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ARCHE D’ALLIANCE

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gnage, tout ce que je commanderai par toi aux enfants’d’Israël. » Exod., xxv, 22 ; xxx, 36. Pour parler à Moïse, ; le Seigneur manifestait sa présence par l’apparition d"une nuée. Lev., xvi, 2 ; Num., xvii, 4. En même temps que ; Moïse voyait la nuée, « il entendait la voix de celui qui lui parlait du propitiatoire, qui est au-dessus de l’arehe du témoignage, entre les deux Chérubins.* Num., vii, 89. Le Seigneur parla de même à Josué, Jos., vii, 6-10, et ensuite aux grands prêtres, du moins dans certaines circonstances plus graves. Dans tout l’Ancien Testament, il est parlé du Seigneur comme de celui qui est assis entre les Chérubins. I Reg., iv, 4 ; Il Reg., vi, 2 ; IV Reg., Xix, 15 ; Ps. lxxix, 2 ; xcviii, 1 ; Is., xxxvii, 16 ; Dan., m, 55. « Dieu est au-dessus de tout et incompréhensible à toute créature, dit saint Thomas ; c’est pourquoi, au lieu de représenter par un simulacre sa nature invisible, on se contentait de figurer son trône. La créature intelligible est, en effet, au-dessous de Dieu, comme le trône au-dessous de celui qui est assis. » 1° 2 æ, en, IV ad 6. C’est cette présence divine, sous l’apparence de nuée au-dessus de l’arche, que les Juifs ont appelée plus tard sekînàh, cx^vioaic, c’est-à-dire « résidence », du verbe Mkan, employé continuellement dans l’Écriture pour marquer que Dieu réside en quelque endroit.

IV. Histoire de l’arche. — L’arche fut construite par Béséléel, conformément aux prescriptions du Seigneur. Exod., xxxvii, 1-9. Le premier mois de la seconde année après la sortie d’Egypte, la fabrication du tabernacle et de tous les objets nécessaires au culte fut achevée, et l’on en fit l’inauguration. Moïse mit les tables de la loi dans l’arche, passa les bâtons dans les anneaux, disposa le propitiatoire à sa place, introduisit l’arche dans le tabernacle, et suspendit en avant un voile qui devait la dérober aux regards. Exod., xxx, 6 ; XL, 1-3, 18, 19. Ce jour-là se montra pour la première fois au-dessus du tabernacle la nuée glorieuse qui révélait la présence du Seigneur, et qui, par sa disparition ou sa permanence, devait régler les départs et les séjours de l’immense émigration. Parmi les lévites, ceux de la famille de Caath furent chargés de garder l’arche, Num., iii, 31, et aucun membre des autres tribus, ni même des autres familles lévitiques, n’avait le droit de la porter, ni seulement de la toucher. Jos., iii, 4 ; II Reg., vi, 6 ; I Par., xv, 2. Quand on levait le camp, les lévites détachaient le voile qui fermait l’entrée du Saint des saints et en enveloppaient l’arche. Ils mettaient par-dessus une couverture de peau teinte en bleu, et une troisième enveloppe couleur d’hyacinthe. Num., iv, 5, 6. Toutes choses étaient remises en état, quand on s’arrêtait pour un séjour prolongé. Dans les marches, l’arche était toujours portée en avant. Quand on l’élevait pour le départ, ou qu’on la déposait à l’arrivée, on entonnait un chant solennel. Num., x, 33-36. Le cantique du départ a été par la suite magnifiquement développé dans le Psaume lxvii.

L’arche était la garantie de l’assistance divine dans le voyage et dans les combats. On le comprit surtout quand, après le retour des explorateurs de Chanaan, le peuple révolté, puis châtié, voulut marcher contre les Amalécites et les Chananéeus. Comme le Seigneur n’approuvait pas cette entreprise, l’arche ne sortit pas du camp, et en son absence les Hébreux furent défaits. Num., xiv, 44. Pendant le séjour au désert, l’arche guida ainsi le peuple et présida à tous ses actes.

Sous Josué, c’est à son contact que les eaux du Jourdain se séparèrent, et permirent à tout le peuple de traverser le fleuve. Jos., iii, 1-iv, 18. Elle fut ensuite portée pendant sept jours autour de Jéricho, jusqu’à l’écroulement des murs de la ville. Jos., vi, 6-16. Enfin elle présida, entre ! le mont Hébal et le mont Garizim, à la scène grandiose | des bénédictions et des malédictions. Jos., viii, 33. Dès | l’établissement dans la Palestine, il avait fallu se préoccuper de trouver au tabernacle et à l’arche qu’il contenait un lieu de résidence ordinaire. Le lieu choisi fut

Silo, dans la tribu d’Éphraïm, au centre du pays conquis. Jos., xviii, 1. Là fut établie la « maison du Seigneur », Jud., xviii, 31 ; xx, 18 ; I Reg., i, 21, auprès de laquelle demeurait le grand prêtre. I Reg., iii, 3. Mais comme alors le tabernacle était fixé dans des conditions qui ne permettaient plus de le déplacer facilement comme au désert, l’arche était emportée seule en cas de guerre. C’est ainsi qu’on la trouve à Béthel pendant la lutte contre les Benjamites, Jud., xx, 18, 26, 27 (et non à Silo, comme saint Jérôme l’explique à tort au y. 18). Sous le grand prêtre Héli, elle fut emmenée à la guerre contre les Philistins et prise par eux. Cette catastrophe inouïe plongea tout Israël dans la plus amère désolation, I Reg., iv, 3-22 ; mais Dieu lui-même allait prendre soin’de sa gloire. Aux yeux des Philistins, la capture de l’arche était la victoire remportée par leur dieu sur le Dieu des Israélites ; aussi placèrent-ils le glorieux trophée dans le temple de Dagon, à Azot. Mais deux jours de suite ils trouvèrent leur idole d’abord renversée, puis mutilée devant l’arche. En même temps, une maladie honteuse frappa les habitants d’Azot, et de terribles fléaux fondirent sur leur région. Les Philistins promenèrent alors l’arche de ville en ville ; mais partout où elle arrivait, la colère divine se déchaînait, si bien que les gens d’Accaron refusèrent de lui ouvrir leurs portes. I Reg., v. Enfin, au bout de sept mois, sur le conseil de leurs prêtres et de leurs devins, les Philistins la placèrent sur un chariot neuf traîné par deux vaches, y joignirent des présents expiatoires, et laissèrent les animaux aller où ils voulurent. Ceuxci se dirigèrent vers le pays des Israélites. Dès que les habitants de Bethsamès, dans la tribu de Juda, virent arriver l’arche, ils furent au comble de la joie. Les lévites la déposèrent sur une grande pierre, et l’on immola devant elle les deux animaux qui l’avaient conduite. Mais les Bethsamites jetèrent volontairement sur elle des regards indiscrets, soit qu’elle n’eut plus ses voiles, soit qu’ils eussent eu la témérité de les soulever. Un certain nombre de Bethsamites payèrent de leur vie cette irrévérence. Les survivants envoyèrent alors dire aux gens de Cariathiarim de venir chercher l’arche. I Reg., vi. Ceux-ci arrivèrent, et, instruits par l’expérience de leurs voisins, se comportèrent avec plus de respect. On ne voulut pas, sans une révélation spéciale, reconduire l’arche jusqu’à Silo, et on l’arrêta à Gabaa, colline voisine de Cariathiarim, I Par., xiii, 6 ; on la plaça dans la maison du lévite Abinadab, et on consacra son fils Eléazar pour la garder. Elle resta là pendant vingt ans, I Reg., vii, 1, 2, et Saùl vint l’y prendre pour l’emmener avec lui dans la guerre contre les Philistins. I Reg., xiv, 18.

Après avoir battu à son tour ces irréconciliables ennemis, David voulut retirer l’arche de sa demeure provisoire, afin de la placer à Sion, le siège de sa puissance. Pendant près de trois siècles, elle avait été à Silo, sous la garde de la tribu d’Éphraïm, alors prépondérante. Avec David, la suprématie politique passait à la tribu de Juda, à qui la prophétie de Jacob promettait de si glorieuses destinées. Il importait que le centre religieux ne fut pas distinct du centre politique. Les veaux d’or érigés à Béthel et à Dan ne montrent que trop ce qu’on eut fait à Silo, si l’arche y eût résidé encore au temps de Jéroboam. David se rendit à Gabaa avec les hommes de Juda, et fit placer l’arche sur un chariot neuf, que dirigeaient Oza et Ahio, fils d’Abinadab ; le roi et ses hommes jouaient des instruments dans le cortège. À un moment, un faux pas des bœufs fit vaciller l’arche, et Oza étendit la main pour la soutenir. Il fut aussitôt frappé de mort, sans doute parce que, bien que lévite, il s’était arrogé un droit qui n’appartenait qu’aux descendants de Caath. Xum., iii, 31. Cet accident effraya David, qui laissa l’arche dans la maison d’Obédédom le Géthéen, probablement dans le voisinage de Jérusalem. Elle y devint une source de bénédictions pour toute la maison où elle résidait. Au bout de trois mois, le roi vint la reprendre, et en fit la translation