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ARCHE D’ALLIANCE

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qu’on ne peut voir, sans qu’il y eût péril de confondre jamais le symbole matériel avec la divinité spirituelle. Bossuet explique en ces termes le rôle de l’arche : « Depuis que Dieu s’est fait un peuple particulier, à qui il a donné une loi et prescrit un culte, sa présence s’est tournée en chose ordinaire, dont il a établi la marque sensible et perpétuelle dans l’arche d’alliance. La présence de Dieu se rendait sensible par les oracles qui sortaient intelligiblement du milieu de l’arche, entre les deux chérubins. L’arche, en cet état, était appelée l’escabeau des pieds du Seigneur, I Par., xxviii, 2 ; on lui rendait l’adoration qui était duo à Dieu, conformément à cette parole : Adorez

vercle » et « ce qui couvre le péché, ce qui rend propice ». Le premier sens est ici très secondaire, et les versions ont avec raison adopté le second : Septante : îXairriipiov ; Vulgate : propitiatorium. L’or très pur dont cet objet devait être fabriqué indiquait d’ailleurs qu’il ne pouvait être un simple couvercle. Sur le propitiatoire étaient deux Chérubins d’or martelé, un de chaque côté, étendant leurs ailes horizontalement, de manière à couvrir le propitiatoire. Le mot « Chérubin » a différents sens dans la Bible. Bien que d’origine sémitique, il désigne ici des figures qui ont sans doute plus d’analogie avec les divinités ou personnages ailés d’Egypte qu’avec les kirubi à ailes d’aigle

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241. — Barque sacrée portée en procession. D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. iii, pi. 189.

l’escabeau de ses pieds, Ps. xcviii, 5, parce que Dieu y habitait et y prenait sa séance. » Élév. sur les myst., IXe sem., 8. Jusqu’à sa disparition, l’arche garda cette haute signification.

II. Description de l’arche. — C’était un coffre fabriqué selon les prescriptions du Seigneur lui-même. Exod., xxv, 10-2-2. Il était en bois de setim, c’est-à-dire d’acacia. Voir Acacia, col. 103. Les dimensions sont indiquées en coudées : deux et demie pour la longueur, soit de l m 30 à l m 40 ; une et demie pour la largeur et autant pour la hauteur, soit de m 78 à 1° 84. Des plaques d’or très pur la revêtaient à l’intérieur et à l’extérieur, et une bordure saillante ou guirlande de même métal régnait tout autour. Aux quatre angles, et vraisemblablement vers le haut, étaient fixés des anneaux d’or sur les deux faces latérales ; dans ces anneaux entraient des perches d’acacia revêtues d’or, au moyen desquelles on portait l’arche. Ces perches restaient là à demeure, même dans le Saint des saints du temple de Salomon. III Reg., viii, 7, 8.

Pour couvrir l’arche, le Seigneur ordonna de fabriquer un kappôrét, mot qui signifie étymologiquernent « cou d’Assyrie. Les Chérubins de l’arche étaient des personnages probablement debout, comme furent plus tard ceux du Saint des saints. II Par., iii, 13. Fr. Lenormant, Origines de l’histoire, t. i, p. 158, pense qu’ils avaient des têtes d’aigles ou de vautours, parce que ces oiseaux sont appelés kurub en assyrien. Mais cette idée est inacceptable. De grands oiseaux d’or eussent rappelé trop vivement les divinités égyptiennes à tête d’ibis ou d’épervier, tandis que la figure humaine pouvait exprimer le respect et l’adoration, et, avec les grandes ailes, représenter sans danger d’idolâtrie les anges, serviteurs de Jéhovah. Ces figures de Chérubins furent la seule exception apportée à la loi qui défendait de faire des images taillées. Mais cette exception ne pouvait créer de difficulté, parce qu’elle était ordonnée de Dieu même, et que l’arche était toujours voilée aux yeux du peuple. Voir Chérubins.

Nous donnons ici deux essais de reconstitution d3 l’arche d’alliance, d’après les données bibliques et les monuments égyptiens. Il est évident en effet qu’on ne peut emprunter qu’à ces derniers les éléments figurés de cette reconstitution. Les ouvriers hébreux du désert