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ARGHIPPE — ARCHITECTURE HÉBRAÏQUE


sa fête le 22 novembre, et les Latins, le 20 mars. Voir Dietelmair, De Archippo, in-4o, Altorꝟ. 1750.

E. Jacquier. ARCHISYNAGOGUS (Ap-/t<W Y ur ;  ; Vulgate : archisynagogus), mot inconnu aux auteurs profanes et inventé par les Juifs hellénistes qui rendirent ainsi l’expression rôs hakkenésép, usitée en Palestine pour désigner le chef de la synagogue. Marc, v, 22, 35, etc. ; Luc, viii, 49 ; xiii, 14 ; Act., xiii, 15 ; xviii, 8, 17. Voir Synagogue.

ARCHITECTE. Les Hébreux ne s'étant pas adonnés aux arts, il y eut chez eux des maçons et des constructeurs, mais non des architectes proprement dits. Hiram, l’architecte qui construisit le temple de Salomon, était Phénicien. III Reg., vii, 13. Il n’y avait même pas, dans l’ancien hébreu, de nom spécial pour désigner l’architecte. (Le mot architectus, qu’on lit dans la Vulgate, Is., m, 3, est la traduction de hàrâs, « ouvrier. » ) Il n’est nommé que dans les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament, Eccli., xxxviii, 27 (28) ; II Mach., Il, 29 (30), et dans le Nouveau Testament, I Cor., iii, 10 ^ « pXitéxtwv). L’Ecclésiastique en parle d’une manière peu précise ; l’auteur du second livre des Machabées dit que l’architecte édifie une maison nouvelle et prend soin de tout ce qui se rapporte à sa construction ; saint Paul, se comparant à un architecte sage, dit qu’il a commencé par poser solidement les fondements de l'édifice de la conversion des Corinthiens, et qu’un autre a continué son « euvre en bâtissant sur ses fondements. Voir Architecture HÉBRAÏQUE.

ARCHITECTURE HÉBRAÏQUE. — L’architecture est l’art de bâtir suivant des règles déterminées par la destination des édifices. Cet art, quand il s’agit des monuments du passé, fait partie de l’archéologie, dont il est une des branches les plus importantes. Les monuments, en effet, forment une histoire très expressive des croyances, des mœurs, de la civilisation des peuples anciens. Leur étude est donc très utile ; sans elle, pour la Sainte Écriture en particulier, il est bien des scènes et des expressions dont on ne peut se faire une idée très exacte.

Si l’on considère l’architecture par rapport à la destination des monuments, on peut la diviser en religieuse, civile et funéraire. L’architecture religieuse comprend les édifices destinés au culte : temple, synagogues ; l’architecture civile : les maisons, les palais, les piscines et aqueducs, les forteresses ; l’architecture funéraire : les tombeaux. Voir, pour les détails, ces différents mots.

De même que tous les arts, l’architecture a débuté d’une façon rudimentaire. Les grottes naturelles, les cabanes de feuillage ou les tentes furent les habitations primitives. Les hauts lieux ou les clairières des forêts servaient de temple ; un tertre en terre ou quelques pierres assemblées formaient un autel. Ce n’est pas à dire que les premiers hommes fussent des sauvages : une civilisation matérielle peu développée s’allie très bien avec un état intellectuel et moral élevé. Ce que les exigences de la vie et la simplicité des goûts avaient commencé, le progrès de la civilisation, le sentiment du beau, la recherche du bien-être et du luxe, l’achevèrent. Les édifices prirent des formes plus correctes, plus agréables, plus savantes. C’est alors seulement que l’architecture constitua un art. La première mention d’une construction qui soit faite dans la Bible se trouve dans l’histoire de Caïn. Ce fut lui qui bâtit la première ville, Gen., iv, 17 ; ce qui sans doute ne désigne encore qu’un ensemble de constructions assez rudimentaires, protégées par quelque fossé ou retranchement (voir col. 661). À l'époque du déluge, les hommes, habiles à travailler le bois et le fer, devaient bâtir avec plus d’art ; mais nous n’avons aucune donnée sur leur architecture. Après le déluge, les races issues de Noé se dispersent par le monde ; chaque peuple se développa suivant son génie particulier, qu’il traduisit par une archi tecture spéciale en rapport avec le climat où il avait fixé sa demeure, et avec les matériaux qu’il avait sous la main. La tour de Babel, élevée probablement par des peuples de la race de Sem, semble se rattacher au système des édifices à étages de la Chaldée. Gen., xi, 4. Les ancêtres du peuple hébreu, Abraham, Isaac et Jacob, menèrent la vie pastorale dans la terre de Chanaan et habitèrent sous la tente. Eu Egypte, les nombreux descendants des patriarches échangèrent leurs habitudes nomades contre une vie plus sédentaire et s’initièrent aux arts d’une civilisation déjà avancée. Obligés de bâtir pour le Pharaon les importantes villes de Pithom et de Ramsès, ils durent aussi se construire pour eux des maisons semblables à celles qu’ils avaient sous les yeux dans les villages égyptiens : petites huttes de terre, entourées d’un enclos de verdure, le amm si cher à l’habitant de la chaude vallée du Nil. Après la conquête de la Palestine, les Hébreux s'établirent dans les maisons des Chananéens qu’ils avaient dépossédés, Deut., vi, 10, 11, et au besoin en élevèrent d’autres de même genre :-c'étaient de simples maisons en argile, en brique ou même en pierre, bâties sans style. Un monument, qui au dire de plusieurs savants date de cette époque, sans être bien remarquable au point de vue de l’art, a cependant un certain cachet architectural : c’est le tombeau de Josué à Tibnéh ; il paraît être de style chananéen. Pendant la période agitée des Juges et des commencements de la royauté, les enfants d’Israël ne purent cultiver les arts. Aussi, quand David voulut be construire m palais à Jérusalem, dut-il recourir aux habiles ouvriers que lui envoya Hiram, roi de Tyr. II Reg., v, 11. De même, pour diriger les travaux pendant la construction du temple et des palais royaux, Salomon employa des architectes et des ouvriers phéniciens. C’est ce qui a fait penser à plusieurs auteurs que le style de ces édifices devait être phénicien. Mais, on le sait, ce peuple commerçant ne fut pas original dans les arts ; il emprunta beaucoup à l’Egypte et à l’Assyrie. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que le temple de Salomon fut bâti d’après le plan du tabernacle mosaïque. Par ses dispositions générales, il rappelle certains temples de l’Egypte, comme celui de Khons à Karnak, ceux de Louqsor et de Dendérah. Dans quelle mesure l’art égyptien et assyrien, modifié déjà par les Phéniciens, adopta-t-il en Judée des éléments ou changements nouveaux de façon à présenter une certaine originalité ? La question ne peut être élucidée que par une étude approfondie des édifices salomoniens. Voir Temple de Jérusalem. Il suffit de remarquer ici, comme on peut le constater par ce qui reste des murs de soutènement du temple et par quelques parties des souterrains dits de Salomon, que les constructions de cette époque se distinguent par la grande dimension des matériaux et par l’appareil à refends. Le grand roi constructeur fit faire aussi des piscines. Eccl., ii, 6. Voir Aqueduc. De plus, il fortifia Jérusalem et quelques autres places. Ses successeurs achevèrent les parvis du temple, II Par., xx, 5, et embellirent la ville. De leur côté, les rois d’Israël se bâtirent une capitale, Samarie, <c la couronne d’orgueil d'Éphraïm ; ils y élevèrent des palais : palais d’hiver, palais d'été, palais d’ivoire. » Ainos, iii, 15. Mais de toutes ces constructions il ne reste plus aucune trace. Au retour de la captivité de Babylone, les Juifs, sous la conduite de Zorobabel, relevèrent de ses ruines le temple de Salomon ; il ne fut pas rétabli avec la même magnificence, et en plus d’un point le souvenir de l’art babylonien et persépolitain dut se faire jour. À partir des Machabées, surtout sous Hérode, l’art grec et romain exerça son influence en Judée. Les synagogues se bâtissent toutes à peu près dans le même style : la synagogue de Kefr-Birim, avec ses trois portes sculptées, les restes de sa colonnade intérieure et son style dorique romain, permet de se faire une idée du plan et de l’ornementation de ces édifices. Voir Synagogue. Plusieurs des belles tombes de la vallée de Josaphat et de la vallée d’Hinnom