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ARCHÉOLOGIE BIBLIQUE


archéologiques. Mais cet enseignement portait surtout sur la doctrine et son interprétation. Josèphe s’en fait l’écho dans ses ouvrages, spécialement dans ses Antiquités judaïques, ’Apyxio’koyia’louSaïKïj. Son œuvre n’apprend presque rien en dehors de ce qui est connu directement par la Bible, et encore les préjugés nationaux et personnels de l’auteur obligent-ils à n’accepter ses dires qu’avec réserve. Philon, qui a écrit sur la création, la vie de Moïse, le Décalogue, la circoncision, les sacrifices, etc., n’est pas non plus un guide sur, à cause de la tendance qui le porte à chercher une origine juive à ses idées platoniciennes. Cf. Siegfried, Philo von Alexandria als Ausleger des allen Testaments, in-8o, léna, 1875. Les Talmuds sont des archéologies à leur manière. La Slischna traite des semences (agriculture, dîmes, année sabbatique, etc.), des fêtes, des femmes (mariage, famille, divorce, etc.), des dommages (législation civile et criminelle, idolâtrie, sanhédrin, etc.), des choses saintes (sacrifices et description du temple) et des purifications. Avec la Mischna, les Ghémaras de Babylone et de Jérusalem sont riches en renseignements sur l’antiquité juive. Mais les compilateurs de ces recueils se sont fait une conception trop arbitraire de l’archéologie. Tantôt ils sont l’écho fidèle des traditions anciennes, tantôt ils présentent comme antiques des usages tout récents, tantôt même ils inventent de toutes pièces, de sorte qu’il est toujours difficile de savoir à quoi s’en tenir avec eux. Néanmoins, quand ils n’ont pas intérêt à inventer ou à vieillir les choses dont ils parlent, ils peuvent être reçus comme des témoins utiles.

Les premiers siècles chrétiens eurent autre chose à faire que de l’archéologie. Après Constantin, on commença à s’en préoccuper dans l’explication de la Sainte Écriture. Mais les Pères d’Occident manquaient des éléments voulus pour l’étudier avec grand fruit. Aussi saint Augustin, dans la Cité de Dieu, fait-il surtout de l’archéologie grecque et romaine. Parmi les Pères grecs, ceux d’Alexandrie étaient trop épris de l’allégorie pour attacher une importance suffisante aux choses tangibles. Les Pères de l’école d’Antioche s’en préoccupèrent davantage, et consignèrent dans leurs écrits bien des détails que leur voisinage des pays bibliques les mettait à même de connaître. Les deux écrivains anciens qui firent accomplir le plus de progrès à la science archéologique furent Eusèbe de Césarée et saint Jérôme ; vivant tous les deux en Palestine, ils purent interroger, examiner et contrôler avec soin. Après eux et durant tout le moyen âge, l’archéologie biblique ne fut guère alimentée que par les récits des pèlerins de Terre Sainte. Ceux-ci avaient habituellement plus de piété que de critique, et acceptaient volontiers comme vrai tout ce qui était édifiant. Les savants de l’époque, absorbés par le travail de la spéculation philosophique ou théologique, laissèrent à faire aux siècles suivants un travail en vue duquel, il faut le reconnaître, ils n’étaient pas suffisamment outillés. L’occupation de la Palestine par les croisés fut trop précaire et trop agitée pour permettre une étude à fond du pays. Ce fut seulement quand on put parcourir la Terre Sainte avec plus de facilité et de sécurité que l’archéologie prit son essor. À la fin du xvie siècle, avec Arias Slontanus, chapelain de Philippe II, elle commença à devenir une science à part. L’étude des anciens monuments écrits lui fournit un premier aliment. L’institut du Caire, fondé par Bonaparte pendant sa campagne d’Egypte, contribua puissamment à développer le goût des recherches archéologiques dans les pays orientaux, et montra ce qu’on pouvait attendre de travaux scientifiques exécutés sur les lieux mêmes. L’archéologie biblique profita de cette impulsion. Dans notre siècle, l’étude directe des pays bibliques, les fouilles nombreuses pratiquées sur l’emplacement des lieux célèbres de Palestine et des anciennes cités de l’Egypte et de l’Assyrie, les découvertes vraiment merveilleuses et inespérées qui ont récompensé les efforts DIGT. DE LA BIBLE.

des explorateurs, ont fait de l’archéologie biblique une science du premier ordre. Catholiques, protestants, rationalistes, tous s’y appliquent, avec des vues diverses sans doute, mais avec des résultats qui prennent d’eux-mêmes le chemin de la vérité. Les protestants anglais ont fondé à Londres, en 1865, une société intitulée Palestine Exploration Fund, pour l’étude exacte et systématique de l’archéologie, de la topographie, de la géologie, de l’histoire naturelle et de l’ethnographie de la Palestine. Elle a pour organe une revue, Quarterly Statement, et on lui doit un grand nombre de publications. En 1878, les protestants allemands, à l’exemple de leurs voisins, ont fondé à Leipzig une société d’études bibliques, qui a pour organe le Zeitschrift des deutschen Palâstina Vereins. Une société américaine analogue s’est établie, après les deux autres, pour l’exploration des pays à l’est du Jourdain. Enfin une école pratique d’études bibliques fonctionne depuis 1890 au couvent de Saint-Étienne de Jérusalem, sous la direction des Pères dominicains, et depuis 1892 publie à Paris une Revue biblique. Pendant ce temps, les recherches se poursuivent activement en Egypte, en Assyrie et dans toutes les contrées où l’archéologie biblique peut recueillir d’utiles renseignements pour l’intelligence plus complète et la défense des Livres Saints. De grandes lacunes restent encore à combler. Mais les progrès accomplis au xixe siècle permettent d’espérer que de précieuses découvertes sont réservées aux siècles suivants, et que plus les attaques de l’incrédulité se multiplieront, plus Dieu fera surgir de partout des témoins irrécusables pour venger l’honneur de sa parole écrite.

III. Bibliographie. — Les ouvrages qui traitent de l’archéologie biblique peuvent se diviser en deux classes : les archéologies proprement dites et les dictionnaires. A ces ouvrages il convient d’ajouter ceux qui concernent l’archéologie des anciens peuples en rapport avec les Juifs. Nous ne donnerons pas la liste complète de tous les travaux écrits sur le sujet ; nous nous contenterons des principaux, en faisant remarquer que les meilleurs, parmi les plus récents, reproduisent ordinairement ce qu’il y a de plus utile dans les livres antérieurs. Les relations de voyages contiennent généralement des indications archéologiques souvent fort précieuses ; les principales seront indiquées au mot Géographie biblique.

1° Archéologies bibliques proprement dites. — Segonius, De republica Hebrœorum libri viii, in-f », Francfort, 1585 ; Arias Montanus, Antiquitatum judaicarum libri ix, in-4o, Leyde, 1593 ; * Goodwin, Hosesand Aaron, civil and ecclesiastical Rites used by the ancient Bebrews, in-4o, 1614 ; traduit en latin par J. H. Reiz, 1679 ; édition revue et augmentée par Hottinger, 1710 ; Menochius, De republica Hebrœorum libri viii, in-f° ; Paris, 1648 ; * H. Reland, Antiquitates sacrse veterum Hebrœorum, Utrecht, 1708 ; Leipzig, 1713 ; édition augmentée par Vogel, Halle, 1769 ; Cl. Fleury, Mœurs des Israélites, in-12, Paris, 1681 ; * C. lken, Antiquitates hebraicse, in-4°, Brème, 1730 ; in-8o, Utrecht, 1810 ;

  • D. Jennings, Jewish Antiquities, 2 in-8o, Londres, 1730 ;
  • "Canner, Antiquitates Hebrœorum, 2 in-4o, Gœttingue,

1743 ; * J. G. Carpzov, Apparatus historico-criticus antiquitatum Sacri Codicis et gentis hebrxse, in-4o, Leipzig, 1748 ; * Warnekros, Enhvurf der hebrûischen Attert humer, "VYeimar, 1782 ; 3e édit. par Hoffmann, 1832 ; Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, 34 in-f°, Venise, 1744-1769, ouvrage dans lequel sont reproduites les meilleures monographies archéologiques publiées antérieurement ;

  • Rosenmùller, Handbuch der biblischen

Alterthumskunde, 6 in-8o, Leipzig, 1816-1820 ; * De Wette, Lehrbuch der hebrûischen jùdischen Archéologie, in-8o, Leipzig, 1814 ; 4e édit. par Ràbiger, 1864 ;

  • Pareau, Antiquitas hebraica breviter descripta, Utrecht,

1832 ; J. Jahn, Biblische Archéologie, Vienne, 1797-1805 ;

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