité située sur les bords de la mer, au nord de Jaffa. Meiarcon se retrouverait ainsi dans le Nahr el-Audjéh, qui coule un peu plus au sud. Cf. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 262 ; G. Armstrong, W. Wilson, Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 147, au mot Rakkon. Cette identification semble conforme à l'énumération de Josué, xix, 45, 46, et la frontière septentrionale de Dan se trouve par là même bien déterminée. Voir la carte de la tribu de Dan.

A. Legendre.

ARED (hébreu : 'Ard, « fugitif (?) ; » Septante : 'ApâS), dixième fils de Benjamin. Gen., XLVI, 21.

ARÉE (hébreu : Arah, « émigrant ; » Septante : 'Apâ), un des fils d’Olla, de la tribu d’Aser. I Par., vii, 39.

    1. ARÉLI##

ARÉLI (hébreu : 'Ar'êli ; Septante : 'Aper, Xsfç, Gen., xlvi, 16 ; 'Aprrç)., Num., xxvi, 17), septième fils de Gad, chef de la famille des Ariélites (hébreu : hâ'ar'êli). Gen., xlvi, 16. La Vulgate le nomme Ariel dans les Nombres, xxvi, 17. Voir Ariel 1.

AREM ( hébreu : Hârim, « camus ; » Septante : 'Hpâji.), chef de famille dont les descendants revinrent de la captivité de Babylone au nombre de mille dix-sept. Il Esdr., vii, 42. Il est appelé Harim, I Esdr., ii, 39 ; x, 21, et Harem, II Esdr., x, 5, probablement, dans les deux derniers cas, comme désignant la famille. Voir Harem et Harim 3.

    1. ARÉOPAGE##

ARÉOPAGE, nom d’une colline d’Athènes sur laquelle on supposait, d’après la tradition mythologique, que Mars avait du se justifier du meurtre d’Hallirrhotius, fils de Neptune (de là son nom 6 "Apeioc racyo ; , « colline de Mars » ), et plus tard Oreste de celui de sa mère (fig. 249). Un tribunal y siégea de très bonne heure,-r, èv ApstM 7ci-f m PouXtj, ou encore r, 2v&> 30u), r„ « le conseil d’en haut ». On supposait le tribunal de l’aréopage fondé par Minerve elle-même par opposition à l’autre conseil, qui tenait ses séances dans un palais situé en bas, sur l’Agora. Voir Aréopagite. D’abord les Eupatrides seuls en firent partie. Dans la suite il suffit d’avoir été archonte, et de s'être honoré en remplissant dignement cette charge, pour y siéger. Au reste, les attributions de l’Aréopage s'étendirent bientôt considérablement. Solon lui confia le soin de surveiller les mœurs publiques et de maintenir la constitution de l'État. L’iniluence de cette assemblée devint si grande, qu’après avoir longtemps siégé lien que les trois derniers jours de chaque mois, elle se vit contrainte par la multiplicité des affaires à tenir des séances quotidiennes. Sous Périclès, chef du parti démocratique, une loi restreignit sa juridiction ; mais, après l’expulsion des Trente, on lui rendit la plupart de ses anciennes attributions, en

sorte que même à l'époque de la décadence d’Athènes, jusque sous les empereurs romains, l’Aréopage jouait encore un rôle important.

Le livre des Actes, xvii, 19 - 22, raconte comment saint Paul, prêchant dans l’Agora Jésus et la résurrection, se vit prié par les philosophes épicuriens et stoïciens de monter à l’Aréopage pour y exposer devant un auditoire plus compétent les doctrines dont il se faisait le propagateur. De tout temps, les Athéniens se montrèrent avides de nouveautés en philosophie comme en politique. Bien que le tribunal de l’Aréopage eût spécialement qualité pour connaître des questions religieuses touchant de près ou de loin à la morale publique, comme dans le procès de Socrate, rien n’indique que Paul ait été traduit devant l’auguste assemblée comme devant des juges. Le contexte, au contraire, semble dire, qu’il fut poliment conduit (è7ciXagô[j.Evot, cf. îx, 27 ; xxiii, 19) devant des. curieux. De plus, il commence par ces mots : « "AvSpec 'AÔTjVaîot, « Athéniens, » qui ne peuvent s’adresser au tribunal, mais à la foule des auditeurs. Aussi le discours qu’il prononce ne ressemble-t-il pas à une apologie. Dans le récit que saint Luc nous fait de l’incident, on ne trouve trace ni d’accusation, ni de défense, ni de jugement ; la séance se lève sans attendre que Paul ait fini d’exposer ce qu’il a à dire, au milieu des plaisanteries de moqueurs et de sceptiques qui le prient de remettre la suite à une autre fois. En réalité les Athéniens pouvaient bien être sévères envers quiconque semblait tendre à supprimer les dieux de la patrie ; ils se montraient très accueillants pour les nouveaux cultes importés du dehors, surtout quand ces cultes leur venaient de l’Orient. Strabon, x, p. 474 ; Philostrate, Vie d’Apollonius, vi, 7.

Il est aisé de retrouver aujourd’hui, à Athènes, le site où Paul parla si éloquemment du Dieu Inconnu. On sait, d’après Hérodote, viii, 52, que la colline de l’Aréopage était en face de l’extrémité sud-ouest de l’Acropole, et que les Perses s’y établirent pour lancer des projectiles enflammés contre les fortifications de bois protégeant la citadelle vers ce point, où elle était plus accessible à l’ennemi. Pausanias, qui, i, 28, nous a décrit le site de l’Aréopage, donne la même indication topographique, et la tradition actuelle est absolument autorisée quand elle nous le montre au couchant de l’antique Acropole et séparé d’elle par une inflexion de terrain. Le lieu où se tenait l’assemblée est encore marqué par un rectangle creusé dans le rocher de la colline, où nous sommes monté par seize degrés également taillés dans la pierre et usés par le temps. C’est au point où le renflement de terrain, après s'être élevé insensiblement de l’ouest à l’est, se termine tout à coup d’une façon abrupte, que se trouve cet étroit carré où siégeaient, debout, les Aréopagites. On sait qu’ils jugeaient en plein air, ùrattûpioi ÊSiy.iÇovTo. Pollux, viii, 118. À l'époque où Pausanias visita l’Aréopage, il y avait dans le lieu même de l’audience deux gradins de pierre blanche ou de pierre non polie, àpToùs XiSo’j ?, servant de sièges, l’un à l’accusateur et l’autre à l’accusé. Le siège de l’accusateur s’appelait « la pierre de l’implacabilité », AiOo ; 'AvaiSsia ; , et celui de l’accusé, « la pierre de l’injure », "TêpEasc. Pausanias, i, 28, 5. Quoi qu’il en soit de détails impossibles à reconstituer aujourd’hui dans l'étroit carré des trois bancs rectangulaires qui s’ouvrent vers le midi (voir notre Voyage aux pays bibliques, t. iii, p. 251), la vue sur l’Agora et l’Acropole, où se dressait un monde de statues, témoignage moins éloquent peut-être, si prodigieux qu’il fût, du génie artistique de la Grèce que de sa honteuse idolâtrie, durent inspirer saint Paul. Il y exposa les plus grandes vérités, le Dieu créateur du ciel et de la terre, l’origine commune de tous les hommes, leur fraternité et leur solidarité, Jésus ressuscité. Après son discours, quelque insignifiants qu’en parussent les résultats, la cause du vrai Dieu fut gagnée contre les idoles. Un des juges i de l’Aréopage, Denys, se convertit, ainsi qu’une femme