Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/529

Cette page n’a pas encore été corrigée
927
928
ARCHÉLAUS — ARCHEOLOGIE BIBLIQUE


    1. ARCHÉLAUS##

ARCHÉLAUS ('Ap-/É).ao ; , « chef du peuple, » ) fils d’Hérode le Grand et de la Samaritaine Malthace (fig. 247). Il fut élevé à Rome avec son frère Hérode Antipas. À la mort de son père (4 avant J.-C), il était âgé de dix-huit ans. D’après le dernier testament d’Hérode le Grand, Arohélaùs devait, avec l’assentiment de l’empereur Auguste, hériter de la Judée, de la Samarie et de l’Idumée, et recevoir le titre de roi. Avant même les funé 247. — Monnaie d’Hérode Ârchélatts. IIPQAOT. Grappe le raisin avec une leuille de vigne. — i$. EQNAPXOY". Casque avec une double aigrette et deux paragnathldes. Dans le champ, a gauche, un caducée.

railles d’Hérode, qu’il fit d’ailleurs magnifiques, il se fit reconnaître par les soldats, et il essaya ensuite de gagner la faveur des Juifs par une diminution d’impôts. Mais ceux-ci, rassemblés pour les fêtes de Pâques, sur le refus d’Archélaûs de destituer le grand prêtre Joasar, fils de Boéthos, crurent le moment venu de se débarrasser de la famille d’Hérode, et se révoltèrent. Archélaùs réprima cruellement l'émeute : trois mille Juifs furent tués. Joséphe, Ant. jud., XVII, IX, 1. Une députation juive alla à Rome demander à l’empereur Auguste de rattacher la Judée à la province de Syrie. De leur côté, Archélaùs et son frère Antipas se rendirent aussi à Rome, pour plaider chacun leur cause devant l’empereur. Quelques commentateurs ont cru que Notre-Seigneur avait fait allusion à ces événements dans une de ses paraboles, rapportée par saint Luc, xix, 12-14 : « Un homme de grande naissance [le fils d’Hérode] s’en alla en un pays lointain [à Rome] pour recevoir un royaume [la Judée] et revenir ensuite… Or ceux de son pays [les Juifs] le haïssaient, et ils envoyèrent après lui une ambassade [à l’empereur Auguste], disant : Nous ne voulons point que cet homme règne sur nous. » Les ambassadeurs juifs n’obtinrent pas gain de cause. Pendant leur absence, la Judée s'était révoltée contre l’autorité romaine.

Auguste confirma en partie le dernier testament d’Hérode, et Archélaùs eut en partage la Judée, la Samarie et l’Idumée, avec les villes de Césarée, Joppé et Sébaste ; il avait six cents talents de revenu. L’empereur lui accorda seulement le titre d’ethnarque, mais lui promit celui de roi, s’il s’en rendait digne. Il ne l’obtint jamais. C’est donc dans son acception générale de « gouverner », que saint Matthieu, ii, 22, emploie le terme fSairiXE-Jît en parlant d’Archélaûs. Josèphe cependant appelle Archélaùs paaiXeuç, Ant. jud., XVIII, iv, 3 ; mais les monnaies le qualifient toujours de 1%-tipy^ : , « ethnarque ». De Saulcy, Recherches sur la numismatique judaïque, p. 133-138 ; Madden, History of Jeivish Coinage, p. 91-95.

Aucun événement important ne signala le règne d’Archélaûs ; il fit rebâtir avec magnificence le palais de Jéricho et fonda la ville d’Archélaûs. Malgré la défense de la loi mosaïque, il épousa la veuve de son frère, Glaphyra, fille d’Archélaûs, roi de Cappadoce, laquelle avait eu des enfants de son premier mari. Il se montra digne fils de son père Hérode par ses cruautés et sa tyrannie. Poussés à bout, ses sujets, Juifs et Samaritains, portèrent plainte à l’empereur Auguste. Appelé à Rome, Archélaùs dut se défendre contre les accusations des premiers personnages de la nation. N’ayant pu se justifier, il fut dépouillé de ses biens, et envoyé en exil à Vienne, en Gaule. Il avait régné dix ans.

C’est donc avec raison, et parce qu’il connaissait la cruauté d’Archélaûs, que saint Joseph, à son retour de

: l’Egypte, ne voulut pas, par crainte de ce fils d’Hérode, 
! retourner en Judée. Instruit en songe, il alla demeurer

à Nazareth, en Galilée, dans les États d’Hérode Antipas,

dont le gouvernement était beaucoup plus doux. Matth.,

' ii, 22-23. E. Jacquier.

' ARCHÉOLOGIE BIBLIQUE. C’est la science des . choses anciennes qui se rapportent à la Bible, et dont la

: connaissance est nécessaire, ou du moins utile, à l’intelligence du texte sacré.

I. Son objet. — En principe, cette science devrait comprendre tout ce qui concerne la doctrine philosophique et théologique de la Bible, l’histoire, la géographie, la linguistique, etc., en un mot tous les ordres de connaissance impliqués par le texte sacré. Mais plusieurs de ces matières sont si importantes, qu’elles forment à elles seules des sciences à part. L’archéologie restreint d’autant son domaine, ce qui lui permet de l'étudier plus à fond. Les objets dont elle s’occupe sont les suivants : 1° Antiquités domestiques : la famille, le mariage et ses conditions, les enfants, la santé et les soins qu’on lui donne, la mort et les funérailles, le vêtement et la parure, l’alimentation et les festins, la chasse et la pêche, les travaux de l’agriculture, de l'élevage et des métiers mécaniques. — 2° Antiquités sociales : les lieux habités, villes et villages, les relations amicales, hostiles ( guerre et armées) et commerciales, les monnaies, les poids et mesures, la division du temps, les institutions politiques et les fonctionnaires, les lois et leur sanction. — 3° Antiquités religieuses : le culte du vrai Dieu et des idoles, le culte primitif, patriarcal et mosaïque, les lieux du culte (tabernacle, temple de Salomon, de Zorobabel, d’Hérode, synagogues), les jours de fête, le sacerdoce (ses droits, ses pouvoirs, ses fonctions, ses vêtements), enfin les corporations d’ordre religieux, prophètes, sectes, etc. — 4° Antiquités littéraires et artistiques : écriture, poésie, musique et instruments, peinture, sculpture, architecture, épigraphie, élude et restitution des monuments anciens, etc. La géographie biblique, tant physique qu’historique, forme une science indépendante. Mais la configuration du pays est si nécessaire à connaître, pour se rendre compte des mœurs et des usages de la population et s’expliquer une foule de particularités du texte sacré, qu’on en joint ordinairement l'étude à celle de l’archéologie proprement dite. Du reste, il est souvent impossible de trouver à la topographie une autre base que l'épigraphie et l’examen des monuments. Enfin le peuple juif n’a été isolé ni géographiquement ni historiquement. Nous le voyons en relations tantôt amicales, tantôt hostiles, avec les Égyptiens, les Arabes, les Chananéens, les Phéniciens, les Assyriens, les Perses, les Grecs et les Romains. L’archéologie biblique doit donc, pour être complète, faire les emprunts indispensables aux archéologies de ces différents peuples. Sans nul doute la doctrine révélée est suffisamment claire par elle-même, indépendamment de toute notion archéologique ; mais du moment que la révélation a eu un cadre historique, il y a un intérêt majeur à connaître par le détail tous les éléments qui composent ce cadre : le texte n’en est alors que mieux compris, et son authenticité trouve un point d’appui inébranlable dans l’impossibilité où sont les rationalistes d’adapter convenablement l’histoire sacrée à un milieu différent de celui que lui assigne la tradition.

II. Son développement. — À vrai dire, les écrivains sacrés ont été les premiers à se préoccuper de fournir des éléments à l’archéologie. S’ils supposent beaucoup de choses connues de leurs lecteurs, il en est un grand nombre d’autres sur lesquelles ils prennent soin de les renseigner. Malheureusement ils ne pouvaient guère répondre qu’aux besoins de leurs contemporains, et n’avaient pas à prendre souci des détails qui seraient ignorés de longs siècles après eux. C'était l’enseignement oral qui suppléait chez les Juifs à l’insuffisance des connaissances