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ARABIE — ARACÉENS

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été un gouverneur babylonien. Quelque temps après, le nouveau gouverneur de Souhi, Schadoudou, ayant reçu du secours du roi de Babylonie (nommée alors « pays de Kardouniyasch » ), tenta une résistance qui finit par la soumission et la ruine totale du pays. Sous Salmanasar II (860-845), le chei de "Yasbaq (p2^7>), Bour-Anaté, fut

fait prisonnier dans une bataille livrée à plusieurs rois de la Syrie septentrionale et de la Cilicie. Plus tard, les Assyriens, vainqueurs à la bataille de Karkar, en Hamathène, enlèvent mille chameaux au chet arabe Gindibou. Le prestige des armes assyriennes rend tributaires de Théglathphalasar III (845-827) tous les rois de la Syrie, depuis l’Euphrate jusqu'à l’Egypte. Les tribus du désert suivent ce mouvement et envoient des présents au monarque ninivite, qui comprend tout de suite le parti qu’il peut tirer de ces agiles vassaux contre un retour offensit de l’Egypte. Le passage qui raconte cette soumission est très intéressant, malgré son état de mutilation : « …Les hommes de Mas’a, deTeima, de Sab’a, de Hayapa, de Badana (aujourd’hui Béden)…, dont personne ne connaissait le nom et qui demeurent au loin, (ayant entendu [?]) la gloire de ma royauté, (m’envoyèrent) tous ensemble leur tribut en chameaux, chamelles et plantes aromatiques de diverses espèces. J'établis les Idibi’li comme gardiens du pays d’Egypte, et dans tous les autres pays ( dont je fis la conquête je plaçai des tribus arabes pour en taire la garde). » La dernière phrase restituée cadre bien avec le sens général de la narration, et sera confirmée par un lait analogue dont il sera question tout à l’heure. La prise de Damas et la transportation des tribus israélites du nord de la Palestine mirent les Assyriens presque en contact avec les Arabes du Hauran, qui étaient gouvernés alors par la reine Zabibiéh. Le tribut que cette reine envoya à Théglathphalasar III consistait, outre les chameaux, les chevaux et autres animaux domestiques, en or, en argent, en plomb, en étofles teintes de pourpre (arjomannu = pnx) et d’hyacinthe ( takiltu = rtan), en

selles de couleur pourpre (article que les Dedàn exportaient sur le marché de Tyr, Ezech., xxvii, 20), en oiseaux à plumage éclatant, en peaux de bœufs de montagne (cf. juc t-i » 3N, Ps. xxli, 13), en poutres de chêne (cf. tai^a

pran, Is., Il, 13, etc.). Après la mort de Zabibiéh, la reine

Samsiéh, qui lui succéda, s'étant engagée dans une tentative d’insurrection fomentée par l’Egypte, fut ramenée à l’obéissance et obligée de payer une lourde rançon.

Sargon II (722-705), qui mit fin au royaume d’Israël en 721, remporta une grande victoire sur les tribus méridionales de Tamoud (les 2'hamydeni des géographes classiques, le peuple fabuleux des Thémoùd, dans le Koràn), d’Ibadid, de Marsiman et de Hayapa, qu’il établit en partie en Samarie, évidemment dans le but de surveiller les pays voisins. On ne trouve nulle part la mention de la marche de Sargon dans l’extrême sud de l’Arabie déserte ; la victoire dont il s’agit paraît plutôt due à un vassal fidèle limitrophe de ces tribus, probablement au roi de l’Idumée, dont les possessions englobaient plusieurs oasis ismaélites. Les colons arabes disparurent presque aussitôt devant les colonies plus nombreuses des gens originaires des pays de l’est, II (IV) Reg., xvii, 24 ; quelques familles arabes s’y perpétuèrent néanmoins jusqu'à l'époque perse, où nous trouvons l’Arabe Geschem ou Gaschmou faisant cause commune avec les ennemis des Juifs rapatriés. I Esd., H, 19 ; iv, 1 ; vi, 1, 6. Après cet acte de répression, Sargon reçut le tribut de Samsiéh, reine du Hauran, et d’It’amara, roi de Saba, et la tranquillité de l’Arabie se maintint pendant le reste de son règne et durant le règne de son successeur Sennachérib (705-681), qui étouffa sans grand effort la révolte d’Hazaël, roi d’Arabie, qui avait succédé à Samsiéh ; à cette occasion, la ville forte d’Adoumou fut pillée et ses dieux furent transportés à Ninive. A l’avènement d’Asarhaddon (681-668), Hazaèl, à force de


présents et de supplications, obtint la restitution des statues divines ; mais le grand roi y fit graver les louanges des dieux assyriens, ainsi que son propre nom. La royauté réelle de l’Arabie (ut donnée à une princesse nommée Taboua, élevée au palais royal. Hazaël mourut peu de temps après ; le monarque assyrien nomma roi le fils d’Hazaël, Yaiou, qui fut tenu de payera l’Assyrie, outre le tribut ordinaire, une surcharge annuelle de deux mines d’or, mille pierres biruti, cinquante chameaux et mille grains (?) d’encens (?). Asarhaddon se rendit après cela dans le district éloigné de Bazou, visiblement le Buz des Hébreux, Gen., xxii, 21 ; Jer., xxv, 23, peut-être le Nadjd ou Djebel Schammar actuel. Des nuit chefs ou dynastes qui gouvernaient la contrée, un seul put s’enfuir ; l’oasis fut dévastée et ses divinités emportées. Au retour de l’armée assyrienne, le huitième chei, qui était en tuite, vint à Ninive pour implorer le pardon du vainqueur. Asarhaddon le nomma roi de Bazou, et lui rendit les statues qu’il avait prises après y avoir tait graver son propre nom.

Une tentative pour secouer le joug de l’Assyrie, sous le règne d’Assurbanipal (668-626), amena un terrible désastre sur l’Arabie. Lors de la révolte de son frère SamaSSoum-oukin ou Samugnès, roi de Babylonie, les Arabes envoyèrent des troupes auxiliaires à celui-ci, et firent en même temps des razzias dans les pays syriens, afin d’occuper les garnisons assyriennes échelonnées le long du désert. Après avoir pris Babylone et ruiné la Susiane, qui s'était ralliée à la révolte, Assurbanipal décida de châtier les Arabes. Les troupes assyriennes, ayant chassé les pillards, envahirent aussitôt l’Arabie. Le roi Ouaïté eut peur et s’entait chez les Nabatéens ; le roi de Cédar, Ammouladi, fut pris dans la Moabitide avec Adiya, l'épouse d’Ouaïté, et transporté en Assyrie. À la place d’Ouaïtë, Assurbanipal nomma Abyaté', fils de Tè'ri, un des généraux des auxiliaires arabes de Samughès, qu’il croyait favorable à l’Assyrie ; mais celui-ci ne tarda pas à se rallier aux Nabatéens, qui lui envoyèrent des secours. Assurbanipal alla à leur rencontre à travers le terrible désert de Mas', défit les Isammé (Ismaélites[?]) et les Nabatéens, et fit prisonniers les chefs arabes avec leurs familles. À son retour à Damas, les Arabes prirent de nouveau l’offensive, espérant que la fatigue empêcherait le vainqueur de recommencer une nouvelle expédition ; mais l’infatigable monarque rebroussa chemin et atteignit les Arabes dans l’Auranitide. Ceux-ci furent écrasés dans une grande bataille : les fuyards périrent de soit ; les autres furent transportés en Assyrie avec un butin immense et d’innombrables chameaux. L’Arabie demeura presque anéantie pendant un demi-siècle.

3° À partir de ce moment les textes cunéiformes se taisent sur les événements de l’Arabie, mais nous savons par la Bible que Nabuchodonosor, après avoir détruit les royaumes de Juda, d’Ammon, de Moab et d'Édom, dévasta également les oasis éloignées de Cédar, de Haçor, de Théma et de Dedan. Jer., xxv, 23, 24. Ces ravages amenèrent la disparition des peuplades trop réduites et leur fusionnement avec des tribus moins atteintes. Les Nabatéens, peu entamés par les invasions des Assyriens et des Chaldéens, devinrent dès lors la nation principale de l’Arabie ; les Cédar, réduits désormais au rôle de satellites, se rallièrent indissolublement aux Nabatéens, sous le nouveau nom de Salamiens. Ainsi fortifiés, les Nabatéens remontent au nord aussitôt après le départ des Chaldéens, et au commencement de la domination perse on les trouve déjà établis à Pétra, l’ancienne capitale des Iduméens.

4° À l'époque grécoromaine, la Nabatée devient un royaume puissant, renfermant les territoires de Moab et d’Ammon, parfois même l’Arabie et la Damascène ; mais cette histoire est déjà éloignée de l'époque biblique.

J. Halévy.

    1. ARACÉENS##

ARACÉENS (hébreu : Hâ'arqî ; Septante : à 'ApouxaTo ;  ; Vulgate : Aracxus). Nom donné à un rameau de la famille chananéenne qui habitait la ville d’Arca, au

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