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ARC-EN-CIEL — ARCHE D’ALLIANCE

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grandes que Anou (le ciel) a failes comme leur gloire. » Trad. Lenormant, Les origines de l’histoire, t. i, p. 615. Cependant le sens de l’idéogramme rendu par zones n’est pas encore solidement établi. Ajoutons que M. Haupt croit devoir lire ban, l’idéogramme de qastu, « arc, » dans son Excurs sur le récit cunéiforme du déluge inséré dans Sehrader, Die Keilinschriften und das aile Testament, , 1883, p. 59.

Dans Eccli., xliii, 12-13, l’arc-en-ciel est célébré parmi les autres phénomènes célestes à cause de sa beauté : « Vois l’arc, et bénis celui qui l’a fait. Qu’il est beau dans sa splendeur ! Il entoure le ciel de son cercle de gloire ; les mains du TrèsHaut l’ont ouvert. » Ailleurs, Ezech., I, 28 ; Eccli., L, 7 ; Apoc, IV, 3 ; x, 1, il est pris comme terme de comparaison ou comme ornement dans les descriptions de visions célestes. Dans l’Apocalypse, il est désigné par son nom grec, tpi ; , qui a été simplement transcrit dans le latin. J. Thomas.

ARCHAÏSMES. Il y a dans les plus anciens livres de la Bible hébraïque un certain nombre de termes, de locutions et de formes archaïques, qui tombèrent plus tard en désuétude. Quelques-unes de ces expressions et de ces formes vieillies furent reprises par quelques écrivains hébreux qui, comme Ézéchiel, par exemple, s’efforcèrent d’imiter le style des auteurs plus anciens. L'étude de ces formes archaïques peut servir à caractériser le génie propre des auteurs bibliques et servir aussi à montrer l’antiquité de certains écrits. La langue hébraïque a eu une grande stabilité et n’a subi, dans la suite des temps, comme langue parlée ou du moins comme langue écrite, que peu de changements, de même que l’assyrien, qui est resté sensiblement le même dans les plus anciennes inscriptions cunéiformes et dans les plus récentes, quoique les premières soient séparées des secondes par un intervalle d’environ deux mille ans. Cependant, malgré cette fixité, qui est un trait caractéristique des langues des peuples sémites, on remarque, dans le Pentateuque, un certain nombre d’archaïsmes importants. Ainsi le mot 'abîb, désignant « le mois des épis », Exod., ix, 31, etc., n’est usité que dans les livres de Moïse. Le pronom personnel de la troisième personne, sin, hû', t< lui, » y est employé cent quatre-vingt-quinze fois à la forme masculine au lieu de la forme féminine, N>n, hV, « elle, » ce qui n’a point lieu dans les autres livres de l’Ancien Testament. La forme masculine ~i ?2, na’ar, y est aussi employée vingt et une fois pour la forme féminine my : , na’arâh, « jeune fille, » laquelle est seule en usage dans les autres parties de la Bible hébraïque. Quand deux mots sont à l'état construit, comme on l’appelle, c’est-à-dire lorsque un substantif ou un mot employé substantivement a pour complément un autre substantif, le Pentateuque marque quelquefois cette liaison par un yod ajouté au premier mot ; ainsi Gen., xxxi, 39, « vol de jour et vol de nuit » ou « (brebis) volée le jour et volée la nuit » est exprimée par genubti yôm ûgenubti lâyelâh. On ne retrouve plus que de rares vestiges de cette forme antique de construction dans la langue postérieure. Voir F. Vigoureux, Manuel biblique, 7e édit., t. i, n° 247, p. 381 ; Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iii, p. 159.

ARCHANGE fvpxâYY 5 ^ ; ), mot qui signifie « chef des anges », et qui ne se lit que dans le Nouveau Testament, I Thess., iv (15), 16 ; Judæ, 9 ; il était inconnu aux auteurs classiques. Quoiqu’il ne soit pas employé dans l’Ancien Testament, les archanges y sont cependant désignés sous le nom de hasiârîm hârïsônim, « premiers princes, » Dan., x, 13 ; sar haggâdôl, « grand prince, » Dan., xii, 1 ; ou seulement de sar, « prince. » Dan., x, 13, 20. L’archange Raphaël est simplement appelé « ange » dans le livre de Tobie, xii, 15, etc., comme l’archange Gabriel dans l'Évangile de saint Luc, i, 19, 26 (Gabriel est appelé 'ii, « homme, » dans Daniel, ix, 21). Il y a sept

] principaux archanges qui « se tiennent devant le Sei| gneur ». Tob., xii, 15 ; cf. Luc, i, 19 ; Apoc, rai, 2. | Voir Ange, col. 577 ; Gabriel, Michel, Raphaël.

! 1. ARCHE D’ALLIANCE. Hébreu : 'àrôn ; Septante : f, xiêoytG : . À ce mot s’ajoutent ordinairement différents déterminatifs : 'ârôn hâ'êdût, ^ zlômtq ; to-j (iapiu' piou, « arche du témoignage ; » berit Yehôvâh, tïj ; StaSTjxY, ; 

K-jpsov, « de l’alliance du Seigneur ; » habberit, « de l’alliance ; » Yehôvâh, « de Jéhovah. » Ces noms étaient donnés à l’arche, d’abord parce qu’elle contenait les tables de la loi, qui étaient le témoignage de la volonté divine et de la soumission promise par le peuple ; ensuite parce qu’elle était elle-même la marque visible de l’alliance contractée entre le Seigneur et Israël ; enfin parce qu’elle servait de trône à l’invisible divinité.

I. Sa raison d'être. — Les Hébreux avaient été en contact pendant plusieurs siècles avec les Égyptiens idolâtres. Ils avaient vu sur les bords du Nil les représentations multiples des plus étranges divinités. Ils s'étaient familiarisés avec le spectacle de ces dieux et de ces déesses d’or, d’argent, de pierre ou d’argile, portant des têtes d’homme, de singe, de bélier, de chacal, d'épervier et d’autres animaux. Ils avaient été témoins de ces fastueuses processions dans lesquelles on promenait les images des dieux ou les emblèmes sacrés (fig. 241). Ces objets vénérés étaient cachés, ou quelquefois placés à découvert, dans un petit naos ou temple d’or, d’argent ou de bois précieux. Un de ces’petits naos de bois se trouve au musée des antiquités de Turin. Le naos était ordinairement placé sur une bari, ou barque sacrée, de même forme que celles qui naviguaient sur le Nil. La barque était ornée d’emblèmes religieux, et parfois de personnages divins qui abritaient le naos de leurs longues ailes étendues (fig. 242). Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii, p. 524.

Au milieu d’une nation si profondément plongée dans toutes les pratiques de l’idolâtrie, Dieu avait conservé au sein de son peuple les traditions du monothéisme spiritualiste. Quand ce peuple se trouva assez nombreux, et suffisamment formé pour être constitué en nation distincte, Dieu le tira d’Egypte et l’emmena au désert. Les merveilles qui avaient accompagné la sortie d’Egypte soutinrent d’abord son courage. Mais dans l’isolement du désert, pendant que Moïse était sur le Sinaï, les Hébreux se sentirent comme abandonnés, et ils réclamèrent un dieu sensible, qui frappât leurs yeux, à qui ils pussent faire honneur de leur délivrance, et dont la protection assurât leur avenir. Exod., xxxii, 1, 4. Aaion leur fabriqua un veau d’or, à l’imitation de l’Apis égyptien. Il y avait quelque chose de légitime dans la réclamation des Hébreux ; ils avaient hesoin d’une représentation sensible qui leur rappelât sans cesse la présence de la divinité attentive à leurs besoins. Dieu le savait, et même avant leur acte de coupable idolâtrie, Exod., xxv, 10-22, il s'était proposé de leur donner un signe sensible de sa présence, mais sous une forme qui ne pût éveiller aucune idée idolâtrique ni même anthropomorphique. Il commanda de faire l’arche. L’arche est une imitation du naos égyptien, l’objet dont on pouvait le plus facilement exclure tout souvenir idolâtrique. C’est un 'ârôn, un coffre destiné à garder les objets ; ce n’est pas une (êbâh, comme l’arche de Noé ou la nacelle dans laquelle Moïse enfant fut déposé, Gen., vi, 14 ; Exod., ii, 5 ; ce n’est pas non plus une barque sacrée : elle ne rappelle en rien la bari égyptienne, qui ' était le véhicule des dieux et des morts sur le Nil céleste.

: La « barque de Iahvé », dont aiment tant à parler les ratio ! nalistes, n’existe donc que dans leur imagination. Ensuite

l’arche, comme nous allons le voir, ne renfermait et ne

! portait aucune image de la divinité ; elle était seulement
; le signe de la présence divine et le lieu où se manifestait

I cette présence. C'était donc comme une sorte de sacre ! ment, révélant par sa réalité visible la présence de celui