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ARABES (VERSIONS) — ARABIE


fut faite en Syrie par’Abhdîsô, métropolitain de Nisibe (-j- 1318). Cette version est mentionnée dans le manuscrit arabe 58 de la Bibliothèque nationale. (Voir de Slane, Catalogue, p. 13.) Elle a servi de base aune autre version littéraire faite par un Maronite, Ja’qùb ad-Dibsi, en 1691. Elle se trouve dans le manuscrit arabe 58, dont nous venons de parler, et, dit-on, aussi dans un manuscrit qui est à Alep. Cette dernière version n’est pas rimée. Une autre version littéraire se trouve dans trois manuscrits, deux d’Oxford, Bodl., xv et xxix, et un de Milan, Ambros. E. 95, sup. Elle se rapproche de la version des mss. Borg., k. ii, 6 ; Leyde, 2376 et 2377 ; Vatic. ar., 467, dont nous avons déjà parlé plus haut (A.). Cette version remonte au moins au xme siècle, le Cod. bodl. xxix étant de l’an 1256.

F) Nous traiterons ici de deux versions très différentes de toutes les autres, qui se trouvent dans deux manuscrits, Londres, Brit. Muséum, xiii, et Munich, 238. Ce dernier a été copié sur un manuscrit de l’an 1145. La version qu’il contient se trouve aussi dans un manuscrit des archives de la cathédrale de Léon. Une note qui se lit dans le manuscrit de Londres et dans celui de Munich dit que cette traduction fut faite, en 946, par Isaac Velasquez de Cordoue. Ces manuscrits sont écrits en caractères maugrébins ; ils contiennent l’introduction aux Évangiles dite de saint Jérôme, les chapitres sont divisés plus à l’occidentale qu’à l’orientale. Comme le remarque M. Guidi, ce groupe de manuscrits fait penser à la version de Jean de Séville, dont nous avons déjà parlé, et qui était, diton, traduite de la Vulgate. M. Guidi observe que la version des trois manuscrits en question semble se rapprocher plus de l’Italique que de notre Vulgate.

Nous devons ici dire un mot des différentes hypothèses que l’on a émises sur l’origine de l’édition princeps des Évangiles, publiée à Rome en 1591. Richard Simon, sans la critiquer aussi vivement que l’édition de 1671, observe qu’elle a « été retouchée en quelques endroits sur notre édition latine ». Davidson, À irealise on biblical criticism, t. ii, p. 222, bannit avec dédain du domaine de la critique cette édition « faite sur la Vulgate ». Il ne fait d’ailleurs pas plus de cas de l’édition d’Erpenius, qui n’est, dit-il, que la réimpression de la même version d’après un manuscrit de Leyde ( ! ). D’un autre côté, Juynboll, dans sa description d’un manuscrit arabe de Franeker (publiée en 1838), a remarqué que ce manuscrit suit l’édition de 1591, et que l’un et l’autre étaient conformes à la Vulgate, en sorte qu’on ne saurait accuser l’éditeur Raimondi d’avoir retouché la version arabe sur la Vulgate, le manuscrit dont il s’est servi pouvant être du même genre que celui de Franeker. — Juynboll identifie ensuite son manuscrit et l’édition princeps avec la version de Jean de Séville. Ce dernier point fut contesté par Gildemeister, dans ses communications à Tischendorf. (Tischendorf, Novum Testamenlum grsece, édit. de 1859, Proleg., p. ccxxxix.) Quoi qu’il en soit, il ne serait pas impossible que le manuscrit de Franeker appartînt à la même famille que ceux de Londres, de Munich et de Léon ; et ces trois derniers prouvent bien qu’il y a eu au moins une version arabe faite en Espagne sur un texte latin.

2° Versions arabes des Actes, des Épitres et de l’Apocalypse. — On n’a pas encore suffisamment étudié l’histoire des versions de cette partie du Nouveau Testament, on se contente de dire d’une manière un peu vague qu’elles sont dérivées du syriaque. Mais il est bien probable qu’une étude judicieuse des manuscrits conservés dans les différentes bibliothèques d’Europe conduirait à des résultats analogues à ceux auxquels M. Guidi est arrivé pour les Évangiles. Les Actes des Apôtres et les Épitres, celles de saint Paul surtout, étaient trop lues dans les Églises d’Egypte et de Syrie pour que des traductions privées ou canoniques n’en aient pas été faites à plusieurs reprises. On trouvera l’indication des manuscrits à utiliser dans les catalogues des grandes bibliothèques.

Je me contenterai de citer ainsi un manuscrit du IXe siècle, conservé à Leipzig. Cf. Tischendorf, Anecdota, Leipzig, 1861, p. 13. — Les Actes, les Épitres et l’Apocalypse se trouvent : 1. dans l’édition d’Erpenius, Leyde, 1616, que nous avons déjà citée plusieurs fois, et dans la réimpression de Londres, 1829 ; — 2. dans les Polyglottes de Paris et de Londres ; — 3. dans l’édition carchouni de Rome. 1703, et dans sa réimpression, Paris, 1824 ; — 4. dans l’édition complète de Rome, 1671, et sa réimpression à Londres, 1820. — Ont été publiés séparément les livres suivants : 1. Les Actes des Apôtres, par D.-J.-H. Callenberg, Halle, 1742. — 2. L’Épître aux Romains, par Erpenius, Leyde, 1616. — 3. La même, par Callenberg, Halle,

1741. — 4. L’Épître aux Hébreux, par le même, Halle,

1742. (Les éditions da Callenberg ne sont que des réimpressions de la Polyglotte de Londres.) — 5. L’Épître aux Galates, d’après un manuscrit d’Heidelberg, Heidelberg, 1583. — 6. L’Épître à Tite, avec traduction latine interlinéaire par Jean Antonidas, 1612. — 7. Les Épîtres des saints Jacques, Jean et Jude, en arabe, éthiopien et latin, par Nisselius et Petrseus, Leyde, 1654. — 8. Les Épîtres de saint Jean, par Raphelenge, Leyde, 1612. — 9. L’Épître de saint Jacques, avec traduction latine par Nicolas Panecius, Wittenberg, 1694. — 10. Les Épîtres de saint Jean, par Jonas Hambrœus, in-16, Paris, 1630. — 11. L’Épître de saint Jude, d’après un ancien manuscrit d’Heidelberg, in-f », Breslau, 1630.

Voici enfin quelques autres éditions faites par les soins des sociétés bibliques protestantes. 1. Tout le Nouveau Testament, traduit par Sabat, revu par Thomason, Calcutta, 1816. Réimprimé à Londres en 1825, sous la direction de Lee, et à Calcutta, 1826, sous celle de Thomason.

— 2. Le Nouveau Testament publié par Salomon Negri, aux frais de la Society for promoling Christian knowledge. C’est une réimpression de la Polyglotte de Londres, avec modifications par l’éditeur ; Londres, 1827. — Enfin on trouvera encore le Nouveau Testament dans les éditions complètes de la Bible, catholiques ou protestantes, dont nous avons parlé à propos de l’Ancien Testament.

Voir Storr, De Evangeliis arabicis, Tubingue, 1775 ; Gildemeister, De Evangeliis in arabicume simplici syriaca Iramlatïs, Bonn, 1865 ; Richard Simon, Histoire critique des versions du Nouveau Testament, chap. xviii ; Holzmann, Lehrbuch der histor. kritischen Einleit. in das Neue Testament, Fribourg-en-Biisgau, 1886.

H. Hvvernat.

    1. ARABIE##

ARABIE (hébreu : an ?, anv, ’ârab, ’ârâb), pays situé

à l’est et au sud-est de la Palestine, et composé en grande partie de déserts parsemés de petites oasis plus ou moins fertiles. L’étymologie de ce nom est incertaine. On ne saurait guère penser à a" ! 7, ’dréb, « doux, agréable ; » mais

plutôt à nanv, ’ârâbàh, « pays plat, plaine déserte. » Ce

nom géographique ne figure dans aucun livre biblique antérieur au vme siècle avant J.-C. La première mention en est faite dans Isaïe, xxi, 13 ; celle de l’adjectif >a~y, ’ârâbi, « Arabe, » se trouve pour la première fois dans Isaïe, xiii, 20, avec le sens d’  « habitant du désert » et de « nomade ». Dans les annales assyriennes, on constate le même sens pour Aribi ou Aribàa ; un chef arabe du nom de Gindibû a combattu avec beaucoup d’autres rois syriens contre Théglathphalasar II à la bataille de Qarqar, dans l’Hamathène.

I. Géographie. — L’Arabie de l’époque biblique et assyro-babylonienne ne comprenait ni la péninsule sinaïtique, appelée plus tard Arabie Pétrée, ni la plus grande partie de la péninsule arabique que les géographes grecs ont nommée Arabie heureuse. Cette dernière contrée porte dans la Genèse le nom général de « pays de Kousch », c’est-à-dire d’Ethiopie, nom qui s’est transmis aux Grecs, lesquels appliquent également à l’Arabie heureuse la dénomination d’Ethiopie orientale. L’Arabie biblique, au sens