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PRÉFACE

M. Le Hir entrer en scène pour briser entre les mains des nouveaux critiques l’arme dont ils prétendaient se servir contre nous. Malheureusement M. Le Hir, vrai puits de science, arrivait trop tard. Sa modestie l’avait toujours empêché de rien publier. Trop encouragé dans cette pieuse réserve par M. Carrière, doué d’ailleurs d’une mémoire prodigieuse, il écrivait peu et gardait sa science pour quelques initiés. Sa mort prématurée mit fin à nos espérances. Heureusement il avait, comme Élie, laissé son manteau à un disciple de son choix, que Dieu avait préparé à continuer l’œuvre du maître. Tout le monde connaît le succès des publications de M. Vigouroux. Elles répondaient à un besoin réel ; c’était une ère nouvelle qui commençait pour l’apologétique chrétienne. Nous n’avons à faire l’éloge ni de La Bible et les découvertes modernes, ni des Livres Saints, ni des Mélanges, ni du Manuel biblique ; ils sont dans toutes les mains studieuses. Il manquait à M. Vigouroux de nous donner un Dictionnaire de la Bible. Il vient de combler cette lacune, grâce au concours très apprécié de nombreux et très intelligents collaborateurs.

IV
UTILITÉ D’UN DICTIONNAIRE DE LA BIBLE

Ce qu’il doit être. — Le rapide exposé qui précède laisse deviner la somme prodigieuse de travail qu’exigerait une connaissance complète des questions scripturaires : histoire sacrée et profane, linguistique, chronologie, géographie, ethnographie, biographie, botanique, arts mécaniques et industriels, usages, croyances, théologie ; c’est presque l’infini. Par là aussi on devine l’utilité, la nécessité même d’un Dictionnaire de la Bible. Nous savons qu’un dictionnaire ne saurait remplacer un commentaire, mais tout le monde n’a ni le loisir ni la préparation suffisante pour aborder l’étude d’un commentaire étendu ; et puis, il faut bien le dire, nous n’avons pas, en français, de commentaire qui réponde aux exigences et aux besoins actuels. Les malheurs de la révolution ont presque ruiné en France les études bibliques, déjà assez faibles au XVIIIe siècle, et nous nous relevons à peine de nos ruines. On est vraiment tenté de faire un respectueux reproche à notre illustre Bossuet de sa sévérité d’inquisiteur à l’égard de Richard Simon, dont les hardiesses et les erreurs ne méritaient pas toutes les superbes colères du savant évêque. Les conclusions de R. Simon sont très contestables, quelques-unes complètement fausses, mais sa méthode était bonne. Il fallait la garder et ne < pas envelopper le tout dans le même anathème. Le résultat le plus clair de la saisie des exemplaires de l’Histoire critique exécutée par la Reynie, à la demande de Bossuet, fut de laisser aux mains de nos adversaires la méthode critique, cette arme à deux tranchants dont ils ont été les seuls à se servir, et que nous n’avons appris à manier qu’il y a quelques années.

Enfin, eussions-nous le commentaire français le mieux au courant de la science scripturaire, trouverait-il beaucoup de lecteurs ? Tous n’ont pas pour cette étude de loisirs suffisants ni d’aptitudes spéciales. Avec le peu de temps dont nous disposons,